Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Les Effinger : une saga berlinoise

Couverture du livre « Les Effinger : une saga berlinoise » de Gabriele Tergit aux éditions Christian Bourgois
Résumé:

Les dernières années du xixe siècle offrent de nombreuses opportunités aux ambitieux, dans une Allemagne unifiée et triomphante. Paul Effinger, fils d'horloger, fait partie de ceux qui saisissent leur chance. Il quitte la province allemande pour chercher fortune à Berlin, se lance dans... Voir plus

Les dernières années du xixe siècle offrent de nombreuses opportunités aux ambitieux, dans une Allemagne unifiée et triomphante. Paul Effinger, fils d'horloger, fait partie de ceux qui saisissent leur chance. Il quitte la province allemande pour chercher fortune à Berlin, se lance dans l'industrie. Une alliance est nouée avec une autre famille, les Oppner, et le succès est au rendez-vous. On mène grand train, on traverse même la Grande Guerre sans trop de mal et fort d'un patriotisme assuré. Puis viennent les années folles, dans une capitale allemande plus cosmopolite que jamais. Mais derrière les apparences, l'antisémitisme progresse et menace...

Quatre générations des Effinger et de leurs alliés sont ainsi évoquées, dans un roman-fleuve qui plonge le lecteur au coeur d'un monde disparu, entre 1870 et 1948. Les divisions qui ont déchiré la nation allemande et précipité toute l'Europe vers l'horreur sont incarnées dans une galerie de personnages inoubliables. Le talent de Gabriele Tergit, le rythme rapide des chapitres et la vivacité des portraits rendent cette histoire de famille épique absolument irrésistible.

La découverte d'un roman majeur de la littérature européenne.

Donner votre avis

Avis (4)

  • Thomas Mann nous avait décrit avec brio et une grande force d’évocation une saga familiale, celle des Buddenbrook, dont le sous-titre était :la décadence d’une famille. Gabriele Tergit renouvelle le genre dans ce roman-fleuve intitulé : « Les Effinger, une saga berlinoise ».
    Dans le roman de...
    Voir plus

    Thomas Mann nous avait décrit avec brio et une grande force d’évocation une saga familiale, celle des Buddenbrook, dont le sous-titre était :la décadence d’une famille. Gabriele Tergit renouvelle le genre dans ce roman-fleuve intitulé : « Les Effinger, une saga berlinoise ».
    Dans le roman de Thomas Mann, il était question d’une grande famille de l’Allemagne du Nord, protestante. Dans celui de Gabriele Tergit, il s’agit de deux familles, juives, les Effinger et les Oppner. Paul Effinger, horloger à Kragsheim, petite ville du sud-ouest de l’Allemagne pour tenter sa chance à Berlin. Les Effinger vont se lier avec les Oppner, des banquiers juifs assimilés.
    Nous sommes en 1870 et le cadre de l’Allemagne fraichement unifiée incite à l’expansion économique, à la création de nouvelle entreprise, à l’innovation et à l’esprit d’entreprise. L’industrie allemande se développe à grande vitesse et les dirigeants de l’Empire allemand n’ont de cesse que de vouloir dépasser le Royaume-Uni, puissance dominante sur le monde et sur le continent européen.
    Les quatre fils de Paul Effinger voient leurs destins déjà fixés par des principes rigides : « Enfant d’artisan un jour, enfant d’artisan toujours. (…) Benno, leur fils aîné, était en Angleterre, il travaillait dans une fabrique de bonneterie à Manchester. Karl était apprenti dans une banque à Berlin. Paul était en Rhénanie. Willy apprenait l’horlogerie auprès de son père. »
    Comment concevoir sa place dans une société allemande, longtemps marquée par l’antisémitisme depuis le Moyen Age, et qui a libéralisé le statut des Juifs depuis le XIXe siècle ? Comment rester fidèle à la foi, à l’éthique de ses ancêtres si l’on n’est pas spécialement enclin à afficher ses convictions religieuses ?
    Waldemar Goldschmidt, descendant de la famille Oppner, donne une réponse lumineuse dans une lettre adressée à un collègue de l’Université : « Je fais partie d’une race méprisée et suis un citoyen de second rang en Allemagne. Mais j’ai un avantage qui se révélera un jour : par ma simple existence de juif, je suis témoin de la puissance de l’esprit et du refus d’employer la force. La synagogue des juifs persécutés est le dernier vestige de cette puissance de l’esprit qui a vaincu Rome. »
    Gabriele Tergit souligne un autre trait de cette bourgeoise juive, entreprenante, c’est l’optimisme, la conviction que la paix entre les nations est possible si ces dernières développent leur relation mutuelle : Karl Effinger, l’un des fils de Paul, en est persuadé : « Une guerre est impossible en Europe, et elle l’est de plus en plus à mesure que se développe notre productivité industrielle. Les pays s’approvisionnent les uns les autres. Nous achetons des actions de chemin de fer américain et l’Angleterre acquiert des consolidés prussiens. »
    Cette foi en l’époque des deux familles, les Effinger et les Oppner se concrétise aussi par leur implantation berlinoise dans le quartier des ministères, sur la Wilhelmstrasse. On arpente la juif, située près du jardin du même nom. Berlin s’agrandit, se modernise, capitale désignée du Reich allemand.
    Après la première guerre mondiale, sous la République de Weimar, des nuages s’amoncellent. La crise économique est dramatique, l’inflation monétaire à son paroxysme. Les affaires ne peuvent plus être conduites comme avant 1914. L’apparition de courants nationalistes provoque des débats chez les Effinger et les Oppner. Nous sommes en mars 1913. Marianne, Erwin, et Lotte, enfants de Karl Oppner, débattent de l’assimilation : Marianne semble sensible aux thèses sionistes popularisées par Theodor Herzl dans son ouvrage « L’État juif », publié en 1896.
    Ces personnages se posent cette question : sommes-nous chez nous en Allemagne, la création d’un foyer juif en Palestine est-elle la solution ? L’antisémitisme peut-il disparaître un jour ?
    A la fin du roman, Waldemar Goldschmidt persévère malgré tout, malgré la montée du nazisme en Allemagne, malgré la nuit de Cristal de novembre 1938, dans sa foi en l’optimisme : « Nous n’avons aucun pouvoir, mais nous entretenons le souvenir du tort qui nous a été commis à travers le temps. C’est ce souvenir qui confère sa noblesse à notre peuple depuis des siècles et qui lui donne la force sans pareille de la résistance passive. »
    Nous avons affaire, à la lecture de cette belle saga berlinoise, à un grand roman qui prendra une grande place dans l’histoire de la littérature allemande et européenne : un reflet de l’histoire d’une communauté, une évocation de son rôle dans l’histoire et dans la société allemande entre 1870 et 1948. À lire absolument !

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Présenté comme la version juive berlinoise des « Buddenbrook » de Thomas Mann, « Les Effinger » a commencé à être écrit en 1933 pour être terminé en 1950.
    Son autrice a mis beaucoup d'elle-même dans ce pavé de près de mille pages qui parcourt la période 1878-1948 au cours de laquelle évoluent...
    Voir plus

    Présenté comme la version juive berlinoise des « Buddenbrook » de Thomas Mann, « Les Effinger » a commencé à être écrit en 1933 pour être terminé en 1950.
    Son autrice a mis beaucoup d'elle-même dans ce pavé de près de mille pages qui parcourt la période 1878-1948 au cours de laquelle évoluent quatre générations d'industriels et de banquiers allemands.
    Paul et Karl sont deux frères issus d'une famille d'horloger de la Franconie. Sans être orthodoxe, le père est pratiquant. Les garçons s'envolent à Berlin pour monter une affaire de fabrication de vis. En épousant Annette et Klara Oppner, filles d'un banquier, ils rejoignent la grande bourgeoisie berlinoise.
    Témoignage d'une époque révolue bouleversée par deux événements majeurs – la Première Guerre mondiale et l'arrivée d'Hitler au pouvoir -, le récit décrit par le menu le déclin d'une dynastie mais aussi les courants culturels et de pensée ainsi que les mutations économiques qui parcoururent ces décennies : expressionnisme, marxisme, communisme, socialisme, nazisme, antisémitisme, sionisme, féminisme, industrialisation...
    Les échanges vifs entre les différentes générations sont le reflet de ces secousses.
    Si j'ai apprécié l'acuité du panorama quasi exhaustif de ces soixante-dix années d'histoire, j'ai été moins séduite par les personnages tellement nombreux que leur psychologie n'est qu'effleurée.
    Deux personnages sortent du lot : Paul, l'archétype du Juif tellement assimilé qu'il ne peut croire au projet délétère des nazis, et Waldemar, un humaniste « à l'ancienne » qui constate avec lucidité la disparition d'un monde.

    https://papivore.net/litterature-germanophone/critique-les-effinger-gabriele-tergit-christian-bourgois/

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Originaire de Kragsheim, bourgade allemande où son père est horloger, Paul Effinger décide d’aller tenter sa chance à Berlin. Quelques années après la fin de la guerre de 1870, la chance sourit aux audacieux et le jeune homme entend bien en profiter. Il se lance dans l’industrie puis c’est la...
    Voir plus

    Originaire de Kragsheim, bourgade allemande où son père est horloger, Paul Effinger décide d’aller tenter sa chance à Berlin. Quelques années après la fin de la guerre de 1870, la chance sourit aux audacieux et le jeune homme entend bien en profiter. Il se lance dans l’industrie puis c’est la rencontre avec la famille Oppner. L’un de ses frères, Karl, rejoint alors l’entreprise et épouse l’une des filles d’Emmanuel Oppner. Les années vont ainsi se succéder, avec leur suite d’événements : mariages, naissances, deuils… Les personnages vont traverser les grands moments de l’histoire et le lecteur les accompagnera jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Hitler et les persécutions dont la famille, d’origine juive, va être victime.

    Véritable roman fleuve, saga familiale mais aussi historique, politique et sociale, ce livre est une somme passionnante. Parue pour la première fois en 1951, cette œuvre monumentale est restée quasiment inconnue jusqu’en 2019 où elle rencontre enfin son public et ses lecteurs.

    Ce récit, à travers le destin des familles Effinger et Oppner, est un témoignage captivant de l’histoire de l’Allemagne. Début de l’industrialisation, guerre mondiale, années folles, montée du nazisme mais aussi évolution des mœurs, confrontation des générations, émancipation des femmes… c’est une analyse très complète de ces années par le prisme d’une famille de la grande bourgeoisie dont le monde change et disparaît inexorablement.

    Tous les personnages sont extrêmement bien définis et Gabriele Tergit dresse des portraits d’une grande vivacité, avec leurs caractéristiques, leurs qualités, leurs défauts, leurs failles, leurs croyances, leurs inquiétudes et leurs certitudes.

    L’alternance des personnages et le rythme des dialogues permettent ainsi à l’auteure de ne pas écraser son lecteur sous les plus de 900 pages que compte ce roman et de donner un véritable souffle à ce roman. On ne s’ennuie pas une seconde à la lecture et on n’est jamais tenté de sauter des pages, ce qui peut sembler être une véritable gageure compte-tenu de la densité de l’œuvre. De la même manière, aucun des personnages, même secondaire, ne parait superflu. Tous ont leur partition à jouer et leur rôle dans l’enchaînement des épisodes et dans leur imbrication.

    Le récit est par ailleurs superbement servi par la traduction de Rose Labourie (traductrice notamment de Chris Kraus) qui fait une nouvelle fois preuve d’une grande justesse pour rendre justice au livre de Gabriele Tergit et qui lui donne probablement ce petit côté moderne de la langue qui ne dénature à aucun moment le récit.

    Une fabuleuse idée de la part de Christian Bourgois Editeur que d’avoir remis en lumière cette œuvre majeure.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Un pavé : Une saga Berlinoise de plus de 900 pages, 151 chapitres, une histoire qui se déroule sur près de 80 ans dans une période riche en évènements (1870 / 1948 ), mais j'ai eu du mal à m'intéresser aux destins croisés des familles Effinger et Oppner.

    Un pavé : Une saga Berlinoise de plus de 900 pages, 151 chapitres, une histoire qui se déroule sur près de 80 ans dans une période riche en évènements (1870 / 1948 ), mais j'ai eu du mal à m'intéresser aux destins croisés des familles Effinger et Oppner.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.