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«Je marchais à pas lents de bout en bout dans la Maison, et la traîne de fourrure me suivait comme un lourd serpent louvoyant. Bêtes fauves, bois de camphre, pin qui brûle et pain qui fume, j'emplissais la Maison de chaleur et de lumières. J'en étais la force vitale, l'organe palpitant dans un thorax de charpentes et de pignons.»Hantée par un âge d'or familial, une femme décide de passer toute son existence dans la grande maison de son enfance, autrefois si pleine de joie. Pourtant, il faudra bien, un jour ou l'autre, affronter le monde extérieur. Avant de choisir définitivement l'apaisement, elle nous entraîne dans le dédale de sa mémoire en classant, comme une aquarelliste, ses souvenirs par saison. Que reste-t-il des printemps, des étés, des automnes et des hivers d'une vie?
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Isadora est maintenant une vieille femme, en EHPAD, entre passé heureux et présent douloureux...
Le Prix Orange du Livre 2023 dévoile sa liste
Quatre saisons dans La Maison
Isadora est une vieille dame, aujourd'hui dans un établissement de repos. Sa vie, elle l'a passée à La Maison, ce lieu extraordinaire qu'elle n'a jamais pu quitter. Elle retrace sa vie, nous parle de sa famille, de toutes ses années passées dans son antre, son royaume, son havre de paix.
Si vous n'êtes pas fans des romans contemplatifs, passez votre chemin. En revanche, si vous appréciez les romans remplis de poésie et de douceur, je suis prête à parier que celui-là saura vous conquérir.
La Maison d'Isadora, je l'ai vue, je l'ai parcourue, j'en ai poussé les portes et entendu les sols craquer sous mes pas. J'ai épié Louisa en train de se maquiller devant sa coiffeuse, j'ai sursauté aux blagues de Klaus, j'ai couru avec Harriett dans le jardin bleu.
L'autrice a 24 ans et a réussi à écrire un livre d'une sagesse et d'une beauté époustouflante. Peu de romans me tourneboulent comme ça et impriment en moi des sensations physiques. J'ai encore un creux dans le ventre en vous écrivant cette chronique. Cette histoire fait écho à des souvenirs d'enfance, aux relations familiales, à cette nostalgie ressentie devant des photos, des jouets, des lieux.
C'était magnifique, j'ai adoré, vous voulez que je dise le mot magique ? C'est un coup de cœur, voilà, courez vous procurer cette merveille.
Je vote pour ce livre car le sujet m interesse et j ai hâte e le lire je croise les doigts
Ma chronique : Ce livre est un pur enchantement !
J'ai été éblouie par la musique des mots si gracieux, si raffinés.
Il faut un sacré talent pour évoquer, à 24 ans, la passion immodérée jusqu'à la névrose qu'une vieille femme éprouve pour sa maison d'enfance, qui l'aime avec plus de flamme qu'elle n'en n'a eu pour ses amants, elle, la gardienne du temple de ce paradis perdu .
Méfions-nous de ses grandes maisons cossues qui vous attrapent le cœur à jamais." On épouse une maison" . Karen Blixen, Colette et bien d'autres écrivains nous l'ont si bien dit.
Quand la grande bâtisse en bois blanc vieillit en même temps que vous, qu'elle se décrépite au fur et à mesure que vos cheveux blanchissent, la mémoire doit tenir bon. Alors commence l'histoire d'Isadora où surgissent des réminiscences de bonheur et de grands chagrins aussi.
En quatre saisons, Isadora, en Ehpad, nous livre ses souvenirs avec sa fratrie de l'été à l'hiver de sa vie.
Dès les premières pages on entre dans l'intimité de la maison, les effluves capiteuses de fleurs, de résine, de mousse vous envahissent.
Les murs retentissent de cris d'enfants dévalant l'escalier en bois brun qui craque. Vite engloutir les tartines. Vite construire des cabanes .
La trompette du grand frère Klaus a réveillé toute la maisonnée !
Les soirs d'été dans le jardin entre le bouleau et les sapins bleus, des rires adultes s'échappent des grandes tablées .
Le personnage romanesque "de la vieille délurée" qu'est la grand-tante Babel pimente le roman de fantaisie.
La liberté totale des jours d'été se teintent de merveilleux mais les années s'écoulant, Isadora est arrivée à un point de rupture.
Elle ne cesse de ressasser, de revoir le bonheur s'éloigner. Même les amis musiciens de Klaus ou ses petits neveux sont pour elle des envahisseurs !
Avec l'automne, alors qu'elle est adulte, un drame est arrivé. Jamais Isadora ne s'en remettra.
Isadora voulait la maison figée dans les jours heureux de l'enfance, c'était son royaume à défendre, sa "guerre précieuse " une obsession qui frôle la folie.
vous aussi elle va vous attraper cette maison.
Vous aussi vous ressentirez le chagrin de la vieille dame dans son écrin"de solitude et de douleur".
Vous aussi l'élégance de l'écriture vous séduira.
Un premier roman qui a les défauts de la jeunesse : des longueurs, quelque chose de trop construit pour être léger, une certaine poésie qui repose sur le thème de la famille, les souvenirs d'enfance, les étés entre cousins, avec comme coeur de récit une maison.
De la nostalgie certes, mais tout cela me semble bien convenu pour ne pas dire artificiel, et au final très ennuyeux.
Un gros coup de coeur pour cette petite merveille d'écriture; un premier roman de grande qualité par une toute jeune autrice à suivre.
Le personnage principal est la Maison que la narratrice devenue vieille évoque au fil des saisons.
Un rêve pour moi: une maison permettant de regrouper pour les vacances la famille élargie...et le 1er Septembre est un jour de deuil! Peu à peu, ils sont moins nombreux à venir, la solitude s'installe et la maison se dégrade.
Les jeux de l'enfance, les moments de liberté sans le contrôle des adultes...viennent l'adolescence et ses tourments: la narratrice n'y échappe pas. L'internat, la Ville sont des horreurs qui éloignent de la Maison. Isadora refuse le mariage car celui qui l'aime veut vivre en ville. La mort accidentelle et prématurée d'Hariett (la trentaine) est une cause de nostalgie insurmontable: l'éternelle "petite soeur" disparue crée un grand vide.
Impossible d'évoquer tout ce que ce roman contient d'émotions, de joies et de peines.
Ce n’est pas exagérer de dire que je suis restée coite en refermant « les guerres précieuses », premier roman de la jeune autrice Perrine Tripier ! Avant de dire quelques humbles mots sur l’histoire, je veux parler de l’écriture, du style, de la prose poétique, de la beauté, de la sensibilité, des émotions qu’offre cet objet littéraire. Je ne lisais pas, je partageais les souvenirs de Isadora depuis sa chambre d’EHPAD, les joies et les peines, auxquels se mêlent regrets, remords surgissant des plus belles années vécues dans la Maison.
La Maison, celle de l’enfance de Isadora, avec ses parents, ses frère et soeurs, le point de réunion familial des oncles, tantes, cousins, semble à mille lieux de la ville et de ses tracas, dans un cadre verdoyant à l’orée de la forêt.
Ressasser le passé, raconter l’isolement, vivre aux côtés du fantôme d’une petite soeur trop tôt décédée... certes la nostalgie est immense, mais n’éclaire-t-elle pas les plus beaux moments de notre vie lorsqu’elle est exprimée à la façon d’un peintre, jouant sur les couleurs selon les saisons. C’est ainsi, sur ces fronts là et tout en poésie que se livrent les guerres précieuses de la narratrice. Magnifique oeuvre littéraire !
Exister et mourir dans la Maison
Isadora Alberfletch a été la fille de Petit Père et Petite Mère, elle a fait partie de la fratrie avec Klaus, Louisa et Harriett.
Ce petit monde a vécu dans la Maison, avec la majuscule comme Majestueuse, Magique, Magnifique, Melliflue, Millésimée, Multiple…
Dans cette Maison la vie respire, il y a les occupants naturels et ceux qui passent, tantes, oncles et cousins. La Maison s’adapte, se dilate, respire, bruit des siestes des adultes qui croulent sous la chaleur d’août et des jeux des enfants jamais à court d’idées. Car dans la Maison l’ennui n’est jamais le vide.
« Et puis, petit à petit, toute la Maison s’agitait, s’étirait, bâillait un grand coup de toutes ses fenêtres ouvertes sur le jardin. Le vent gonflait les draps blancs et semait du pollen sur l’oreiller. »
Isadora se souvient, dans son fauteuil sans âge, qui a vu passer les augustes postérieurs de ses ancêtres, seul meuble qu’elle a réussi à sauver du naufrage qu’est l’EHPAD .
Bien sûr, il y avait les corvées comme repeindre façade et murs intérieurs, les repas à préparer et le linge à étendre, mais cela se faisait naturellement et dans la bonne humeur de ce qui est fait collectivement.
La tradition c’est le linceul de la mémoire.
Pour Isadora le temps s’est arrêté à l’année de ses huit ans. Âge qu’elle a décidé d’adopter à l’âge adulte celui où chacun prend son envol.
« À une époque, cette pensée me faisait enrager, et, à présent que je suis vieille et plutôt laide, je me dis que je me serais lassée de lui, un jour ou l’autre. Il se serait empâté, il serait devenu bougon. Il aurait voulu des enfants, sans doute, et moi je ne me suis jamais sentie mère, uniquement fille et sœur. Je fus une fille passable, peu tendre, mais une sœur exceptionnelle, je le crois. J’aimerais bien être encore sœur. »
Mais elle, elle sait au plus profond de son âme que quitter la Maison est un chagrin immodéré, irraisonné, un déchirement que rien ne peut endiguer. Alors, elle a attendu l’ultime moment pour que le cocon ne devienne pas une machine de mort.
La construction est parfaite, elle épouse les saisons qui bercent l’année et les années qui forment une vie.
Isadora est devenue une vieille femme et la Maison s’est délabrée comme le corps humain se défait par petites touches puis par de plus gros dégâts. Les pages 172 et 173 sont sublimes de justesse sur ce sujet.
Comme les plus grands écrivains, Proust, Virginia Woolf, elle sait explorer les détails et faire surgir aux yeux des lecteurs un monde, celui qu’elle décrit mais aussi celui que les lecteurs projettent comme le leur.
La sensualité y est prégnante , c’est un florilège de parfums, de couleurs, de sensations qui vous saisissent pour ne plus vous quitter.
Elle sait croquer les portraits celui de la tante est savoureux.
Chaque membre de la famille se dessine sous nous yeux, ils nous deviennent vite familiers, par un tour de passe-passe l’auteur vous intronise dans cette famille.
Vous êtes là au creux de cette maison qui vibre, dont les murs vous restituent les sons, les parfums de ce monde disparu.
L’évocation des saisons nous les rendent palpable, c’est un tour de force de construire un livre sur les quatre saisons et de réussir à y faire entrer toute une vie.
Son écriture est soyeuse et rayonne, les mots se lisent comme pris dans ce rayon de soleil qui éclaire le coin d’une pièce qui nous est familière et lui donne un nouvel éclairage.
Perrine Tripier n’a que 24 ans mais elle a une âme millénaire, qui recèle le meilleur de Proust, Woolf, Gary et Colette.
C’est un livre qui va rejoindre mon Panthéon des rares ouvrages que je lis et relis avec cette sensation de familiarité et de découverte renouvelée. C’est rare et précieux.
La lectrice que je suis a été Isadora sans jamais me départir de qui je suis.
Charmée, comblée, ébahie, déstabilisée et envoûtée par cette écriture qui semble respirer par elle-même.
Vous l’aurez compris j’attends avec impatience le prochain.
Fermez les yeux :
On a tous quelque chose en nous d’Isadora, ce désir fou de retenir la vie au cœur de nos derniers jours.
Merci à Lecteurs.com et la Fondation Orange pour ce privilège de lecture.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/04/26/les-guerres-precieuses/
Les saisons de la vie : Isadora les revit, entre les quatre murs qui marquent sont désormais les limites de son territoire. Elle a dû à regret quitté la maison qui l’avait abritée toute sa vie. Depuis son enfance, s’y sont inscrits les étés de bonheur , les éclats de rire et les cabanes improvisées, sous l’oeil indulgent des adultes plus enclin à s’assoupir après les repas qu’à brimer la bande des cousins. Si l’automne marquait la fin des jeux champêtres, il était aussi ce qui constituait un premier abandon, pour le collège , à la ville. C’est ainsi qu’adulte, Isadora s’est emparée de la place, bien décidée à ne jamais la quitter.
La maison-personnage est le coeur battant de ce récit nostalgique, déroulant avec les années le fil des souvenirs, entre joies et deuils que le temps ne manque pas de distribuer. La maison est un repère, incontournable malgré les marques de l’âge qui l’atteignent peu à peu. Immuable et si fragile à la fois.
Magnifique roman d’une vie ordinaire, entre sourires et larmes, portée par les empreintes sensorielles multiples, les odeurs de pain cuit, des confitures, les couleurs des champs d’été, la musique du frère trompettiste, et le goût des framboises sauvages sauvages. Regret d’un paradis perdu et gratitude d’avoir connu ces moments heureux.
Le cadre dans lequel se déroule le roman, les prénoms des enfants, donnent au récit une dimension universelle, et beaucoup de classe. J’ai beaucoup pensé à Magda Zabo en parcourant ces superbes lignes.
Très beau premier roman qui vous emmène des rires aux larmes.
192 pages Gallimard 5 janvier 2023
Sélection Prix Orange 2023
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