Jean-Pascal Dubost

Nicole Tribouilloy sur Kerouac de Huelgoat de Jean-Pascal Dubost

Kerouac de Huelgoat… j’imaginais le récit de la vie et des exploits d’un personnage local. Après quelques pages de lecture, je comprends mon erreur : le Kerouac dont il est question est Jack, celui de la route, celui de la Beat Generation.
Jean-Pascal Dubost nous emmène à la recherche...
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Kerouac de Huelgoat… j’imaginais le récit de la vie et des exploits d’un personnage local. Après quelques pages de lecture, je comprends mon erreur : le Kerouac dont il est question est Jack, celui de la route, celui de la Beat Generation.
Jean-Pascal Dubost nous emmène à la recherche topographique des traces du passage de l’écrivain sur les sols finistériens, passage éclair, alcoolisé.
Alors mon désir de lire Kerouac se réactive, « Sur la route m’attend » quelque part, je vais m’y plonger.
Car ce récit elliptique, très court, nous emmène à la fois dans la profondeur moussue et majestueuse de la forêt de Huelgoat. Il nous présente l’homme Kerouac, avec ses faiblesses intimes, ses bassesses, et pose le problème de la relation entre l’homme qui écrit et son œuvre : « il faut à un moment donné séparer l’homme de l’œuvre et s’attacher à l’une et pas à l’autre. » Evidemment, ce problème récurrent n’est pas tranché.
Jean- Paul Dubost n’est pas tendre avec Jack Kerouac, il en a le droit. Son récit est intimiste, il ne prétend pas à LA vérité. Pour étayer son point de vue, il décrit l’émouvante stèle dédiée à Victor Ségalen érigée dans la forêt, tout près.
Et c’est je crois le grand intérêt de ce texte : il invite aux voyages, voyage à Huelgoat pour aller voir la plaque de Kerouac, pour découvrir la stèle de Victor Segalen, pour savourer cette magnifique et mystérieuse forêt.
Mais aussi voyages littéraires pour lire sur Kerouac, pour lire Kerouac, pour lire Segalen, cet autre écrivain voyageur aux racines finistériennes.
L’écriture de Jean-Pascal Dubost est particulière : le vocabulaire est recherché, parfois précieux, mais la syntaxe suit le rythme des pensées de l’auteur, ses ellipses, ses exclamations.
J’ai trouvé ce récit attachant, original, documenté. Ce n’est pas un essai puisqu’il ne prétend pas à l’objectivité ni à l’exhaustivité. C’est un petit moment de vie, une déambulation sylvestre, littéraire et piétonnière.
De plus, j’ai beaucoup aimé l’objet livre : un format réellement poche, que l’on peut emporter en balade (à Huelgoat par exemple !), une typographie claire, une mise en page aérée. En consultant le catalogue de Réalgar, je découvre des choix risqués, ambitieux, originaux.
A suivre et à soutenir.