2018 commence abruptement avec la mort des éditeurs Bernard de Fallois et Paul Otchakovsky-Laurens et celle du grand écrivain israélien Aharon Appelfeld.
La parole des auteurs vous présente le roman de Marie Darrieussecq Clèves (éditions P.O.V).Clèves raconte l’éveil à la vie amoureuse et sexuelle d’une petite fille, en province, il y a une trentaine d’années environ......
2018 commence abruptement avec la mort des éditeurs Bernard de Fallois et Paul Otchakovsky-Laurens et celle du grand écrivain israélien Aharon Appelfeld.
Pour certains, leur premier opus a fait mouche. Leur livre a séduit l’éditeur qui a accepté de le publier et la notoriété leur est tombée dessus. On a tout de suite crié au succès, au génie…. ou au scandale. La presse les a encensé de critiques dithyrambiques ou au contraire porté leur œuvre au pilori mais ils sont devenu célèbres grâce à un talent d’écriture. Ils ont su surprendre. Certains ont écrit d’autres livres à succès et d’autres sont entrés dans la légende avec un seul….ou tombés dans l’oubli. Petit florilège de pépites.
Elle est la Française d’Hollywood. Finie, l’adolescente dont la découverte des premiers émois sexuels avait donné matière à « Clèves », le précédent roman de Marie Darrieussecq. Solange a donc quitté le Pays basque pour traverser l’Atlantique et tourne désormais aux côtés de Matt Damon et de George Clooney.
Les deux tiers des artistes, sont des hommes, quoique depuis quelques années le pourcentage des femmes auteures augmente. Très logiquement, les femmes devraient représenter un tiers des écrivains primés ! Il n'en est rien. A l'exception du prix Femina, dont les lauréats, sont plus de 30 % à être des lauréates ! Zoom sur ces femmes primées dans l'univers impitoyablement masculin des prix littéraires.
C'est amusant, quand on googlise "Pas dormir" ce sont moult livres/albums pour enfants qui surgissent...! Marie Darrieussecq se livrerait-elle dans "Pas dormir" ?
On la connaît depuis "Truismes" en 1996 son 1er roman que j'ai adoré, scotchée.
Pourtant -Celui-ci est son 18ème édité- je ne l'ai plus lue sauf le dernier "la mer à l'envers" en 2019 j'ai adoré aussi ce témoignage poignant sur le sort des migrants, leur vie et traversées, bouleversantes.
Et ce titre "Pas dormir" me parle et me tente aussi beaucoup.
En 4ème "Je ne dors pas. J'ai perdu le sommeil. (...) Qu'est-ce qui ne dort pas quand je ne dors pas? (...) L'insomnie se nourrit de ce sentiment confus: il y a autre chose.
Alors pour dormir j'ai tout essayé".
Cela promet non?
N'oublions pas elle est auteure, certes, traductrice et "Je suis devenue psychanalyste pour me guérir de ma clinophilie. Il faut être à l'autre, l'accueillir à la verticale et pimpante si possible. Pas en pyjama. Mes parents m'ont tirée du lit."
"Mes patients me soignent." disait Winnicott.
Bonjour . Ce livre ne se lit pas comme une biographie ou un roman : il est des pensées qui virevoltent , s'attachent , se lient , se séparent .Il est des souvenirs de Paula Modersohn -Becker vus au travers du regard de Marie Darrieussecq
Ce livre est un recueil d'images écrites , des portraits , des moments de vie, des regards qui nous dépeignent une gravure vivante" une porte peinte en gris , fermée à clef , menait à un étage où j'imaginais des fantômes"
On imagine facilement une photographie :" Sa tombe : elle est horrible...une femme à demi nue , allongée , plus grande que nature , un bébé assis nu sur son ventre"
La narratrice dit encore " Les prémonitions " de Paula l'ont figée en personnage romantique : la jeune fille et la Mort"
Marie Darrieussecq dit ses sentiments devant l'histoire de Paula Modersohn-Becker . Elle dit son attachement à une personne qu'elle n'a jamais rencontré ou seulement au travers de ses peintures:" Paula est jeune éternellement...Petite, menue. Les joues rondes . Des taches de rousseur . Un chignon flou, la raie au milieu "d'un or florentin" , dira Rilke"
Nous parcourons cette biographie où apparaissent des extraits de textes écrits par ses ami(e)s :"...Elle levait la tête avec une expression de plaisir , comme faisant surface , et du fond de ses yeux sombres et brillants , elle vous regardait avec intelligence et joie"
C'est un vrai délice de découvrir l'histoire de Paula Modersohn -Becker grâce à la plume de Marie Darrieussecq , poétique " l'Allemagne de Rilke , le poète c'est" un pays de jeunes filles et de roses , de fantastique et de métamorphose.." ; légère " A Paula le premier soir , Rilke parle des couleurs de la lande" , parfois émouvante "Je me promenais dans la maison de Worpswede , un ruban rouge entre moi et un vaisselier...Je repensais à la tour Martello de Joyce à Dublin , à la romanesque théière bleue , aux tasses . Ala maison d'Arno Schmidt à Bargfeld , au bureau figé le jour de sa mort , à ses lunettes , à la boîte de café dans la cuisine , le dernier café de sa vie .Des objets devenus comme des hologrammes ...Si le collier de Paula lui survit quelque part , voit-o-n à travers l'ombre , l'abeille de son regard"
Belles lectures . Prenez soin de vous.
Autobiographie partielle et originale de l’auteure qui nous fait part de son problème de clinophilie entrainant un problème d’alcool entre autre, dans un traité sur l’insomnie.
Le texte regorge de références littéraires. « Proust dort au véronal, Nietzsche dort au chloral, Jean Genet au Nembutal, et Joan Didion au Penthotal (…) Céline invente le Somnothryl. » J’ai été un peu déçue par l’afflux de références littéraires reçu comme une compilation tirée de Google bien que l’écrivaine est aussi une grande lectrice très cultivée ce qui ne fait pas défaut à son livre.
L’essai est compartimenté sur tous les thèmes relatifs au sommeil et on peut aisément passer d’un thème à l’autre. J’ai bien aimé la partie voyage, les lits, les chambres d’hôtels, les forêts, les animaux et sa réflexion sur l’avenir de la planète mise en danger.
Pourtant, ses difficultés et cette vie qu’elle traine sans pouvoir dormir m’a mise mal à l’aise.
Je me suis dit flûte si ça m’arrivait, alors que je dors mon comptant de huit heures pleines même si mon horloge biologique tend à être du soir et pas du tout du matin… Et je n’ai pas du tout aimé cette idée à tel point que la nuit qui suivit la fin de ma lecture, je me suis réveillée à 4 heures du matin comme elle, ce qui ne m’arrive jamais ! Pouah… Somme toute vite rendormie bien que je me suis demandée pourquoi ne pas me lever, déjeuner, faire une heure de gym, sortir pour un petit jogging, me doucher et m’habiller, fin prête pour une longue journée en forme comme de nombreux patrons hyper matinaux que j’ai rencontrés très dynamiques et qui, alors que j’arrivais au bureau en me trainant, eux à 9h00, avaient déjà fait un jogging, était sur leur 31, avaient fait une réunion importante et signé un méga contrat avec l’Asie ou étaient dans un premier train ou avion…
J’avais envie de dire à Marie Darrieussecq de moins s’étudier et faire avec comme le font des millions de gens.
Mon père dormait 4 heures par nuit, pétait la forme les 20 autres heures du cadran et je l’enviais car moi je perds beaucoup de temps dans mon lit, le lieu préféré de mon habitat exclusivement réservé au coucher et un peu de lecture le soir… Pas question d’un King-size avec des miettes de gâteau dessus comme le sien! Mon père n’a jamais pensé à une maladie bien au contraire. Pour lui, c’était un atout.
Toujours est-il que Marie Darrieussecq sait très bien traduire par l’écriture l’angoisse de l’insomnie qui a surgi dans sa vie suite à la naissance de son premier enfant. Le sommeil l’a quitté subitement, « loin de moi comme une ombre.»
Moi, ça me fout les jetons…
En photo à Yaoundé, son ami Nicolas Fargues, un écrivain que j’apprécie beaucoup est lui aussi insomniaque mais lui explique qu’il s’adapte. Faire avec quand on ne peut faire autrement. Il s’organise en travaillant beaucoup sans histaminiques et toutes ses cochonneries chimiques qu’elle cite à grand renfort de pilules de toutes sortes et dont elle nous offre en sus la photo de sa réserve.
Dans l’ensemble, le livre m’a mise mal à l’aise par sa réalité et son vécu d'insomnie forcée.
De nombreuses photos et dessins parsèment le texte de façon assez hétéroclite dont des appartements dévastés à Tchernobyl où elle s’est rendue en Ukraine.
Ukraine… Pas dormir…
Je n’étais pas a priori la première cible d’un ouvrage sur l’insomnie car j’ai tendance à
m’endormir en un battement d’aile de papillon. Pourtant, je me suis très facilement plongée
dans cette étude que j’ai trouvée enrichissante et pleine d’humour. Marie Darrieussecq a
cette capacité incroyable à vous faire pénétrer ses pensées et son intimité comme si on se
trouvait à ses côtés. A la fin du livre, elle est devenue une amie.
C’est un ouvrage très bien écrit, extrêmement bien documenté. C’est toujours un plaisir de
livre l’ouvrage d’une personne aussi cultivée.
Je le recommande chaleureusement à tous ceux qui peinent à trouver le sommeil mais aussi
aux autres car il est d’une grande finesse et va bien au-delà d’un simple rapport sur
l’insomnie. Il raconte son auteure avec une grande autodérision et beaucoup de sagesse.
Une belle découverte.
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