De la figure antique de Prométhée à celles de Faust ou de Frankenstein, la science n'a cessé de poser le problème éthique de ses limites, suscitant au cours des temps, des conflits entre les savants et des hiérarchies religieuses ou politiques s'érigeant en gardiens de la morale. À partir de la Renaissance, on a vu se développer en revanche une sorte de culte de la science, avec l'affirmation du principe de liberté totale d'expérimentation et de recherche. Lié à l'idéal républicain et à l'idée de progrès, ce culte a atteint son apogée à la fin du XIXe siècle. Il n'en va pas de même aujourd'hui. Alors que les sociétés contemporaines sont bouleversées par les multiples usages des nouvelles technologies de l'information et de la communication, une convergence de découvertes révolutionnaires a, entre -temps, ébranlé le bel optimisme de jadis, la science se trouvant, comme l'écrivait déjà Paul Valéry au lendemain de la Première Guerre mondiale, « déshonorée par la cruauté de ses applications ». Dans le cas du nucléaire, comme dans celui de la génétique, c'est la responsabilité des savants face aux générations à venir qui se trouve désormais en cause. Et l'alarme est cette fois donnée non pas de l'extérieur, mais par les chercheurs eux-mêmes. Beaucoup sont en quête de méthodes et d'orientations permettant d'éviter à la fois l'emballement scientifique tous azimuts et un rejet global capable de mener à des réactions purement conservatrices. C'est à cette inquiétude et aux formes qu'elle prend dans la
société actuelle qu'est consacré cet ouvrage, fruit d'une coopération entre deux auteurs aux profils et parcours différents : une journaliste et un physicien participant à diverses instances de réflexion éthique collective.
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