Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction
Depuis l'époque de Boulgakov, la littérature russe n'avait pas produit de romancier qui sût allier l'imaginaire fantastique et le sens du réel avec la puissance narrative qu'on trouve chez Lipskerov. Le Dernier Rêve de la raison, l'une de ses oeuvres maîtresses, et la première à être traduite en français, se situe, comme Le Maître et Marguerite, dans la lignée gogolienne, paradoxalement plus vériste que le naturalisme alors même qu'elle affectionne le surnaturel, et centrée sur l'universel quand elle évoque l'ici-et-maintenant de la réalité russe la plus terne ou sordide.
Les mésaventures du vendeur de poisson Ilyassov et du policier Sinitchkine, deux personnages a priori ordinaires, voire minables, servent de prétexte au déploiement d'un récit totalement imprévisible, plus palpitant qu'un suspense et doublé d'une métaphysique qui convainc d'autant mieux qu'elle ne cherche jamais à s'imposer. L'énorme succès de ce roman en Russie, où il a connu plusieurs éditions, témoigne du don rare de Lipskerov, d'émerveiller à la fois le grand public et le lectorat le plus exigeant.
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