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Iva Pezuashvili

Iva Pezuashvili
Iva Pezuashvili, né en 1990 en Géorgie, cinéaste et auteur engagé, a gagné le prix de littérature de l'Union européenne 2022 pour Le Bunker de Tbilissi et vient d'être nommé président du Pen Géorgie.

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    Couverture du livre « Le bunker de Tbilissi » de Iva Pezuashvili aux éditions Emmanuelle Collas

    Géraldine C sur Le bunker de Tbilissi de Iva Pezuashvili

    Lecture de l’un des auteurs géorgiens de la rentrée littéraire achevée ! Iva Pezuashvili est scénariste et écrivain, il est lauréat, avec ce titre, du Prix de Littérature de l’Union européenne, cru 2022. Les Éditions Emmanuelle Colas viennent de publier Le bunker de Tbilissi, son deuxième roman,...
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    Lecture de l’un des auteurs géorgiens de la rentrée littéraire achevée ! Iva Pezuashvili est scénariste et écrivain, il est lauréat, avec ce titre, du Prix de Littérature de l’Union européenne, cru 2022. Les Éditions Emmanuelle Colas viennent de publier Le bunker de Tbilissi, son deuxième roman, qui a également reçu le Tsinandali Prize, le prix Tsinandali, du nom d’une ville de l’est de Tbilissi. À la manière de 24 heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig, ce roman se déroule ainsi sur la durée d’une journée et sous les focalisations des quatre membres de la famille de Guéna et Mila dans la capitale géorgienne, Tbilissi. Le roman est également doté d’une préface rédigée par Emmanuelle Colas, historienne de métier, ainsi qu’une carte, très utile pour expliciter le contexte historique, essentiel pour ce roman.


    Tbilissi, 9 avril 2017. Guéna et Mila sont mariés depuis longtemps : ensemble ils ont eu deux enfant, Zéma et Lazare, et ont traversé bien des choses. Notamment le pays entier. Ils sont également issus d’une minorité arménienne, l’Arménie étant pays frontalier de la Géorgie au niveau de ses frontières du Sud. L’histoire du pays est donc lié à celle de son voisin du nord Russe, pour son plus grand malheur. D’ailleurs, le 9 avril 2017, c’est jours de commémoration en Géorgie, en souvenir du 9 avril de l’année 1988 qui a vu la répression de manifestations pacifiques par Moscou, à propos du conflit du Haut-Karabakh entre Arméniens et Azéris. Plus de trente ans plus tard, le conflit est toujours larvé, l’héritage de l’Union Soviétique décidément empoisonné.

    On ressent les prédispositions et le goût de l’auteur pour l’art cinématographique dans l’agencement de sa narration : un récit découpé selon des tranches horaires aléatoires – en fonction de ce à quoi sont occupés les personnages – et sous différentes focalisations, sans oublier les nombreux flash-back qui émaillent le présent de chacun des membres de la famille. La complexité du roman ne s’arrête pas : il faut lire attentivement l’avant-propos et prendre la mesure des conflits interethniques qui déchirent cet endroit du Caucase comme la famille : les parents sont arméniens, mais refusent de le parler, ils ont choisi le russe et ne parlent pas géorgien. Guéna, le père de famille, n’est plus que le fantôme de lui-même, éteint, autrefois un héros de la nation, il est depuis tombé dans l’oubli, ne vit guère que de sa pension, se tient le plus éloigné de sa femme, qui cherche du réconfort ailleurs et qui tient la famille. Quant aux enfants, la fille exerce dans la police et sait que si elle veut avancer, il faudra qu’elle mette un mouchoir sur ses principes et convictions. Le fils vit de petits boulots, assisté de sa mère et de son père, en attendant un emploi qui lui convienne davantage. Il s’exerce au rap, dans sa révolte contre ses clients, la classe aisée Ubereats géorgienne qui commande et se fait livrer ses repas à la demande.

    C’est la guerre de tranchée dans cette famille où chacun vit sa petite vie de son côté, chacun ressasse ses rancunes et rancœurs, celles de minorités, qui ont peu droit à la parole, qui doivent se couler dans le moule et suivre le mouvement ambiant, qu’il soit du gouvernement en place, du patriarcat dans la police, et dans la société, qui fait que les violences conjugales sont moquées, à défaut d’être punies, et que la policière s’impose de suivre silencieusement les traces de ses collègues masculins, que la dégradation de son véhicule ne sera jamais punie. Seulement 24 heures certes, mais une journée qui en dévoile beaucoup, l’essentiel sur l’état d’esprit de ces quatre personnes, qui ne parlent même pas la même langue. La cohabitation est difficile, le père cuve ses souvenirs sur le canapé loin de son épouse, il pense essentiellement à son fils, sa fille est autonome depuis longtemps.

    Le récit débute par une attaque en règle de l’Union soviétique, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Il ouvre sur le fameux vélo soviétique, de la marque Desna dva, on referme l’histoire presque de la même façon. Et entre temps, l’auteur ne se prive pas de lancer quelques piques sur les sourires en toc de l’imagerie soviétique. L’arrivée à Tbilissi, cela marque la perte de son précieux vélo, le seul bien que l’union soviétique ait pu fabriquer d’acceptable, et de bien d’autres choses. Alors que lui reste coincé entre ses souvenirs et leurs ombres, Mila essaie d’avancer, vivre avec son temps, et ses nouvelles technologies, ses réseaux sociaux, l’écart entre eux et le décalage est énorme. À l’image du brassage des communautés dans la capitale : les vestiges de l’Union soviétique face aux avancées inexorables du temps.


    Le bunker de Tbilissi fait référence à l’insalubrité morale de la ville comme de la Géorgie, parti à vau-l’eau depuis la chute de l’URSS, une saleté qui fait référence à l’état de la ville ou chacun s’est approprié ce qu’il voulait, ou les formes d’autorité qu’il reste sont totalement dévoyées (...)

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    Couverture du livre « Le bunker de Tbilissi » de Iva Pezuashvili aux éditions Emmanuelle Collas

    Ally sur Le bunker de Tbilissi de Iva Pezuashvili

    Ce récit nous emmène pour une seule journée dans la vie d’une famille géorgienne, le 9 avril, jour de commémoration nationale.

    Le père, Guéna, arménien d’origine, attend sa pension de retraite pour pouvoir acheter ses paquets de cigarettes. Il ne fait, d’ailleurs, plus grand chose mis à...
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    Ce récit nous emmène pour une seule journée dans la vie d’une famille géorgienne, le 9 avril, jour de commémoration nationale.

    Le père, Guéna, arménien d’origine, attend sa pension de retraite pour pouvoir acheter ses paquets de cigarettes. Il ne fait, d’ailleurs, plus grand chose mis à part boire, traîner avec ses potes et brûler les poubelles de son immeuble.

    Mila, sa femme, a pris les choses en main pour faire vivre la famille. Elle cohabite avec son mari et leur vie de couple est au point mort. Elle a rencontré un homme sur son lieu de travail, appréciant à nouveau d’être désirée.

    Zema, leur fille aînée, est membre des forces de l’ordre. Seule femme de son unité, elle ferme les yeux sur la corruption ambiante et mène une enquête pour savoir qui ose lui voler des pièces de sa voiture.

    Quand à Lazare, le petit dernier de la famille, il se rêve rappeur et en attendant se fait livreur.

    Mais beaucoup de choses peuvent survenir en une journée…

    Ce roman offre une expérience de lecture assez incroyable. Il est bref, environ 150 pages, et pourtant il regorge de thèmes abordés comme autant de miroirs de la situation géorgienne.

    Je pourrais évoquer pêle-mêle : les conséquences de l’influence russe, la violence, le choc de la chute du communisme, le stress post-traumatique, les violences faites aux femmes, la corruption etc

    Ce qui fait de ce roman un récit dense, à la narration parfois complexe qui m’a souvent obligée à faire des allers-retours pour bien tout comprendre.

    Mais pour autant, je n’ai pas réussi à le lâcher car malgré des thèmes assez sombres, le ton du récit est alerte, c’est souvent drôle et cynique.

    Mention spéciale à l’introduction signée Emmanuelle Collas qui permet de mieux comprendre, en quelques pages bienvenue, le contexte géopolitique de la Géorgie.

    Une très belle découverte de la littérature géorgienne.

Bibliographie de Iva Pezuashvili (1)

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