Quel polar lire pour assouvir vos envies d'ailleurs ?
A l’occasion du festival Quais du polar, nous sommes allés rencontrer Francis dans sa librairie Le bal des ardents à Lyon et nous lui avons demandé ses suggestions de romans policier ou thrillers. Pourquoi Lyon ? Parce que nous y avons découvert un...
Quel polar lire pour assouvir vos envies d'ailleurs ?
Le post apocalyptique est très tendance. De nombreux romans s’emparent de nos angoisses, sans doute légitimes, pour ce qui s’annonce dans un futur plus ou moins proche. C’est bien le propos d‘Hervé Le Corre dans ce roman qui se situe à la fin de notre siècle, alors que tout part en vrille. Effondrement de la natalité, épuisement des ressources, mettant à la rue des millions d’humains en quête de survie, au prix le plus souvent d’une violence désespérée.
De mère en fille, elles se racontent, Rebecca, Nour et Alice, qui jouent aussi le rôle de repère temporel dans le brouillard de ce chaos permanent.
Car il faut être clair, le propos est désespérant : le comportement des humains a fait un bond en arrière de plusieurs centaines d’années « un nouveau moyen-âge », la lutte pour la survie est le seul leitmotiv, et génère de multiples scènes de guerre, avec son cortège de viols, tortures, et meurtres odieux. Seul le microcosme des personnages que l’on suit tente de garder un cap où la résilience, l’empathie et l’entr’aide auraient encore un sens. Même les expérimentations de reconstruction d’une société organisée sont l’occasion pour de petits chefs de régner en despote sur une communauté aliénée de tous ses droits (je n’ose même pas aborder le statut des femmes…)
Roman noir, sombre, désespérant, qu’il vaut mieux aborder entre deux feel-goods, même si on n’est pas aficionado du genre.
Malgré tout -, pour les plus aguerris, on peut reconnaitre la qualité de l’écriture et la puissance d’évocation de ce texte glaçant.
400 pages Payot et Rivages 10 janvier 2024
Hervé Le Corre, maître incontesté du roman noir, nous livre ici une dystopie particulièrement anxiogène. Ames sensibles, passez votre chemin !
Ce n’est pas si éloigné de notre époque puisque l’histoire débute dans les années 2040 où tout bascule soudain dans le chaos. L’humanité le savait, pourtant, qu’elle allait droit dans le mur.
« Un compte à rebours est enclenché, depuis des années, depuis que le point de non-retour climatique a été officiellement franchi en 2032, annoncé par une adresse solennelle du secrétaire général de l’ONU aux peuples du monde ».
Tous se sont illusionnés jusqu’à cette terrible épidémie qui provoque tant de morts. Impuissants, Martin et Rebecca, avec leur bébé Alice, assistent à cette dégringolade. Les pauvres sont parqués dans des camps tandis que les forêts brûlent. Bientôt, il n’y aura plus d’eau ni d’électricité. Pour Rebecca et Alice, restées seules, s’ouvre un long et douloureux chemin vers la survie dans un monde de plus en plus hostile.
Hervé Le Corre passe d’un personnage à l’autre, avec de nombreux retours en arrière sans trop se préoccuper du déroulement chronologique. Pas toujours facile à suivre. L’objectif affiché, c’est de suivre Rebecca, puis sa fille Alice qui aura aussi une fille Nour, laquelle donnera naissance à Clara. Quatre générations de femmes qui vont devoir survivre dans un monde de plus en plus violent et en récession. Face aux hordes sauvages qui pillent et violent, en butte aux gourous autocratiques, elles devront survivre tout en gardant leur humanité.
L’action s’étend sur un siècle mais les violences et les épisodes de résistance s’enchainent. Les héroïnes, elles, ne baissent pas les bras, elles résistent et continuent à avancer. On ressent empathie et admiration pour elles.
« Ils dirent plutôt les bonheurs minuscules, et les petits matins, la vie opiniâtre, l’entêtement du jour, le courage d’y croire, de se lever, de rester debout, de tenir peut-être parce que les femmes et les hommes sont aussi fiats comme ça, pour ça. Tenir. Penser au lendemain en remettant le futur à plus tard »
Dès les premières pages, j’ai retrouvé l’ambiance angoissante du roman de Cormac McCarthy « La route » ou encore « Et toujours les forêts » de Sandrine Collette, avec, la même errance et la même violence postapocalyptiques. Bon, me direz-vous, il est normal de retrouver ces thèmes récurrents dans toute dystopie. Ce qui change dans « Qui après nous vivrez », c’est la place que l’auteur donne aux femmes. Dans ce monde terrible et saccagé par les maladies et le dérèglement climatique et où la société s’est écroulée, elles deviennent la proie des hommes. Il leur faudra faire preuve de résilience et de courage, apprendre à se battre, résister pour survivre et garder leur part d’humanité.
Les personnages sont denses et tous apportent leur eau au moulin de l’histoire.
Si, parfois, le récit lasse parce que trop répétitif dans les scènes de violence et d’horreur, si la vision manichéenne de l’humanité peut aussi agacer, il y a, fort heureusement, l’écriture précise, inventive d’Hervé Le Corre. Et puis, même si on croise quelques personnages masculins sympathiques, il donne le beau rôle aux femmes, et je pense que ce n’est pas si mal !
Tout commence par la grande panne, celle qui a suivi les multiples pandémies au XXI siècle. Un jeune couple Rebecca et Martin viennent de mettre au monde une petite fille Alice. Dans ce monde en décomposition Rebecca se retrouve seule a devoir quitter la ville en prise aux émeutes et aux violences grandissantes. Les années passent, la peur reste, elle accompagne toute l'écriture de ce roman, peur de mourir, peur de manquer, peur des autres. La peur contamine tout, rendant les uns vulnérables et les autres brutaux et violents. Un roman post apocalyptique d'une noirceur à toute épreuve. Je ne conseille pas sa lecture aux personnes déprimées. Personnellement c'est un énorme coup de cœur pour ce roman qui vous met le cœur et la tête à l'envers. C'est une projection de ce qui pourrait bien nous attendre si nous poursuivons sur notre lancée sans rien remettre en question. C'est réaliste, cruel, cynique et tellement vraisemblable. L'auteur met en lumière nos peurs les plus profondes avec toujours comme éclairage salvateur, les femmes. Nous allons ainsi suivre trois générations féminines, de mère en fille, les pères sont souvent absents physiquement mais restent dans le cœur et la mémoire de ses femmes. La femme tient une place importante de cette symbolique de vie, elle est la mère, la femme, l'amante, la guérisseuse, la force envers et contre tout. On suit avec effarement, les soubresauts de cette humanité dans toutes ses dérives. Une galerie de personnages attachante dont la destiné est incertaine mais avec chevillée au corps la nécessite de survie. Une belle écriture qui sait montrer avec poésie la beauté du monde et à contrario trouver les mots pour décrire l’innommable et le retour de l'obscurantisme. Un roman puissant qui pourrait bien éveiller les consciences et provoquer la réflexion. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2024/02/22/40127522.html
Hervé Le Corre a depuis longtemps fait ses preuves dans le roman noir contemporain. Il déplace souvent ses intrigues dans le temps, mais n’avait jamais franchi le pas du futur. Direction donc demain où le monde a basculé.
Successivement le récit suit trois générations de femmes. On comprend très vite qu’elles sont liées par le sang. Chacune est confrontée à l’environnement de son époque. A travers elles, on assiste à l’évolution de notre planète et de ses habitants. Et le moins que l’on puisse dire que cette projection n’est pas rassurante.
Alors que toute technologie est devenue obsolète, la survie devient la priorité des individus. Sans superflu, ils doivent se contenter des seuls échanges avec leurs congénères. Et c’est là où le bât blesse ! L’Homme étant ce qu’il a toujours été, le monde devient le terrain de l’intégrisme, de l’égoïsme et des conflits perpétuels. Tous les mauvais instincts refont surface, engendrant un univers complètement hostile.
Sous la plume magnifique d’Hervé Le Corre, on assiste aux dérives d’une humanité prise au piège. Je ressors groggy de cette lecture. La narration déconstruite, le rythme lent, l’ambiance sombre et les scènes violentes crée une atmosphère suffocante. Je me suis senti oppressé durant tout le livre, sans porte de sortie à l’horizon. Seules les femmes gardent un peu d’altruisme et semblent surnager dans ce tumulte. L’amour et la dévotion qu’elles offrent peuvent quand même donner un semblant d’espoir à cette histoire.
Cet auteur qui parle de notre société dans ses écrits, nous donne une version de l’avenir plutôt chaotique. Et comme il a la réputation d’être assez réaliste dans ses analyses, on peut commencer à s’inquiéter. Il faut maintenant espérer qu’il est plus observateur que visionnaire ! Je vous conseille donc ce roman aussi brillant que déprimant, tout en croisant les doigts pour qu’il reste une fiction!
https://leslivresdek79.wordpress.com/2024/02/19/914-herve-le-corre-qui-apres-nous-vivrez/
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Un roman graphique exceptionnel qui raconte l'incroyable parcours de George Lucas, le créateur de Star Wars
Auteur et traducteur de son roman en « FALC », Fabien Clavel nous explique en quoi consiste cette méthode et à qui elle s’adresse
Vincent vit seul, envahi par ses interrogations existentielles, jusqu'au jour où une jolie jeune femme se présente à lui
Inspiré de la vie de l'autrice, un récit qui nous questionne sur la part du biologique et du culturel dans la filiation