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Les années sans soleil

Couverture du livre « Les années sans soleil » de Vincent Message aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021495553
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Écrivain au succès modeste, libraire à ses heures, Elias Torres vit à Toulouse avec Camille et leurs enfants. Un certain mois de mars, tout se resserre autour d'eux : ils n'ont plus le droit de quitter le pays, leur ville, puis leur quartier. Elias s'inquiète pour sa fille, Maud, qui ne décolère... Voir plus

Écrivain au succès modeste, libraire à ses heures, Elias Torres vit à Toulouse avec Camille et leurs enfants. Un certain mois de mars, tout se resserre autour d'eux : ils n'ont plus le droit de quitter le pays, leur ville, puis leur quartier. Elias s'inquiète pour sa fille, Maud, qui ne décolère pas contre l'inaction des dirigeants face à la crise écologique, et à qui la situation coupe toute perspective d'avenir. Il doit aussi prendre soin de son ami, le vieux poète Igor Mumsen.
Afin de relativiser la détresse du présent, Elias mène des recherches pour savoir quelles ont été les pires années de l'histoire de l'humanité. Pour lui, la réponse ne fait pas de doute : ce sont les décennies qui ont suivi 535-536. Ces années-là, le soleil a cessé de briller pendant près de dix-huit mois. Tout en luttant pour protéger les siens, Elias se passionne pour ce petit âge glaciaire qui a marqué l'histoire d'une empreinte aussi méconnue que décisive.
Dans ce roman porté par une voix inquiète et vive, l'amour de la littérature devient un des antidotes possibles aux angoisses qui nous hantent.

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Articles (2)

Avis (7)

  • Le roman débute dans un petit brouillard psychologique angoissant. Un écrivain ayant peu de succès se trouve refoulé à son arrivée à New-York et repart pour la France pour retrouver sa famille ( une épouse, une ado et un jeune enfant) dans un appartement toulousain. Pas d'explications pour ce...
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    Le roman débute dans un petit brouillard psychologique angoissant. Un écrivain ayant peu de succès se trouve refoulé à son arrivée à New-York et repart pour la France pour retrouver sa famille ( une épouse, une ado et un jeune enfant) dans un appartement toulousain. Pas d'explications pour ce retour à la case maison mais un indice : tout le monde doit rester enfermé chez lui selon des ordres gouvernementaux. Evidemment cela rappelle des souvenirs récents même si la cause n'est jamais vraiment explicitée. Roman d'anticipation comme " Défaite des maîtres et possesseurs" ? A suspens ? Non, rien de tout cela mais sans doute le premier récit de confinement ( mot jamais écrit dans le livre) qui narre les pensées de cet auteur ( par ailleurs libraire à mi-temps) et les multiples questionnements que cette situation va apporter.
    Disons-le tout net, par rapport à ses deux précédents romans, ces "années sans soleil" déçoivent un peu. Si l'on retrouve souvent une écriture inspirée, beaucoup de thèmes sont abordés mais ont du mal à s'amalgamer réellement. Les nombreux paragraphes autour des livres, du métier d'écrivains, des problèmes d'une petite librairie un peu marginale et de quelques auteurs connus, moins connus ou inventés, aussi pertinents soient-ils, présentent un intérêt inégal à l'intérieur d'un ensemble qui se veut une sorte d'état général d'une société durant un moment bien particulier voire marquant un réel tournant. Le monde est en crise ( écologique ? sanitaire? ), le personnage principal aussi. Il va s'interroger sur sa vie, son métier d'écrivain, sur ses rapports aux autres ( famille, amis, relations plus lointaines). Il va éprouver cette violence sourde qui monte, surtout policière mais pas que. Le roman avance un peu cahin-caha, de suspens psychologique il passera à une sorte d'essai sur le pouvoir de la littérature dans le coeur de ( certains) hommes, puis prendra un tournant historico-écologique avec des recherches via un ouvrage de Procope de Césarée sur la disparition du soleil pendant 18 mois vers 535 de notre ère, puis virera vers des problèmes de couple et d'ados traumatisés, pour s'achever dans un romanesque plus classique ( et pas vraiment inspiré).
    Certes, il y a quelques belles pages, mais l'ensemble à du mal à passionner complètement, hésitant peut être trop entre essai et roman.

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  • De Vincent Message, j’avais aimé « Cora dans la spirale » et j’ai eu le plaisir de retrouver son écriture ciselée, aux accents poétiques dans son dernier roman.
    Le narrateur, Elias Torres, est un écrivain qui n’a pas encore connu le succès. Il narre sa mésaventure : refoulé des États Unis où...
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    De Vincent Message, j’avais aimé « Cora dans la spirale » et j’ai eu le plaisir de retrouver son écriture ciselée, aux accents poétiques dans son dernier roman.
    Le narrateur, Elias Torres, est un écrivain qui n’a pas encore connu le succès. Il narre sa mésaventure : refoulé des États Unis où il venait présenter son roman, cette rebuffade annonce quelque chose de plus grave, qui n’est pas précisé mais qui oblige la population à se confiner. Cette menace est d’autant plus inquiétante qu’elle n’est pas nommée, juste suggérée à travers le dérangement climatique.
    « Ça commençait à devenir long. Chacun chez soi, jour après jour… Les murs des pièces se rapprochaient. L’étau se resserrait autour de nos tempes »
    A cette situation de déjà vu, l’auteur mêle des réflexions sur le réchauffement climatique. Le thermomètre s’emballe et la vie entre quatre murs dans un centre-ville déserté où les libertés sont restreintes se complique. Le quotidien de sa famille aussi est touché, avec sa femme, leur petit garçon remuant et Maud, adolescente écolo révoltée par l’inertie des dirigeants et des adultes. Elias n’a plus son travail de libraire puisque les librairies ont baissé le rideau et, avec cette fermeture, il a perdu le contact avec les autres et les discussions, les fêtes à pas d’heure avec ses potes qui se passionnent pour l’art et le combat d’idées. Désœuvré, Elias va se tourner vers l’écriture, rechercher cette inspiration qui lui échappe. Il y a bien la cave, pour s’isoler, mais écrire sur quoi ? Heureusement, la littérature est toujours là pour nous consoler, et nous nourrir dans ces périodes de disette. De ses visites à son vieil ami et poète, Igor Mumsen, il va se passionner pour l’œuvre de l’historien byzantin Procope de Césarée qui a chroniqué le règne de l’empereur Justinien. L’historien évoque ce petit âge glaciaire, période qui va de 536 à 547, où la perturbation du climat a entraîné des famines et des épidémies catastrophiques. On sait depuis peu que cette période climatique plus froide a été la conséquence de trois éruptions volcaniques majeures qui ont voilé le soleil.
    En écrivain curieux, Elias Torres établit un parallèle entre cette période glaciaire oubliée et le dérèglement climatique de notre époque. Et là, il tient son sujet, pense-t-il.

    Le roman navigue entre les expériences, les mésaventures du narrateur qui s’interroge sur sa vie qu’il ne maitrise plus et sur ces incursions dans la littérature et les catastrophes du passé. Deux époques mais une même menace climatique.
    Le chapitre 16 débute ainsi « Vous le connaissez un peu, maintenant, Elias Torres. Je suis une voix qui a votre voix dans votre tête »
    Oui, après lecture, j’ai l’impression de le connaitre, ou tout du moins de l’avoir croisé dans quelque librairie toulousaine, cet écrivain qui se confie avec sincérité, et avec lequel j’ai déambulé dans Toulouse. C’est ma ville que j’ai aimé redécouvrir et vivre sous la plume de Vincent Messager alias Elias Torres. Il sait si bien la raconter. Oui, je me suis inquiétée pour lui et sa famille, et j’ai été curieuse d’en savoir plus sur ce petit âge glaciaire. Et, je dois l’avouer, j’ai été triste de laisser ce personnage attachant et son projet de roman à la page 254. Car oui, j’aurais aimé que ce roman captivant soit plus long.

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  • Les années sans soleil – Vincent Message

    Elias Torres est un écrivain au succès modeste et libraire à ses heures. Il vit en appartement à Toulouse avec son épouse et ses deux enfants.

    Un certain mois de mars, tout se resserre autour d’eux et ils doivent rester entre quatre murs.

    Alors...
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    Les années sans soleil – Vincent Message

    Elias Torres est un écrivain au succès modeste et libraire à ses heures. Il vit en appartement à Toulouse avec son épouse et ses deux enfants.

    Un certain mois de mars, tout se resserre autour d’eux et ils doivent rester entre quatre murs.

    Alors que chacun à des besoins différents, Elias Torres commence à penser à des uchronies avant de rechercher les pires années que l’humanité qui ont été vécues et de s’arrêter sur les dates de 535-536 (je vous laisse rechercher sur Internet).

    L’auteur est très fort pour n’utiliser aucun vocabulaire lié à la pandémie et presque nous laisser penser à une autre catastrophe qui cloisonne les personnages du livre. Parallèlement, dans une écriture bien pesée, l’auteur nous embarque dans une histoire véridique des années 535-536.

    Vincent Message met en avant les cas de conscience des personnages et leurs fragilités, mais surtout celui d’Elias Torres et de sa fille Maud.

    Il est dommage qu’en début de libre, l’auteur noie un peu le poisson en ne voulant pas parler de la pandémie et en voulant nous faire croire à un suspens par un interrogatoire du protagoniste par la PAF aux E-U qui se fait refouler avec quasi les mêmes passagers qui ne veulent pas évoquer le pourquoi de leurs retours.

    Les bribes de recherches d’Elias Torres sur l’Histoire notamment sur Procope, Bélisaire, les Perses, les Ostrogoths, l’armée byzantine, Michael McCormick, j’en passe et des meilleurs sont assez difficile à percevoir dans l’histoire et n’apportent pas une lecture de plaisir si le lecteur n’a pas la connaissance ou ne recherche pas par lui-même.

    De ce fait, l’on passe de l’histoire d’archéologie sur un vieux sol d’Istanbul, à des traces presque illisibles de la peste de Justinien ; de l’histoire des sièges de Rome tels que les ont vécues Procope et Bélisaire à celle de l’histoire de la sécheresse, de la famine et de la guerre civile dans la Chine de Yu Xin – alors qu’il est question uniquement de l’histoire d’une famille et ce qui l’entoure.

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  • Vincent Message, dont le dernier roman Les années sans soleil, titre faisant référence aux années 535 – 536, où le brouillard a obscurci le ciel et masqué le soleil pendant presque deux ans, tente d’appréhender ce que nous vivons maintenant, depuis deux ans, sans toutefois jamais le nommer, le...
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    Vincent Message, dont le dernier roman Les années sans soleil, titre faisant référence aux années 535 – 536, où le brouillard a obscurci le ciel et masqué le soleil pendant presque deux ans, tente d’appréhender ce que nous vivons maintenant, depuis deux ans, sans toutefois jamais le nommer, le Covid 19.
    Elias Torres, un écrivain modeste, vivant à Toulouse avec Camille, sa compagne et leurs deux enfants Maud et Diego, se rend à New-York pour la promotion de son quatrième roman, le premier traduit en anglais. À son arrivée à l’aéroport, après un contrôle incompréhensible, il est renvoyé illico, sans explication, vers la France par le même vol, comme une grande partie des voyageurs.
    Fort déçu, il rejoint les siens dans un petit village situé dans les premiers contreforts des Corbières, où ils passent quelques jours à visiter notamment l’abbaye de Fontfroide. Lors du retour sur Toulouse, ils tombent sur des contrôles de police, de véritables barrages à l’approche de la ville. Un justificatif de domicile leur est demandé : aucun problème, ils ont le droit de rentrer. « Nous venions de vivre sans le savoir nos dernière heures de liberté ».
    Comme le dit très bien Elias, le narrateur, « chacun d’entre nous se souvient où il était quand ça a commencé, ou plutôt quand il a compris que ça n’était pas anodin, que ça ne toucherait pas que les autres, que c’était parti pour durer et que ça allait changer nos vies ».
    Lorsque tout a fermé, le lycée de Maud, la crèche de Diego, la librairie où il travaille depuis vingt ans, un jour sur deux, la plupart des commerces, Elias Torres sent tout de suite la difficulté que sera d’affronter cette épreuve avec les enfants.
    De plus, si Diego, le bambin de deux ans et demi prend cela comme des vacances, monotones certes, il n’en va pas de même pour Maud qui, à dix-sept ans, se retrouve, coupée de tout ce à quoi elle tient, arrachée à ses amis, son copain…, Maud, qui ne décolère pas contre l’inaction des dirigeants face à la crise écologique.
    Des violences policières vont aussi singulièrement éprouver la famille et le cadre familial est mis à rude épreuve.
    Ainsi, Elias se retrouve désarmé devant l’inattendu, impuissant, et va nous faire partager son cheminement intérieur pour encaisser, endurer, ne pas baisser les bras pour préserver cette cellule familiale, pas facile… .
    Il va , pour relativiser cette détresse du présent mener des recherches pour savoir quelles ont été les pires années de l’histoire de l’humanité, les années meurtrières sont hélas nombreuses, mais pour lui, cela ne fait pas de doute, ce sont les décennies qui ont suivi 535 – 536, où le soleil a cessé de briller près de dix-huit mois et dont l’hypothèse la plus probable est une série d’éruptions volcaniques. S’en sont suivies des famines, des pestes dues à des phénomènes climatiques brutaux amenant à d’importantes crises de civilisation. La comparaison alors, avec la situation actuelle semble assez pertinente.
    Vincent Message, par l’intermédiaire de son quasi alter-ego, excelle à raconter le métier d’écrivain avec ses difficultés mais surtout la joie d’exercer cette activité où il se sent libre et souverain et dont il aime toutes les phases de l’écriture. Il développe également avec brio la jubilation que peut apporter la lecture et il montre comment la littérature devient un des antidotes possibles aux angoisses qui nous habitent, tout comme l’art ou la poésie.
    Il n’oublie pas d’évoquer le sort des librairies durement touchées lors de ce confinement avec pour certaines d’entre elles, comme ici dans le roman, l’obligation de mettre la clef sous la porte.
    Le récit vivant de cet homme confronté, comme nous-même l’avons été, à une situation anxiogène jamais rencontrée m’a touchée. Les sentiments qu’il ressent et les solutions qu’il expérimente, sans forfanterie sont convaincantes.
    En nous faisant vivre le quotidien de cette famille dans cette époque troublée, avec un regard lucide, réaliste, un ton juste et une réelle douceur, ce roman qui aurait pu se révéler ravageur, est plutôt apaisant et est une véritable ode à la littérature et à sa puissance.
    Les années sans soleil est un roman humain qui met en exergue nos inquiétudes, nos doutes, nos désarrois et aussi nos impuissances, devant cet avenir incertain face aux impacts du réchauffement climatique, un roman qui m’a procuré beaucoup d’émotions, sans jamais me lasser.
    Après Défaite des maîtres et possesseurs et Cora dans la spirale, deux romans de Vincent Message que j’avais fortement appréciés, grâce à Babelio et aux éditions du Seuil, j’ai pu, avec un immense plaisir découvrir et me passionner pour Les années sans soleil. Je les en remercie très sincèrement.

    Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/

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  • Mars 2020. Tout commence à l'aéroport de New York quand le narrateur, Elias Torres, un écrivain qui pour l’heure ne peut vivre uniquement de sa plume venu faire la promotion de son premier roman traduit en anglais se voit, à peine débarqué, contraint par les autorités à faire demi-tour. Il n’est...
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    Mars 2020. Tout commence à l'aéroport de New York quand le narrateur, Elias Torres, un écrivain qui pour l’heure ne peut vivre uniquement de sa plume venu faire la promotion de son premier roman traduit en anglais se voit, à peine débarqué, contraint par les autorités à faire demi-tour. Il n’est pas le seul. Un bon nombre de passagers se trouvent dans le même cas. Le voilà donc de retour à Toulouse où il vit avec sa femme Camille et ses deux enfants Maud, une ado de 17 ans et Diego un bambin de deux ans et demi.
    Fermeture des frontières, confinement, une situation qui n’est pas sans rappeler celle que nous avons tous vécue. Ce contexte très troublé sera pour cet amoureux des livres, libraire à ses heures pour arrondir ses fins de mois, la porte ouverte à une réflexion sur les enjeux de la littérature et son rôle en temps de détresse. Un peu par jeu, pour dédramatiser le côté anxiogène du présent, Elias se demande quelles ont été les pires années de l’histoire de l’humanité et c’est ainsi qu’en surfant sur le net il découvrira ces fameuses années sans soleil et ne manquera pas de faire le rapprochement avec ce qu’il est en train de vivre. Parallèlement à ses réflexions et nombreuses incursions dans le domaine salvateur de la littérature, il nous livre son quotidien et comment dans ce contexte angoissant il tente de préserver sa famille et de protéger deux personnes particulièrement vulnérables d’une part sa fille Maud qui avec la fougue de ses 17 ans est une activiste du climat et d’autre part un poète qu’il admire Igor Mumsen, vieil homme de 90 ans à la santé déclinante.
    C’est là le quatrième roman de Vincent Message et comme dans ses romans précédents, il est question de violence sociale. Dans Défaites des maîtres et possesseurs (2016), il dénonçait la violence de l’élevage industriel, dans Cora et la spirale (2019) celle de la grande entreprise, du management et du capitalisme contemporain. Ici il est question, sur fond de dérèglement climatique, de l’impact des restrictions de mobilité et des rapports sociaux sur notre vie et notre psyché.
    J’avais été emballée par Défaites des maîtres et possesseurs et avait dévoré Cora et la spirale. Alors autant dire que je me réjouissais de me plonger dans ces années sans soleil d’autant plus que le pitch était prometteur. Peut-être en attendais-je trop … Autant j’ai retrouvé le souffle romanesque de l’auteur dans ses incursions historiques, ses réflexions sur la littérature et ses rapports avec son ami poète et l’aventure qui a suivi, autant j’ai été déçue par tout ce qui avait attrait au quotidien de sa vie familiale où il m’a semblé tomber dans la facilité et les poncifs et rester dans la superficialité n’apportant rien de plus si ce n’est son style aux nombreuses autofictions ou blogs qu’on a pu lire sur le sujet. Peut-être est-ce le manque de recul de l’auteur ou le mien mais la mayonnaise n’a pas pris. Il n’empêche que Vincent Message demeure un grand auteur. Ce roman m’a moins convaincue que les autres mais il n’empêche que je me jetterai sur le suivant dès sa parution.

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  • "Souvent je me demande si la littérature doit se confronter au réel dans ce qu'il a de plus massif, ou plutôt nous ouvrir à l'expérience d'un réel plus discret, secret ou méconnu."

    Ce qu'il y a de profondeur dans ce questionnement sert de fil rouge à ce roman et au cheminement de son héros....
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    "Souvent je me demande si la littérature doit se confronter au réel dans ce qu'il a de plus massif, ou plutôt nous ouvrir à l'expérience d'un réel plus discret, secret ou méconnu."

    Ce qu'il y a de profondeur dans ce questionnement sert de fil rouge à ce roman et au cheminement de son héros. Elias Torres est écrivain et libraire à Toulouse où il vit avec Camille et leurs deux enfants. En ce mois de mars 2020, l'air est chargé d'une menace, les frontières se ferment, la ville s'éteint, on se barricade. Le réel prend une forme inédite, inquiétante. Demande à s'adapter et laisse entrevoir que chacun, à son niveau sortira changé de cette expérience. L'intimité est bousculée, autant que les convictions. Les existences sont remises en cause. Pour Elias, la vie se trouve néanmoins toujours dans les livres, les poèmes de son ami Igor Mumsen, ceux qu'il lit, qu'il conseille, ceux qu'il écrit. Ceux dans lesquels il cherche inlassablement des réponses, comme ces textes qui relatent les événements climatiques de 535-536, les deux années les plus froides pendant lesquelles "le soleil avait disparu" et qui pourraient être le point de départ d'un prochain roman. Pour Maud, sa fille adolescente, le réel est dans l'engagement pour sauver ce qui peut l'être alors que dans son environnement les signaux d'alerte se multiplient. Le soleil chauffe à blanc les rues de la ville tandis que peu à peu les individus retrouvent un semblant de liberté... illusion vite chassée par la réalité d'un climat de surveillance dont la jeune fille fera les frais.

    Il y a une douceur inédite dans l'écriture de Vincent Message, qui donne à la confrontation avec le réel une couleur résolument optimiste. Étrangement, c'est un sentiment de bien-être qui m'a peu à peu envahie, et l'émotion m'a étreint le cœur à la fin. Je ne m'y attendais pas. Il compose un roman relativement court dans lequel il ne se contente pas de capturer notre époque, il la met en rapport avec l'Histoire et en miroir avec la littérature, l'art et la poésie. Interroge à travers les âges notre façon de laisser des traces, de communiquer et peut-être aussi de résister. Se demande, par la voix d'Elias "si les poètes servent à grand-chose quand l'époque est à la détresse" même si "la rumeur court depuis longtemps que les textes font de bons tombeaux". Si le mot de confinement n'est jamais écrit dans ce livre, c'est pour une bonne raison : ce n'est pas le sujet, simplement le contexte qui a projeté chacun d'entre nous dans une réalité alternative avec l'obligation de changer sa façon de regarder. Qui a rebattu les cartes des cellules familiales. Et transformé nombre de perceptions du métier de vivre. Comme celle d'Elias irriguée par la contemplation de la beauté et dont l'envie de parvenir à renouer avec l'émerveillement des premières fois se fait communicative.

    "J'ignorais toujours comment transplanter dans le reste de ma vie le calme que j'éprouvais lorsque je lisais un bon livre ou que je me promenais dans un jardin comme celui-ci. Ça n'était peut-être pas possible. Ou bien c'était à inventer."

    Oui, inventons-le.

    (chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)

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  • Une famille confinée à Toulouse

    Vincent Message raconte le quotidien d'un écrivain confiné avec son épouse et ses deux enfants à Toulouse. Pour se rassurer, il va chercher dans les livres les pires périodes de l'Histoire. Et trouver une belle matière à réflexion au milieu du chaos.

    Il y a...
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    Une famille confinée à Toulouse

    Vincent Message raconte le quotidien d'un écrivain confiné avec son épouse et ses deux enfants à Toulouse. Pour se rassurer, il va chercher dans les livres les pires périodes de l'Histoire. Et trouver une belle matière à réflexion au milieu du chaos.

    Il y a quelques événements dans la vie d'un pays qui marquent tous les habitants ou presque. Le jour de la chute du mur de Berlin, le 11 septembre, la victoire en finale de la coupe du monde de football ou plus récemment le confinement. C'est cet événement qui sert de fil rouge au nouveau roman de Vincent Message. Son narrateur, l'écrivain Elias Torres, se souvient très bien où il était quand les restrictions ont été décidées. À l'aéroport de New York pour y rencontrer son éditeur et sa traductrice, car l'un de ses romans devait paraître aux États-Unis. Mais après les nouvelles mesures de restrictions sanitaires décidées à la hâte devant la progression de l’épidémie, il ne quittera JFK que pour repartir d'où il était venu, laissant derrière lui ses illusions et un livre quasiment mort-né.
    Ayant retrouvé son épouse et ses enfants, il ne se doute pas qu'ils vivent leurs dernières heures d'insouciance. Revenus d'une escapade dans les Corbières, ils retrouvent leur appartement toulousain. «Et aussitôt après, tout a fermé. Le lycée de Maud, la crèche de Diego, la librairie, la plupart des commerces. Les rideaux de fer et les stores se sont baissés pour ne plus se relever, comme si on était entrés dans la stase d’un dimanche infini, ou qu’il faisait nuit en plein jour et que le soleil était une autre forme de lune.» Alors, il faut expliquer aux enfants une situation dont on a soi-même de la peine à appréhender les tenants et les aboutissants. Alors il faut faire bonne figure en se doutant que ce ne serait pas simple. «En temps normal déjà, nous sommes quatre personnes avec des besoins très distincts, pas évidents à concilier, avançant cahin-caha, d’un compromis frustrant à l’autre, mais face aux événements en cours, ce serait pire, aucun de nous ne serait libre et n'aurait ce qu'il voulait.»
    Alors pour conjurer la peur, chacun cherche à s'occuper. D'abord à parer au plus pressé, même si cela est un peu irrationnel. Faire le plein de courses pour ne manquer de rien au cas où. Elias va jusqu'à commander des jerrycans pour faire des réserves d'eau. Achat qui s'avérera inutile mais va le pousser à ranger sa cave pour trouver de la place aux conteneurs. Après ce tri lui vient l'idée de creuser le sujet qui les préoccupe tous, essayer de connaître les pires moments que la terre a traversé. L'occasion de rendre visite à Igor Mumsen, un vieil érudit qui possède des livres de Procope de Césarée relatant l'ère de Justinien, les guerres et les catastrophes endurées par le peuple. «Je tenais avec cette œuvre de quoi m'occuper des semaines. Je ne savais pas encore ce que je pourrais en faire, si c'était du travail ou une lecture sans but, mais cela produisait sur moi l'effet exact que je cherchais. J'étais ailleurs, dans un autre espace-temps, à partager les préoccupations et les vicissitudes d’un historien, d’un général et d'un empereur qui n'étaient plus que poussière depuis mille cinq cents ans. Je lisais avec avidité ces histoires de massacres, de villes assiégées et pillées, de revirements d'alliances, d’assassinats qui faisaient passer les années 1970 pour un bal des débutantes, et je relativisais un peu nos malheurs de Modernes, et je respirais mieux.»
    Vincent Message ne nous cache rien des tourments de son personnage, des difficultés psychologiques au sein de la famille, du degré de saturation que la situation engendre. Sa fille de dix-huit ans qui s'éloigne toujours un peu plus de lui, sa femme qui n'en peut plus de tenir le ménage à bout de bras. Mais le romancier nous offre aussi les clés pour s'affranchir de cette période très pénible à vivre. Avec les livres, avec la poésie d'Hölderlin, avec des projets d'écriture, avec les rencontres qu'il va faire.
    Après Cora dans la spirale qui nous confrontait, à la complexité de la vie d’une femme soumise à une société de la performance et à la violence du management, Vincent Message se penche, tout au long de cette chronique d'une année particulière – durant laquelle tous les repères sont brouillés – sur une France de plus en plus dure, une jeunesse opprimée et un avenir incertain face aux enjeux climatiques. Et semble s’interroger sur les prochaines années sans soleil.
    https://urlz.fr/h6Rc

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