L'exiguïté nouvelle d'une planète enrobée dans des réseaux de communications a fait passer l'humanité du rêve à la réalité. Mais alors que dans les siècles passés, on prophétisait son avènement dans la réconciliation des nations, on la découvre dans la tragédie. Emergeant de la brume des songes, l'humanité est née de sa mortalité. On la croyait immortelle, survivant aux civilisations mortes. Or la voici menacée à son tour. Empêtrées dans leurs conflits, les nations parviendront-elles à affronter un destin commun commandé par la croissance désordonnée de la démographie, la dégradation de la biosphère, la course aux armements de destruction massive ? Une fois entrée dans l'Histoire, l'humanité continue à hanter l'imaginaire à travers des représentations, celles des idées, des images, du langage, alertée par l'imprévu et la rapidité des événements. La fin de la guerre froide a fait espérer que la paix, consolidée dans le Nord, allait s'étendre au Sud. Or le démantèlement de l'Empire soviétique, la libération des pays de l'Est s'accompagnent des retrouvailles du nationalisme, cependant que l'Afrique stagne dans la misère et les guerres et que le Moyen-Orient continue ses autodafés. Au début du prochain millénaire, la population du Nord sera d'un milliard, celle du Sud de quatre. A supposer éteintes les idéologies, l'affrontement des cultures risque d'atteindre une virulence sans précédent : la proximité éloigne le prochain. Comment l'imaginaire des nations réagit-il aux défis d'une humanité en quête de restructuration ?
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