Laurine Roux revient sur "L'autre moitié du monde" mais aussi "Sur l'épaule des géants", son dernier roman
Le 19 janvier dernier, Laurine Roux nous offrait une rencontre littéraire passionnante sur "Un endroit où aller". La romancière revenait ainsi sur L'autre moitié du monde, récompensé par le Prix Orange du Livre 2022, et évoquait...
Laurine Roux revient sur "L'autre moitié du monde" mais aussi "Sur l'épaule des géants", son dernier roman
Rendez-vous le jeudi 19 janvier à 19h sur le site « Un endroit où aller »
Un roman débordant de générosité et d’humanité, toujours porté par la plume magnifique de Laurine Roux
La lauréate du Prix Orange du Livre 2022 vous emmène dans une saga familiale épique
J'ai pris énormément de plaisir a dévorer ce magnifique livre. Les petits chapitres très courts et rythmés sont pleins d'humour. le livre est positif sans être mielleux et l'on a un grand plaisir a suivre le destin de cette famille au long du siècle dernier. Un vrai coup de cœur.
Bienvenue dans la famille Agulhon. A Ales, dans le Gard, l’arrière arrière grand mère vient de mourir. Pas de quoi en faite une affaire d’état pour le jeune Gabriel, plus préoccupé par le fait de rater son entraînement de foot que par la disparition de cette Mamita de 107 ans à la mémoire défaillante. Et pourtant… quelle vie, et quelle famille! Contée par Camélia, sa mère, elle lui fera sûrement revoir son jugement.
Une famille qui voit son berceau aux Mûriers, du nom des arbres où sont élevés les vers à soie, fierté de l’aïeul Barthélémy. Une famille qui produira un nectar qui enivrera des générations et réjouira les papilles des plus fins connaisseurs. Une famille, férue de science et d’art, qui croisera Pasteur et Picasso, et qui paiera un lourd tribu à chacune des guerres du siècle. Une famille ou les femmes femmes portent des noms de fleurs, mais qui surtout portent la culotte, des femmes fortes, non conformistes, pugnaces et courageuses. Une famille où les chats philosophent, se piquent d’ironie mordante, de bons mots et de calembours. Une famille pour qui empruntant le Paris Nîmes, sera attirée par la capitale, mais qui toujours reviendra dans le mas familial, refuge de toutes les peines, écrin de tous les bonheurs. Une famille extraordinaire, tout simplement.
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Là où certains auteurs entent dans le même registre au fil de leurs romans, Laurine Roux, elle, ne cesse de nous surprendre. C’est dans uns saga familiale que l’on la retrouve ici, une fresque sur plus d’un siècle contée à la manière d’un feuilleton du XIXeme. Tout y est savoureux. Les noms de chapitre, qui aiguisent la curiosité et tissent la trame des lignes à suivre. La langue , un peu surannée, recherchée et travaillée. L’intrigue, aux rebondissements rocambolesques qui croise la grande histoire avec délice et réussite. Les personnages, enfin, hauts en couleurs, attachants, des doux dingues passionnés et passionnants.
Mention particulière pour les très belles illustrations qui donnent un charme supplémentaire à cette lecture surprenante.
Impatiente de savoir où Laurine Roux nous embarquera dans son prochains livre. Dans tous les cas, je serai du voyage
Nés de la crise agraire dans un pays resté en marge du développement industriel de l’Europe, grèves et anarchisme secouent l’Espagne depuis longtemps déjà, lorsqu’au début des années trente, l’état d’urgence est décrété, puis le roi forcé à l’exil. Jusqu’ici demeurés à l’écart de l’agitation, les paysans du delta de l’Ebre, au Sud de la Catalogne, continuent encore de subir la férule quasi féodale des Ibáñez, propriétaires omnipotents des rizières. Mais un drame de trop, provoqué par les brutales iniquités de doña Serena, la Marquise, et de son cruel fils Carlos, met le feu aux poudres. Et pendant que la guerre civile finit par s’emparer aussi de ces paisibles lagunes où elle a grandi en sauvageonne, la jeune Toya n’a bientôt plus de cesse que de rejoindre les combattants de la liberté et de venger les siens.
Commencée dans l’innocence au simple rythme des saisons, entre les savoureux fumets dont sa mère emplit les cuisines du château et le bruissement dans la brise saline des épis de riz qui étalent de vastes aplats ocres sous la brûlure d’un soleil ardent, l’enfance de celle que l’on surnomme affectueusement la « pequeña salvaje » se déroule au plus près d’une nature qu’elle absorbe par tous ses pores et dont chaque page du roman exhale les parfums et les couleurs. Avant que l’Histoire et ses soubresauts ne viennent souffler la tempête, c’est donc toute une géographie, qu’en une vivante peinture, la narration se plaît à nous faire ressentir avec la même viscéralité que ses personnages.
Dans ce décor, le temps semble n’avoir aucune prise. Traités comme du bétail par une aristocratie propriétaire de toutes les terres, soutenue par l’Église et proche du pouvoir militaire qui commence à multiplier les tentatives de coup d’État contre la toute jeune République, les paysans vivent quasiment comme les serfs d’autrefois, misérablement exploités et maltraités, sans défense ni droits. Laurine Roux excelle à mettre en scène la morgue et la cruauté des uns, bientôt supplantées par la peur et la violence aveugle, alors qu’harassés et impuissants, les autres subissent en silence, laissant grandir la colère et la haine qu’une étincelle d’espoir, rapportée par l’instituteur et son ami avocat d’une Barcelone en plein affrontement entre nationalistes et républicains, finit par transformer en vague révolutionnaire. Alors, avant qu’une répression sanglante ne s’abatte définitivement sur les insurgés, se déploie le temps compté d’une liberté et d’un espoir de justice sociale, portés par l'anarchisme et par la collectivisation des terres.
Le désenchantement sera à la hauteur du rêve, anéanti par la dictature, les exécutions et l’emprisonnement. Toya, qui aura vu mûrir puis flétrir l’espoir en même temps que l’amour, n’oubliera rien de ses passions et de ses idéaux. Elle en portera éternellement le deuil, sous la forme de ces bouquets d’oeillets sur lesquels s’ouvrent le récit, obstinément déposés au même endroit, en bord de route, en un geste qui la fait passer pour folle.
Un récit magnifique et poignant, où les fantômes de l’Histoire espagnole s’incarnent en quelques personnages forts et inoubliables, au fil d’une narration aux phrases courtes et aiguisées, sans dialogues, dont l’aspect rétrospectif ajoute au sentiment de fatalité tragique. Coup de coeur.
Je pense avoir lu tous les ouvrages de Laurine Roux et à, ,je pars dans un monde nouveau, elle se réinvente à chaque fois pour mon plus grand plaisir .
Je suis les péripéties de la famille Aghula depuis les années mille-huit-cent-cinquante jusqu’à nos jours. Les hommes sont fantasques, inventeurs, créatifs, la tête dans les nuages ou dans les formules. Les femmes osent, ont les pieds sur terre, créatives également. Ainsi, la magnanerie en perte de vitesse est remplacée par des vignes. Une famille de dingues, de doux dingues qui sont la base de créations, une famille de passionnés, de gens qui ne se retiennent pas, qui osent.
J’allais oublier les personnages dits secondaires mais très importants : les chats ! Oui, ils parlent, philosophent, mais ça c’est peut-être normal au vu de leurs prénoms, Socrate, Erasme, Diogène, Newton, et attention, tous de la même lignée paternelle. Au fil des pages ils donnent doctes conseils aux humains. Les gravures d’Hélène Bautista complètent l’écrit d’une très belle manière.
J’ai aimé cette saga, vive alerte malgré les moments très difficiles que la lignée connaît. La cadence des mots, la joyeuseté du livre, les chapitres courts m’ont donné des envies de polka. Et puis, le choix des titres qui, tous, débutent par « où ». Tout ceci m’a fait penser aux feuilletons du dix-neuvième. A partir des faits réels de l’Histoire, l’autrice brode une saga pleine de fantaisie.
Laurine Roux m’enchante car elle est capable de changer d’univers de livre en livre avec toujours le même brio. J’aime les jeux ses mots, son érudition, sa fantaisie.
Combien cela fait du bien un tel livre où le nombril de l’autrice ou de l’auteur ne s’exprime pas.
Merci Laurine Roux pour ce divertissement, mais pas que…, intelligent et plein d’esprit.
Je ne peux que vous recommander de vous poser sur l'épaule des géants et découvrir tout ce que je n'ai pas dit.
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