Un roman littérairement et politiquement magistral !
La petite communiste qui ne souriait jamais (Actes Sud) est le quatrième roman de Lola Lafon. Véritable succès de librairie, elle évoque le destin de Nadia Comaneci, véritable icône des années 70, petite gymnaste roumaine championne hors pair...
Un roman littérairement et politiquement magistral !
Après "La petite communiste qui ne souriait jamais", Lola Lafon nous captive avec son nouveau roman de "Mercy, Mary, Patty"
Après avoir établi une liste de trente romans le 20 mars dernier, le jury du Prix Orange du Livre s'est à nouveau réuni ce lundi 28 avril pour sélectionner les cinq finalistes.
Cinq romans sont en lice pour le Prix Orange du Livre 2014. Cinq romans sélectionnés par le jury pour leurs indéniables qualités littéraires. Cinq romans soumis au vote des internautes pour déterminer qui sera le lauréat de cette 6e édition. Mais qui se cache derrière ces pages, cette plume, cette verve ? Comment ont réagi les auteurs à l'annonce de leur nomination ? Hubert Mingarelli, Lola Lafon, Marc Lambron et Maylis de Kerangal ont accepté de répondre à quelques questions.
Dans le cadre de « Ma nuit au musée », collection des éditions Stock, un écrivain choisit un musée pour y passer, seul, une nuit, avant d’écrire son ressenti, son vécu.
Si Lola Lafon a demandé à aller à Amsterdam pour vivre une nuit dans la Maison Anne Frank, dans cette fameuse Annexe de l’entreprise d’Otto Frank, ce n’est pas un hasard. Cela, l’autrice de, entre autres, La petite communiste qui ne souriait jamais et de Mercy, Mary, Patty le fait bien comprendre dans Quand tu écouteras cette chanson, un livre qui pousse très loin émotions et informations, un livre qu’elle nous avait présenté lors des Correspondances de Manosque 2022 et qu’il fallait absolument que nous lisions : merci Pauline !
J’ai beaucoup apprécié cette lecture faite de confidences et de ressentis au cours d’une nuit vécue en solitaire dans cette quarantaine de mètres carrés où Anne Frank, ses parents et sa sœur, Margot, ont tenté de vivre pendant sept cents jours.
Le fait que Lola Lafon soit juive, comme Anne Frank, que sa mère ait aussi dû se cacher pendant la seconde guerre mondiale, complète un tableau qui se veut réaliste et surtout pas larmoyant.
Lola Lafon remet cette vie retranchée dans son contexte historique. Elle rappelle que les Juifs, avec cette fameuse étoile jaune, étaient traités comme des pestiférés par l’occupant nazi, souvent soutenu localement par les mouvements fascistes.
Avant d’écrire Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon a pu rencontrer Laureen Nuisbaum, une des dernières personnes à avoir connu Anne Frank qui avait onze ans alors que Laureen en avait quatorze.
Après avoir fui l’Allemagne en 1933, les Frank s’étaient bien intégrés aux Pays-Bas, à Amsterdam. C’est l’occasion de rappeler que les nombreux Juifs qui ont voulu émigrer aux États-Unis pour fuir le nazisme ont été bloqués ou ont dû faire demi-tour comme ce fameux paquebot… c’était un retour vers la mort !
Lola Lafon écrit bien. Avec émotion et précision, elle rappelle toutes les versions édulcorées du Journal d’Anne Frank, particulièrement aux États-Unis, que ce soit au théâtre ou au cinéma. Il ne fallait pas choquer !
Ce cahier, ces notes rédigées par Anne Frank, dans l’Annexe, avaient été éparpillées dans sa minuscule chambre et c’est Otto Frank qui, de retour des camps, a pu les classer pour que le témoignage de sa fille, un vrai travail d’écrivaine, ne soit en aucun cas effacé.
Lola Lafon précise les dates et détaille la vie de cette famille qui espérait échapper à la Shoah mais elle s’en écarte aussi pour parler de son enfance dans la Roumanie de Ceaușescu et de son arrivée en France à l’âge de douze ans. Elle n’hésite pas à écrire ce qu’elle pense à partir de la courte vie d’Anne Frank. Elle exprime ses pensées les plus secrètes, se confie et c’est formidablement émouvant.
Elle se déplace dans l’Annexe mais a du mal à entrer dans la chambre d’Anne. C’est là qu’elle se souvient de ce jeune homme, Charles Chea, rencontré dans un jardin public. Il avait quinze ans, étudiait dans un lycée parisien et ses parents vivaient à Bucarest où son père était fonctionnaire à l’ambassade du Cambodge. Hélas, là-bas, les Khmers rouges qui avaient pris le pouvoir, ordonnèrent à la famille de rentrer à Phnom Penh.
Après dix jours d’insouciance, de joie folle, Charles avait dû partir. Une brève correspondance s’était instaurée puis, plus rien. Charles adorait I started a joke, la chanson des Bee Gees et c’est en l’écoutant, grâce à Charles, qu’elle a pu entrer dans la chambre d’Anne Frank pour ne pas oublier ceux qui ont disparu, victimes de la barbarie, de la folie humaine.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/05/lola-lafon-quand-tu-ecouteras-cette-chanson.html
La collection Ma nuit au musée des éditions Stock propose à des écrivains de passer une nuit dans le musée de leur choix pour ensuite raconter leur séjour nocturne.
Dans ce cadre-là, le 18 août 2021, Lola Lafon a passé une nuit à la Maison Anne Frank, à Amsterdam, dans l’Annexe, là, dans les pièces exiguës où Anne, sa sœur Margot, leurs parents et quatre amis, « vingt-cinq mois durant, ont dû se plier au silence, en apprendre toutes les nuances, des chuchotements jusqu’aux pas feutrés en passant par l’immobilité totale ».
Mais quelque chose l’empêche d’entrer dans la chambre de l’adolescente, où celle-ci rédigea son Journal. Elle ne parviendra à en pousser la porte qu’en toute fin de nuit.
Ce lieu que l’écrivaine a choisi n’est sans doute pas le fruit du hasard, il fait tellement écho à l’histoire de sa propre famille, cette histoire familiale à laquelle elle va devoir se confronter ainsi qu’à d’autres fantômes…
Lola Lafon a essayé de comprendre Anne Frank que le monde connaît tant qu’il n’en sait pas grand-chose si ce n’est cette image d’une pâle jeune fille aux cheveux sagement retenus par une barrette, assise à son petit secrétaire, un stylo à la main.
Le Journal d’Anne Frank est le plus lu dans le monde, mais il a été coupé, manipulé. À sa parution aux États-Unis, pas une allusion au régime nazi, ni à la Shoah...
Aussi tente-t-elle de se représenter la vie suspendue de cette ado qui n’a que 13 ans quand elle se réfugie dans l’Annexe le 6 juillet 1942, jusqu’au 4 août 1944, quand la Gestapo l’envahit et met tout à sac et qu’elle va mourir à Bergen-Belsen.
Elle nous fait découvrir l’histoire de ce Journal, ce Journal qu’il ne faudrait pas réduire à un simple journal intime, un témoignage ou à un testament. La jeune fille voulait devenir écrivaine ou journaliste et l’a donc réécrit, persuadée que son texte saurait trouver le futur.
Ce Journal est l’œuvre d’une écrivaine et non l’œuvre spontanée d’une adolescente comme le laissent à croire toutes les éditions.
Le travail de Lola Lafon est primordial pour rétablir la vérité sur ce destin jugé trop sombre à Hollywood ou à Broadway.
Pour son adaptation au théâtre en 1953, l’histoire d’Anne Frank est jugée trop juive et trop sombre et des réécritures sont faites, les producteurs remplaçant sa voix par une autre moins triste et plus universelle, pour en faire une histoire soigneusement expurgée de ce qui pourrait fâcher. Elle est récompensée par un prix Pulitzer.
Quand le cinéma s’en empare en 1958, même chose, c’est une « Anne » de fiction, toute de douceur et d’espoir qui triomphe, le contraire de cette fille bavarde et audacieuse, consciente de la mort qui pouvait advenir à tout instant. Le film sera récompensé par quatre Oscars…
C’est le récit de cette longue nuit que Lola Lafon nous livre, tissant comme une toile entre l’histoire d’Anne Frank et sa propre histoire personnelle et familiale trouée de silences qu’elle convoque ici.
Comme Otto Frank, le père d’Anne, son grand-père a été victime de la « foi tragique » qu’il avait placée dans un pays d’accueil, persuadé que, s’il s’en donnait la peine, il y serait respecté, protégé : «Je sais l’histoire de ces familles élevées dans l’amour d’une France de fiction, celle d’Hugo, de Jaurès et de la Déclaration des droits de l’homme. Je sais que, loin du havre qu’ils espéraient y trouver, ils y ont été humiliés, pourchassés, déportés. »
Difficile de trouver les mots pour dire combien j’ai été remuée, bouleversée à la lecture de ce livre, terrassée par la beauté de ce texte, surprise puis atterrée de voir comment les éditeurs puis les producteurs de pièces de théâtre et de films avaient pu manipuler et couper cet écrit pour le lisser et le rendre conforme à l’attente du public. Honteux !
La seule évocation du titre, Quand tu écouteras cette chanson, (chanson des Bee Gees « I started a joke ») m’affecte intensément et me fait monter les larmes aux yeux. Elle fait en effet référence à un jeune lycéen que Lola Lafon a connu et avec lequel elle a correspondu. Il se révèle être la clef du bouquin.
Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon a reçu le Prix Décembre 2022 et le Prix Les Inrockuptibles 2022, des prix amplement mérités !
Je remercie très sincèrement Pauline pour cette sublime lecture.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/04/lola-lafon-quand-tu-ecouteras-cette-chanson.html
Dans la collection Ma nuit au Musée, Lola Lafon évoque son expérience au Musée Anne Frank à Amsterdam.
Et nous emmène avec elle dans la densité de l'absence, et dans les réflexions et émotions qu'elle traverse. Profond et bouleversant.
Ce roman est tout simplement bouleversant. Je me suis laissée bercer par le poignant message véhiculé par l'autrice. J'ai été touchée par le parallèle entre le vie de celle-ci et le destin tragique d'Anne Frank. Ce lien apparaît sans en faire trop mais avec une jolie pointe de justesse.
La plume de Lola Lafon est percutante et douce à la fois. Une très belle découverte.
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