Thomas Molnar pose une question, indiscrète:la science politique nous découvre-t-elle la vérité sur les sociétés, ou se contente-t-elle de conforter nos préjugés? Sa réponse est plutôt pessimiste. L'animal politique est un livre nourri à la fois par la réflexion et par l'observation des faits. Molnar ne s'est pas contenté de réfléchir sur les monuments anciens et modernes de la pensée politique. Il ne cesse de parcourir le monde pour voir de plus près les phénomènes bizarres que l'information tamise et déforme. Après La gauche vue d'en face et Sartre, philosophe de la contestation, ce nouvel essai, courageux et audacieux parce qu'indépendant, ouvre des perspectives neuves. On ne dit pas souvent que le mot démocratie n'a pas le même sens dans les pays où elle est née et dans le tiers monde, où elle représente l'idéal d'une corruption moindre et d'une société plus unie (mais ne suppose ni «pluralisme» ni «libéralisme»). Paradoxe de l'histoire:c'est la gauche qui se moque aujourd'hui de la démocratie, c'est la droite qui s'y accroche. On ne dit pas souvent que les régimes militaires - qui se multiplient - sont pour les nouvelles nations la chance de trouver leur identité, et d'assurer les besoins populaires. On n'aime pas penser non plus que la pensée utopique qui veut changer l'homme a toujours pour effet bureaucratie et massification. L'animal politique dévoile des vérités qu'on ne veut pas voir, celles qui font mal, les seules qui méritent d'être dites.
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