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Pour ou Contre ? Les critiques des lecteurs pour "Les sorcières de la république" de Chloé Delaume

Rentrée littéraire 2016 Seuil

Pour ou Contre ? Les critiques des lecteurs pour "Les sorcières de la république" de Chloé Delaume

De la zizanie sur lecteurs.com !

Les Explorateurs n’auront pas travaillé pour rien, vous découvrirez semaine après semaine le résultat de leur travail dans ces pages. A travers leurs lectures ont émergé des lignes de force et des points de vue parfois très différents sur les romans.

On vous fait profiter de leurs plus beaux désaccords à travers ces « pour-contre » que vous retrouverez une fois par semaine. 

Parce que la critique d’un livre est subjective mais toujours juste quand elle est solidement argumentée, nous avons sélectionné les chroniques les plus tranchées afin que vous, lecteurs, puissiez-vous faire une idée de l’étendue des émotions, réactions, réflexions proposées par un texte.

 

Et on continue ces affrontements avec Prune et Patrick à propos du roman Les sorcières de la République de Chloe Delaume (Seuil)

 

Des choses, pas belles, se sont passées, en France, entre 2017 et 2020. Les femmes, par la main de déesses grecques surgies de l'Olympe (car les divinités sont immortelles), ont pris le pouvoir détenu par les hommes depuis des millénaires. L'Apocalypse, prédite pour décembre 2012, n'a pas eu lieu. Les déesses sont venues se mélanger à la société française contemporaine. Le Parti du Cercle a imposé ses règles. L'expérience a très mal tourné. Mais comment faire la lumière sur ces quatre années d'un règne éphémère et probablement sanglant, alors qu'une amnésie collective a été décidée par référendum au terme de cette page d'Histoire, en 2020 ? Une amnésie appelée le Grand Blanc, approuvée à l'unanimité de la population. C'est pour juger cette douloureuse parenthèse que s'ouvre un maxi procès dans ce qui fut longtemps le stade de France et qui abrite désormais le tribunal du grand Paris. Nous sommes en 2062. À la barre, la Sibylle, prophétesse de la révolution des femmes. Pièces à conviction à l'appui, elle déroule le fil de sa mémoire, et de la généalogie des événements. Petit à petit, on découvre la réalité de ces années spéciales, très spéciales.

 

 

 

Pour !

Prune Thiry

 

Je garde une très bonne impression en ayant lu ce livre. J'ai été plongée au cœur de l'histoire dès la première page, et ce jusqu'à la fin. Je n'ai pas trouvé qu'il y avait beaucoup de digressions, seulement quelques petits écarts qui ont tout de même rapport avec la trame principale.

Chloé Delaume utilise un style très énumératif, et souvent les discours sont placés sous le signe de la parataxe et de l'asyndète. C'est ce qui m'a donné une impression de rapidité dans l'action, et qui rythme vraiment le livre. Néanmoins, la parole est parfois déconstruite, et j'ai un peu regretté de ne pas comprendre toujours le sens exact des phrases. Je pense qu'on peut mettre cela sur le fait que c'est une Sibylle qui nous parle. La plupart du temps, le livre est basé sur le dialogue, mais très simplement, alors qu'au début, de nombreuses notions sont apportées. De plus, tout est mis sur un ton humoristique voire comique. Mais tout de même des références plus sérieuses, à la mythologie, qui est omniprésente (et qui m'aura appris beaucoup de choses), à la Bible, ou encore à des œuvres littéraires. J'ai eu l'impression d'être plongée dans un livre de Rabelais quand j'ai lu comment était née la Sibylle. Je retrouve aussi Rabelais dans la diversité des formes utilisées – théâtre, roman, pop-ups.

J'ai aussi remarqué un fort rapport avec la politique, la religion, la psychologie, et, en général, des problématiques contemporaines à notre monde. L'histoire est bâtie à la manière d'une télé-réalité. En effet, le procès est retransmis à la télévision et en direct. De manière générale, le livre apporte une satire de notre société en essayant de montrer ce qu'elle pourrait devenir. Tout au long du livre, on peut apercevoir des pages d'avertissement où les citoyens doivent se détendre, ou dormir. Chaque étape de la journée est rythmée par le gouvernement. C'est assez impressionnant, et cette apparition de « pub » si on peut l'appeler comme çela, me fait beaucoup penser à la série Black Mirror qui s'applique également à critiquer la société. Au début du livre la problématique est vraiment axée sur la défense des droits des femmes, puis peu à peu on bascule sur un tas d'autres problématiques, comme les droits des travailleurs, des animaux, des LGBT … En plus de la trame principale, cela permet de nous faire réfléchir, et c'est un point que j'ai beaucoup apprécié.

Un des points négatifs que je pourrais souligner serait la fin, qui reste ouverte, ce que je n'aime pas du tout. Surtout après le suspense que le livre nous a donné tout au long de l'histoire. Il aurait fallu prendre une décision. Néanmoins la dernière phrase est, paradoxalement, adaptée et bien trouvée.

 

© Prune Thiry

 

 

Contre !

Patrick Gibeaud

 

L’idée fondatrice de ce roman est intéressante, projection possible de notre époque. Les évolutions technologiques et sociétales sont seulement évoquées en toile de fond, sans que leurs conséquences ne soient exploitées autant que dans un roman de science-fiction : humains connectés, connivence entre journalisme, commerce, spectacle et publicité, sacralisation des sondages, contrôle de la vie et de la santé des citoyens  semblent être devenus des évidences.

Les dérives consuméristes, la culture du jeu de hasard scandent le témoignage de la Sybille lors de son procès. Ce qui se présente comme un monologue puisque les questions du Président, les remarques du procureur et des avocats ne se devinent qu’à travers les réponses de celle-ci.

Le discours de l’accusé prend diverses formes : réquisitoire contre les désirs des hommes, questionnement philosophique sur la société, réinterprétation historique, utilisation de formules magiques, etc.

L’auteure reprend de manière subtile la mythologie grecque pour en faire le point de départ des changements intervenus sur la période 2012 - 2020. Tous les thèmes liés à la place de la femme dans la société, en particulier française, depuis l’antiquité sont développés.

L’utilisation d’éléments de l’actualité réelle, si elle est amusante, ne sert pas vraiment le récit.

A la fin de ce roman, je reste un peu sur ma faim : aussi riche soit-il, et il l’est réellement, le récit de l’accusée m’a paru un peu long. Les effets de la prise de pouvoir des femmes, en particulier par l’utilisation de la magie, illustrés par quelques exemples un peu trop décrits auraient peut-être pu être traités plus directement par des récits parallèles.

Au final, roman à l’idée originale et qui laisse un arrière-goût d’inachèvement.

 

© Patrick GIBEAUD

 

Retrouvez leurs avis sur les fiches des 50 romans français lus par les Explorateurs de la rentrée littéraire 2016,

Mais également les chroniques :

"Où la lumière s’effondre" Guillaume Sire (Plon)

"Chanson douce" Leila Slimani (Gallimard)

"Une bouche sans personne" Gilles Marchand" (Aux Forges de Vulcain)

"Les lois de l’apogée" Jean Le Gall (Robert Laffont)

"Anguille sous roche" Ali Zamir (Le Tripode)

"Police" Hugo Boris (Grasset)

"Ma part de Gaulois" Magyd Cherfi (Actes Sud)

"Une fille et un flingue" d’Ollivier Pourriol (Stock)

"Celui-là est mon frère" de Marie Barthelet (Buchet-Chastel)

"Marcher droit, tourner en rond" Emmanuel Venet (Verdier)

"Le Zeppelin" de Fanny Chiarello (L’Olivier)

"Crépuscule du tourment" Léonora Miano (Grasset)

"Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

 

Les Pour ou Contre :

"Beaux rivages" de Nina Bouraoui (Lattès)

"L’Année la plus longue" de Daniel Grenier (Flammarion)

"L’innocent" de Christophe Donner (Grasset)

"Le Garçon" de Marcus Malte (Zulma) : Prix Fémina 2016

"Les sorcières de la république" de Chloé Delaume (Seuil)

"La sainte famille" Florence Seyvos (éditions de l'olivier)

 

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