On aime ses romans, sa façon de nous raconter le monde, avec un regard transversal, curieux et gourmand.
Rencontre au café littéraire d'Orange à Paris avec Erik Orsenna à l'occasion de la publication de son dernier roman, "Mali, Ô Mali" (Stock), suite de Madame Bâ, paru il y a déjà dix ans et où l'on retrouve Marguerite Dyumasi...
On aime ses romans, sa façon de nous raconter le monde, avec un regard transversal, curieux et gourmand.
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"L’Origine de nos amours" (Stock), Erik Orsenna à livre ouvert
Oui, oui, c'est le livre d'Erik Orsenna « Briser en nous la mer gelée » que je vais évoquer brièvement. Brièvement car livre lu il y a de cela deux ans, mais que j'ai gardé en mémoire (avec des notes…).
« La géographie pour sauver un couple ».
De quoi s'agit-il ? de voyage mais aussi d'amour, un amour fou, un coup de foudre entre Suzanne et Gabriel.
Gérard écrit une lettre de remerciement à la juge aux affaires familiales et à sa greffière pour leur écoute. Célibataire endurci, il multiplie les déceptions amoureuses - il rencontre Suzanne, par l'intermédiaire d'un couple d'amis communs.
Lui est spécialiste des rivières et écluses, elle des chauves-souris, chercheuse au CNRS.
Leur relation chaotique paraît touchante, mais leurs différences ont raison de leur couple. Après un mariage vite conclu, le divorce suit la même diligence - la grande froideur suivant à l'émotion touchante.
Après une longue déprime, Gérard décide de sauver sa santé mentale par sa passion, la géographie, plus précisément par la découverte d'une terre glacée, l'Alaska (le Grand Nord, au pays des aurores boréales,) faisant état de son périple à son ancien et récent amour.
Cette nouvelle exploration la séduira-t-elle de nouveau ?
Ce roman relativement improbable ne manque pas de poésie ni d'une fantaisie qui font du bien. L'auteur sait faire passer sa narration de la lourdeur de l'accablement à la légèreté et inversement. Il s'avère rafraichissant, dans tous les sens du terme.
Bien entendu le lecteur ne doute pas un instant qu'il y a une grande part de vrai dans ce qu'il nous conte et que tous ces sentiments.
Nota : Il est possible que certains lecteurs aient trouvé qu'il y avaient quelques longueurs dans cet ouvrage et je comprends cela - – mais probablement sous le charme de cet intarissable conteur, je lui ai emboîté le pas et me suis retrouvée en sa compagnie sur des terres qu'il m'a fait découvrir en une suite d'images glacées à plaisir.
Le titre l'explique et une bonne lecture, surtout en ce moment.
Eh oui, on dirait bien que je prends des abonnements, de temps en temps, avec des écrivains, car aujourd’hui, il s’agit de Erik Orsenna (Prix Goncourt et élu à l'Académie française), avec « Voyage au pays du coton : Petit précis de mondialisation». Mais je ne vais pas en dire beaucoup.
Ce voyage est une enquête et un récit de voyage. L’auteur, en suivant le parcours de la transformation du coton, fustige la mondialisation.
Il est parti à la rencontre de planteurs – d’industriels – de négociants et d’autres lobbyistes.
Ce parcours débute au Mali à la CMDT. Les dons de vêtements venus d'Occident y ont décimé l'industrie textile. Il se termine dans les Vosges, au sein de l'entreprise Decouvelaere qui tente de résister à la concurrence asiatique avec de nouveaux tissus.
Entre deux, il y aura eu un séjour au National Cotton Council (NCC) aux États-Unis, le saint des saints du très puissant lobby de tous les professionnels américains du coton ; au Brésil, avec du coton de demain génétiquement manipulé ; et d'autres séjours encore, en Égypte, à Tachkent, en Chine…
L'auteur montre les déséquilibres des subventions des États-Unis à ses cultivateurs et la pression sur les prix par la grande distribution ; l’Europe paraissant bien dépassée.
Le fil de ce récit ? Le fil conducteur du coton. : un fil blanc et non rouge comme on en a l’habitude.
Erik Orsenna définit son livre comme une promenade car il nous conduit au Mali – au Brésil – en Egypte – aux Etats-Unis – en Ouzbékistan – en Chine – et retour en France avec la découverte de lieux mais également de personnages souvent pittoresques.
C’est un récit vraiment atypique car on ne peut pas dire que c’est un roman ni que c’est un précis d’économie.
Erik Orsenna a réussi à rendre ce récit accessible car même s’il est une succession d’anecdotes il est le plus souvent plaisant et rarement ennuyeux, surtout que son humour est toujours présent.
Passé, présent et futur se mêlent et mettent en perspective cette matière incontournable car consommée à outrance et renouvelable car quelques graines et un champ peuvent suffire à sa production.
« Voulez-vous des nouvelles du Mali ? » (pas si nouvelles que cela, mais tat pis).
Eh bien on va y aller avec « Mali, ô Mali » de l’écrivain français Erik Orsenna.
C’est Madame Bâ qui se propose de vous y conduire.
Cette dame, qui n'est pas humble de nature, se prend pour une Grande Royale, une Jeanne d'Arc africaine. Elle veut libérer son pays des djihadistes et c'est son petit-fils, ex-footballeur devenu griot, qui raconte sa campagne mi-glorieuse, mi-désespérée.
Oui mais, ce qu’il faut savoir, c’est que ce livre d'Erik Orsenna est un petit bijou de vulgarisation de géopolitique en terre africaine et intégriste. Donc, avec Madame Bâ, héroïne de son roman éponyme, nous réalisons notre apprentissage de la connaissance, à défaut de la compréhension, de ce continent africain entre Mali, Lybie et Niger, si riche à l'époque de ses royaumes et tribus.
Quel meilleur guide pour disposer des bribes de l'essence des traditions (celle entre-autre des griots), des rapports de la France - Afrique, des bouleversements et des retours en arrière du conflit malien que Marguerite.
Un vrai phénomène que ce personnage, mandatée, à la fois par la communauté des expatriées et réfugiées maliennes et africaines de Villiers- Le - Bel, par une caricature de ministre malien et par les Renseignements Généraux français pour tenter de comprendre et de sauver, telle Jeanne d'Arc, son Mali où les conflits religieux et ethniques dégénèrent.
Forte de son sale caractère - de sa sensibilité - de son franc-parler et très remontée contre les autorités maliennes totalement incapables de maintenir l'ordre, le progrès, l'éducation et l'unité du pays, elle s'est accaparée son petit-fils Michel (ex-footballeur, ex-drogué), rebaptisé Ismaël, une sorte de symbole de ce Mali déchiré, pour en faire son griot afin qu'il renoue avec ses racines - narre ses aventures et sa re conquête de Madame Bâ. Une "chieuse" magnifique, n'hésitant pas à bousculer ses semblables africains pour les écarter de l'obscurantisme - de leur passivité pour qu'ils reprennent leur pays en main.
Michel - Ismaël, l'apprenti griot, fan absolu de sa grand-mère, est ici en pleine renaissance, même si ses démons, ceux des jeunes africains apatrides de nos villes ?, peuvent encore perdurer, il est à la fois naïf, agaçant mais perspicace dans le récit et les anecdotes qu'il reprend ici sur cette "croisade", sur les mentalités et le mode de vie comme de pensée de ce pays qu'il connaît si mal.
Sous ces aventures picaresques, c'est l'amour réel de l'écrivain et fin habitué des cercles politiques français, Erik Orsenna, pour cette partie de l'Afrique à l'histoire et à la richesse culturelle réelle, qui transpire.
N'hésitant pas à faire passer, sous couvert d'humour, de diverses rencontres et des dialogues aussi croustillants que tragi - comiques, un message d'alerte - une condamnation de l'intégrisme de toute nature comme de l'obscurantisme.
Un véritable plaidoyer pour une société africaine plus tempérée, plus sensée et moderne.
On y trouve une belle mise en valeur aussi de la majesté du Sahel - du Niger – la poésie des couleurs et des paysages - les populations - les cultures (africaines, Touaregs), - le sens de la débrouillardise et une volonté farouche d'humanisme et d'optimisme sont transcendés par Erik Orsenna.
Une écriture fluide, un vocabulaire riche, une parfaite connaissance de la "chose" malienne, le tout est réparti en chapitres et parties sobres mais chamarrées et colorées.
Un roman bien distrayant et instructif.
« Mali, ô Mali ! » Comment ne pas comprendre que ta fragilité est la nôtre ?
Qui ne connait pas l'écrivain français Erik Orsenna (de son vrai nom Éric Arnoult) ?
Aujourd'hui, j'ai choisi de parler de « L'entreprise des Indes », un livre intéressant mais peut-être un peu « brouillon « ?
Bartholomé, frère cadet de Christophe Colomb, achève sa vie dans l'île d'Hispanola, où il a été un temps gouverneur. Arrivent alors plusieurs prêcheurs Dominicains qui interpellent violemment les maîtres du pays ; pourquoi avoir découvert ce pays pour en martyriser les habitants ?
Bartholomé, qui a une idée de la réponse, affirme qu'on ne peut rien conclure si on ne connaît pas les conditions dans lesquelles son frère, Christophe, a décidé de se lancer dans u voyage de découvertes, qu'il appelait « L'entreprise des Indes. »
C'est ce que va relater progressivement Bartholomé dans une sorte de confession que recueille Bartholomé de Las Casas, dominicain lui-même, qui prépare une monumentale "Histoire des Indes".
Le roi Jean II de Portugal refuse de financer son nouveau voyage, conseillé par ses mathématiciens qui contredisent les calculs effectués par les frères Colomb. Mais ceux-ci jouent la concurrence et offrent leurs services au « roi très catholique » espagnol qui se laisse convaincre.
C'est l'épopée de la conquête, l'époque où ces bons Européens civilisés se livrent aux turpitudes, à la sauvagerie des conquistadors. En Europe aussi, le jour du départ, ce 3 août 1492, l'Espagne expulse les juifs - les prive de leurs droits pour les jeter sur les routes et sur les mers.
On n'en apprend guère plus de la question initiale, mais Erik Orsenna nous promène au milieu de nombreuses anecdotes - certaines authentiques - d'autres sans doute moins - mais très souvent savoureuses.
Toute la verve d'Erik Orsenna se donne libre cours pour dénoncer cette tragédie - la présenter comme une grande première de mondialisation pas si différente de celle qui marque le monde du XXIème siècle.
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