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Brouillage des identités politiques, perte des repères intellectuels et moraux, oscillation entre la révolte et la résignation : à qui veut saisir le vertige des temps de crise, les années trente offrent tout cela. Honni ou adulé, Nietzsche s'y révèle maître à penser sans interdire à Kojève d'imposer alors l'autorité de Hegel et l'incroyable démonstration de La fin de l'Histoire. Rien ne mobilise autant que la conviction de l'irrémédiable. Mais plus qu'à l'engagement pour quelque cause universelle, l'époque pousse à s'immerger dans les combats de l'heure, pour en capter l'exaltation collective.
Le modèle de l'intellectuel sartrien paraîtra bien fade au regard de la frénétique volonté d'agir, même sans perspectives, qui dévore en France, à la veille de la guerre, nombre de gens de lettres. Jean-Michel Besnier montre ici à quel point Georges Bataille est exemplaire de cette volonté qui le destine, pense-til, à l'impossible. Son itinéraire connaît la violence des orages et l'obstination silencieuse des désirs.
Les années trente sonnent le glas de « la volonté dêtre tout » que philosophes hégéliens, marxistes et fascistes ont peu ou prou cultivée, jusqu'à l'absurde et au monstrueux.
Jean-Michel Besnier présente et confronte dans ce livre les destins intellectuels de ceux qui ont donné à l'époque sa tonalité. Lauteur mêle l'histoire des idées, la critique philosophique de la notion d'engagement et la réflexion politique sur le rôle des intellectuels, offrant ainsi d'une période qui nous hante encore l'image d'un désarroi de combat.
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