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À l'été 2017, Rose et son père louent un chalet à l'île Verte, dans le Bas-Saint-Laurent. Pour Paul, ce sont de premières vacances père-fille. Après un passage à vide sur le plan personnel, une fatigue professionnelle et le décès de ses parents, il sent le besoin de faire le point. Dans ce havre de paix, propice aux réflexions, Paul amorcera un nouveau chapitre de sa vie.
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Cet automne, l’auteur et illustrateur montréalais Michel Rabagliati offre une escapade au milieu du presque rien avec son livre illustré Rose à l’île publié aux éditions de la Pastèque. Un ouvrage pudique et poétique qui confirme le talent de cette figure incontournable de la bande dessinée du Québec.
A l’été 2017, Rose et son père Paul partent en vacances pour la première fois. Dans quelques jours, elle aura vingt-trois ans et compte bien fêter cela en pleine nature dans le Bas-Saint-Laurent, à l’île Verte, où ils ont loué un chalet. Ici, tout est différent, pas de boutiques, de restaurants ou de station-service, juste quelques âmes et un phare. Comme si le temps avait préservé le lieu de l’avènement des buildings et de l’agitation des villes. Dans cet espace particulièrement sujet aux grandes réflexions, Paul fait le point sur sa vie.
Elle a une « forme d’amande », s’étend sur douze kilomètres et deux de large, l’esprit du père Henri Nouvel semble s’y promener un peu partout… L’île Verte est un havre de paix où les personnages de Michel Rabagliati prennent ancrage. Cette fois, pas de bande dessinée mais un livre illustré car « la forme s’est imposée par elle-même ». Au crayon à papier, il esquisse Rose, son chapeau et ses robes à fleurs vintages ainsi que Paul, mythiquement connu dans l’œuvre de l’auteur, « vidé ben raide » par les festivals de BD et la mort de son père. Si la nature y est illustrée aérienne, soumise aux vents fugaces qui lèchent les eaux du fleuve, elle est aussi une porte ouverte et bienveillante vers la réflexion des personnages.
Tout un monde de souvenirs s’ouvre à Paul, faisant surgir avec lui la douleur de l’absence et la complexité du deuil par la figure de ce père, évoquant des anecdotes de vie et cet étrange manuscrit, Walter mon ami imaginaire, écrit jusqu’à ce que sa santé se dégrade. Celles-ci s’entremêlent de pensées intemporelles et philosophiques sur le métier d’artiste de Paul : « C’est une question, ça : est-ce que le contenu de la valise d’un créateur est limité ou bedon il peut continuer à produire des œuvres toute sa vie ? ». Le temps semble avoir ralenti dans cet espace coupé de tout pour renouer petit à petit avec l’essentiel, le vivant et les rencontres inattendues qui parsèment l’existence.
La résilience se loge entre chaque mot, chaque illustration et chaque bruissement de feuille sur le sentier où même quelques notes d’accordéon et l’écriture de Houellebecq y trouvent une place. Au charme de la nature s’associent ces deux entités dont les liens se solidifient au fil des pages, l’amour indicible d’un père pour son enfant et ce souffle de vie plus fort que les affres du passé. Malgré toute la mélancolie que cela peut suggérer parfois, ce grand paysage visuel et émotionnel est un havre de paix orné de la plus grande introspection, une réussite.
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