Une belle découverte de la littérature turque, signée Ahmet Altan
Une belle découverte de la littérature turque, signée Ahmet Altan
Coup de coeur pour ce livre de l'auteur turc Ahmet Alltan qui nous précise que l'histoire est inspirée « de faits réels «. Même si le roman a pour cadre l'empire ottoman avant la première guerre mondiale selon'Altan, le lecteur ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la Turquie d'aujourd'hui, les méthodes arbitraires de certains régimes, les prisons ,les conspirations et le terrorisme à travers le portrait de Ziya.
Le livre tient à la fois du récit historique, du roman d'aventures, du conte philosophique, et pourquoi pas des Mille et une Nuits .,Peut-être l'essentiel est-il aussi dans un roman d'apprentissage particulier, celui d'un apprentissage inachevé car Ziya, le personnage principal a appris depuis son enfant à ne pas avoir d'affects et donc à ne pas vivre dans le réel,
L'intrigue est finement menée et la psychologie des personnages disséquée.
Et l'histoire?
Atif Bey , un caïd d'Istanbul assomme un homme de main du sultan, un certain albanais , Mustapha le Mat.Ça jase !Le Mat retrouvé un jour Atif dans une taverne, des coups de pistolet pleuvent , Atif est tue, le Mat arrêté.
Ziya le plus jeune des frères d'Atif venge son frère en tuant le Mat lors de son procès. Il est condamné à perpétuité, joue aux dés en prison où tous le respectent. Son clan l'exfiltre vers Alexandrie où il continue à bénéficier de protections.Dans le grand domaine agricole où il vit,la solitude le rapproche de Nora, étudiante en médecine en France. C'est une relation platonique qui peine à émouvoir Ziya .
Gracié, Ziya rentre à Istanbul où comme abAlecandrie il fréquente assidûment salles de jeux et bordels. Peu attaché à la vie, que décider a-t-il s'il fait de mauvaises rencontres??
C’est avec une puissance romanesque talentueuse que l'auteur Ahmet Altan brosse le portrait d’un jeune tueur Tcherkesse, désinhibé et taciturne, qui ne connait depuis sa tendre enfance que la violence et dont le destin passe par le meurtre, la prison, le jeu de dés, l’évasion, le crime et la pendaison.
La plume d’Altan va gratter au plus profond de la psychologie de ce jeune Ziya, écorché vif qui n’a d’admiration que pour Arif son ainé, un caïd d’Istanbul crétin et violent qui suite à une rixe de rue se fera tuer par l’autre brute qu’il a giflé.
A la différence du frère cadet plus timoré, Ziya le benjamin n’a, de façon innée, ni peur de la violence ni de la mort. C’est un tueur né, habité par un sens élevé de l’honneur des siens transmis par feu l’aîné qui l’aura façonné et à qui il a transmis les codes d’honneur.
Pour laver l’affront, c’est Ziya qui ira sans peur des conséquences, tirer froidement à bout portant, en plein tribunal, sur le meurtrier de son frère alors jugé en audience.
Jeté en prison à perpétuité, Ziya apprendra à jouer aux dés mais aussi à se faire respecter d’un regard noir et d’une aura meurtrière taiseuse qui fait régner la crainte dans son entourage.
L’auteur sait remarquablement bien décrypter la psychologie du jeu devenant l’image de la vie. Perdre ou gagner importe peu. C’est une force et un refuge.
Le seul refuge de Ziya dans l’enfer de Sinop, centre pénitencier réservé aux longues peines d’où il sera, après un an d’enfermement, exfiltré vers la banlieue du Caire par le clan Tcherkesse.
Il sera hébergé dans un milieu riche et ne se posera aucune question à ce sujet. Il prend la vie comme elle vient.
Il rencontrera une jeune fille érudite et la relation entre ces deux êtres que tout oppose est décrite avec une élégante maestria.
Ziya ressentira une sympathie mais, écorché vif, son rapport de force reste constant en se mesurant constamment à l’autre, dénué de toute empathie et de sentiments sinon celui d’un égocentrisme forcené et c’est encore dans le jeu qu’il puisera l’oubli à tout, à lui-même, à son propre emprisonnement mental dont il n’a pas conscience.
Sa peine amnistiée, il sera renvoyé à Istanbul où il continuera à fréquenter les salles de jeux et les bouges. Il y rencontrera une prostituée avec qui il ressentira une certaine communion d’âme mais qui est plus sa propriété qu’un aveu amoureux.
Et puis arriva ce qui devait arriver. Repéré par la branche politique de son clan, il sera utilisé sans s’en rendre compte et fier d'être désigné comme brave invulnérable, si fier à nouveau de tuer pour l’honneur…
En toile de fond, c'est la Turquie en 1900 où on voit l’empire ottoman s’effondrer, un dictateur en remplacer un autre, de pauvres petits hères décervelés, malléables, faciles à galvaniser et à être récupérés, manipulés et utilisés pour le pire, à l’instar de Ziya devenu terroriste sans aucune notion politique sinon l’appartenance à un clan.
« Un vide immobile »…
Ce livre est un des trois romans écrits par Ahmet Altan en prison (écrivain journaliste accusé par Erdogan d’avoir envoyé des «messages subliminaux » lors d’une émission télévisée) et je ne pus m’empêcher de penser à ce bel intellectuel tout au long de ce récit qui, pour aussi bien brosser la psychologie d’un jeune malfrat issu de la pègre, devait probablement les côtoyer de près au quotidien.
Heureusement, que son imagination et la passion d’écrire, sont restées intactes pour s’évader d’une telle noirceur et nous livrer ce superbe roman historique, philosophique, psychologique, talentueux, fort et percutant.
Un roman écrit dans les geôles turques et qui est en cela étonnant car aucune haine, aucune rancœur, aucune envie de vengeance ne transpire dans ce récit.
Alors oui, en toile de fond sont abordées la politique coercitive du pays, la corruption, les arrestations arbitraires mais c'est l'apprentissage d'un jeune homme déchu que nous suivons là.
Partagé entre l'amour d'une femme mûre et sensuelle et celui d'une jeune étudiante férue de littérature comme lui, quel choix fera t'il ?
L'écriture est élégante et l'atmosphère intime mais je n'ai été que très peu touchée par cette histoire qui tourne en rond.
Une petite déception.
Fazil, jeune étudiant turc en littérature, vient de perdre son père brutalement. Pour subvenir à ses besoins dans un appartement foisonnant de colocataires pittoresques, il devient figurant dans un studio TV. C’est là qu’il croise le chemin de la mystérieuse et captivante Madame Hayat dont il tombe subitement amoureux. Mais elle garde ses distances et ne lui laisse pas entrevoir le début d’une relation amoureuse. A la fac, pendant la même période, Fazil se rapproche de plus en plus de Sila avec qui il a de nombreux points communs. A côté de ces deux très belles histoires d’amour, le contexte social s’assombrit et notre héros va voir son quotidien et celui de ses proches se dégrader. Un roman exaltant qui retrace un magnifique portrait de femme. Son auteur l’a écrit alors qu’il était lui-même prisonnier politique, ce qui donne à ce livre une dimension supplémentaire.
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