Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
Perrine est fille, femme et mère de marin.
La mer lui prendra son père, son mari et son fils.
Et pourtant elle a tout fait pour empêcher son petit Jean de devenir marin à son tour.
Même marié à Pauline et père du petit Pierre, l'appel du large sera le plus fort
Roman divisé en plusieurs parties.
La première, c'est la rencontre de Perrine et de François, la naissance de Jean, la mort de François, puis ce sont essentiellement les lettres que Jean écrit quotidiennement à sa « chère petite M'an ».
La deuxième, partie est raconté par Paulette, un peu fantasque, qui tombera amoureuse de Jean, l'épousera et lui donnera le petit Pierre.
Elle fera tout pour que Pierre échappe au destin de son père et de son grand-père
Et enfin la troisième est racontée par Pierre qui a grandi à la montagne mais viendra à la mer à son tour.
Tragique destin que celui des femmes de marin dont la vie est faite d'attente, de peur, de larmes.
Et de courage surtout.
C'est une très bel hommage qui leur est rendu à travers ce livre.
Magnifique roman qui saisit au cœur, sur les lignées de femmes de marins qui attendent leur mari, frère, fils, la peur au ventre à chaque sortie en mer.
Ce roman s'articule autour de 4 personnages principaux : Perrine, Jean son fils chéri, Paulette, l'épouse de Jean et Pierre, leur fils. Perrine a perdu son père, son mari et vient de perdre son fils quand le roman commence en 1951; tous les trois ont péri en mer; chacun des quatre personnages prend la parole pour raconter l'amour ou la haine de la mer, la peur en mer mais aussi et surtout à terre, la douleur des femmes lorsque la mer leur arrache un fils, un mari, un frère, la tentative désespérée des mères d'en écarter leur fils.
Le titre de ce roman est emprunté à un texte de Jean Cocteau, interprété par Marianne Oswald en 1935; Gregory Nicolas s'est inspiré de ce texte poignant, émouvant pour en faire un roman tout aussi poignant et émouvant.
Le personnage principal est la mer, pas celle des touristes, "la belle bleue" des vacances, mais celle des marins-pêcheurs, celle qui attaque les bateaux, qui gronde, qui dévore ceux qui essayent de se mesurer à elle; c'est celle, aussi, qui attire tel un sortilège, telle une femme qu'on aime, celle dont on ne peut s'éloigner malgré sa dureté, malgré le danger, celle qui nourrit les hommes et les fait rêver à des lointains, celle qui fait se sentir libre. Le roman se déroule en Bretagne, région chère à mon cœur, qui a payé et paye toujours un lourd tribut à la mer.
Il rend hommage à ces lignées de femmes qui n'ont pu empêcher que la mer leur prenne les homme qu'elles aiment, elles sont obligées de capituler devant l'égoïsme et la passion des hommes. L'auteur n'oublie pas ces orphelins qui se construisent sans père et qui, à leur tour, prennent la mer pour aller à la rencontre de ce père disparu et idéalisé. Ce roman nous offre de très belles pages sur l'attente, la peur, la douleur de ces femmes à terre. Je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle avec les militaires partis en opération que les conjoints, les mères, les sœurs, attendent avec les mêmes sentiments et auxquelles Emilie Guillaumin a consacré son très beau roman "L'embuscade".
Je repenserai souvent à ces femmes et à ces marins face à la mer que j'ai la chance et le bonheur de pouvoir rencontrer chaque jour.
#Messœursnaimezpaslesmarins #NetGalleyFrance
"vous êtes tous deux ténébreux et discrets
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,
Ö mer, nul ne connait tes richesses intimes
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets."
....
Baudelaire et Grégory Nicolas embarqués sur le même bateau !!
Le bateau du roman, c'est un coquiller blanc et bleu, celui de Jean, marin-pêcheur de St-Jacques à bord de l'ArC'hwil.
Jean qui ne rêvait que de choses "simples et petites", Jean qui chérissait la mer, mais aussi ses 3 fils et leur mère Marie-Lou, Jean qui disparut un jour en mer, laissant sa famille dans la peine et le désarroi. Eh oui ! comme le dit Renaud, "c'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme" !!
Mais autant que la recherche d'un corps ravi par la mer, c'est à la recherche de l'homme qu'était leur père que partent les 3 fils.
Qui était-il vraiment, cet homme grand, fort et courageux ? Cet homme fidèle en amitié, rustique et pudique, contemplatif et taiseux ?
Mais si souvent ténébreux...Car Jean reste "vide de la mort " de son propre père, ce père qu'il "trimballe en pensée" sans parvenir à combler l'absence.
Jean en souffrance pour une autre raison...vite, vite, lisez le livre !!
Joli personnage également que celui de Marie-Lou, femme de marin qui ne se contente pas d'attendre le retour de l'homme, mais qui est une médiatrice efficace entre terre et mer .
Ce roman est une ode à la mer, celle qui comble mais qui reprend aussi. Une ode à l'amour familial, dans ses joies quotidiennes, ses non-dits, ses silences.
Dans la douleur et le pardon.
Entre Brest, Portsall, Morlaix, Landunvez et mer d'Iroise, c'est un peu d'iode et de Bretagne à chaque page.
Entre images de carte postale et immersion dans la rude vie des marins-pêcheurs.
Joli découverte que ce roman tout plein de délicatesse, d'émotions contenues, à l'image d'une Bretagne toujours aussi envoûtante et mystérieuse.
Les Fils du pêcheur est une chronique familiale douce, respectueuse, en pudeur et avec une pointe d’humour. C’est une plongée en Bretagne au cœur de l’univers de la pêche, de l’amour de ceux qui partent en mer et de ceux qui les attendent. Mais ici, point de clichés, point d’homme uniquement passionné par son bateau, point de femme éplorée et esseulée, point d’enfants en souffrance. Il est question d’un amour filial, certes pudique mais sincère. Alors quand le père disparaît dans les eaux profondes, il laisse un vide immense dans les cœurs de sa femme et de ses trois fils.
Les chapitres nous transportent dans les souvenirs, au sein de divers évènements familiaux à différentes époques, ce qui nous permet de comprendre qui était le pêcheur. Mais une rencontre inattendue va apporter de forts questionnements au sein de la fratrie et remettre en question l’image du père. Aurait-il des secrets ?
Le narrateur est l’aîné des trois fils et j’ai beaucoup apprécié l’écriture qui est bercée à la fois de poésie et d’humour. Je me suis sincèrement demandée si l’auteur ne nous contait pas un pan de sa vie tellement le récit est réaliste. C’est une histoire touchante qui rend un bel hommage aux pêcheurs, à la Bretagne et aux pères.
« Quand je revenais de la fac de Rennes pour les vacances, j’avais vingt ans, nous avons commencé à nous serrer la main avec mon père. C’est moi qui en ai pris l’initiative. Mon père n’a pas essayé de me faire changer d’avis. Je me prenais pour un homme. Je pensais que j’avais passé l’âge des bisous. « Mon cul, lulu ! » j’affirme en y repensant aujourd’hui, et en lui volant une de ses expressions comme je l’ai toujours fait. On n’est jamais trop vieux pour ça.
Pourtant, et bien que ce soit moi qui l’aie décidé, je ne trouvais pas ça naturel de serrer sa main, c’était une distance trop grande, de celles qui ne devraient jamais s’installer entre un père et son enfant. Mes frères continuaient de l’embrasser et je les enviais. Et nous on se serrait la main. Quelle honte. J’en chialerais. Je n’osais pas lui redemander de revenir aux bisous et lui non plus, ça a duré des années. C’est infernal la pudeur. Je me souviens que ses mains étaient comme ses joues : toujours froides.
Le jour du premier anniversaire de Marcel, j’ai bu. Il y a des choses qui sont remontées comme ça, et j’ai écrit à toute vitesse, un message très court à mon père. Je me suis relu pour qu’il n’y ait aucune faute de frappe, pour ne pas qu’il pense que j’avais bu, pour ne pas qu’il se dise que c’était l’alcool qui me faisait écrire ça, et je l’ai envoyé immédiatement. Je voulais être sûr de ne pas pouvoir faire demi-tour. Je lui expliquais que j’aimerais mieux qu’on se fasse la bise, comme avant, pour se dire bonjour, si ça ne le dérangeait pas.
Je ne l’ai pas dit à mon père, mais en réalité c’est à mon fils que j’adressais cette demande, car je ne pouvais pas m’imaginer un jour serrer la main de mon Marcel. Ne plus lui faire de bisous ? Mon cul, lulu.
Mon père a répondu à message : « OK. » Rien de plus. C’était assez. De là on s’est remis à se faire la bise, sans jamais en reparler ou se poser la question. Ce qui fait que je n’ai jamais plus touché les mains de mon père. Ses mains fortes et épaisses, rêches comme du papier de verre, mais qui soulevaient les casiers comme de rien, qui triaient les coquilles Saint-Jacques à toute vitesse, et effleuraient les cheveux de Marcel avec délicatesse, et les miens, enfant, et ceux de Clément et ceux de Julien aussi, et qui avaient dû caresser le ventre de ma mère bien des fois. Ses mains toujours froides. »
Au début de ma lecture, je trouvais qu’il ne se passait pas grand chose. En effet, l’auteur nous décrit une succession de petites anecdotes qui peuvent parfois paraître sans importance et on se demande bien où tout cela va bien pouvoir nous mener et surtout, s’il va bien finir par se passer quelque chose de concret. Mais l’intérêt pour l’histoire est grandissant au fil des chapitres et la mystérieuse rencontre apporte un vrai plus au récit. On finit par s’attacher à cette famille et décrypter qui était vraiment le père.
C’est un roman touchant sur les relations père-fils. Il est ponctué de chants des marins bretons que je me suis faite un plaisir d’écouter ensuite. C’est une jolie percée dans cet univers que je connais peu pour ma part, mais surtout il est beau de lire cet amour pudique entre un père et ses enfants. La fluidité poétique de l’écriture est un enchantement. À découvrir absolument si vous aimez les chroniques familiales.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2022/09/25/lecture-les-fils-du-pecheur-de-gregory-nicolas/
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