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Pour ou Contre ? Les critiques de "L’année la plus longue" de Daniel Grenier

Rentrée littéraire 2016 Flammarion

Pour ou Contre ? Les critiques de "L’année la plus longue" de Daniel Grenier

De la zizanie sur lecteurs.com !

Les Explorateurs n’auront pas travaillé pour rien, vous découvrirez semaine après semaine le résultat de leur travail dans ces pages. A travers leurs lectures ont émergé des lignes de force et des points de vue parfois très différents sur les romans.

On vous fait profiter de leurs plus beaux désaccords à travers ces « pour-contre » que vous retrouverez une fois par semaine. 

Parce que la critique d’un livre est subjective mais toujours juste quand elle est solidement argumentée, nous avons sélectionné les chroniques les plus tranchées afin que vous, lecteurs, puissiez-vous faire une idée de l’étendue des émotions, réactions, réflexions proposées par un texte.

 

Et on continue ces affrontements avec Marie-Julie Péters et Jean-François Simmarano sur L’année la plus longue de Daniel Grenier (Flammarion)

 

Thomas Langlois, né comme son aïeul Aimé Bolduc une année bissextile, ne fête son anniversaire qu'une année sur quatre. Mais est-il pour autant, comme l'espère vivement son père, promis au même destin que son ancêtre qui, lui, ne vieillissait que d'une année tous les quatre ans ? En suivant les vies de ces deux personnages d'exception, L'année la plus longue traverse, de Chattanooga à Montréal, des Great Smokies aux monts Chic-Chocs, près de trois siècles d'histoire de l'Amérique. De la prise de Québec par les Britanniques en 1760 au 11 septembre 2001, de la capitulation des Indiens au combat des Noirs américains, c'est l'âme du continent tout entier qui s'invite et s'anime dans cette fresque épique et familiale. Ce premier roman, œuvre d'un immense conteur, réussit le pari fou de nous plonger au cœur de la grande histoire et, au-delà, de nous en peindre mille et une autres.

 

 

Pour !

Marie-Julie Péters : Cocktail addictif : Violence des scènes, climat fantastique, poésie de l’écriture

 

L’histoire est assez originale et l’idée de départ est certainement la force de ce roman. Le héros, Thomas Langlois, est né un 29 février comme son aïeul Aimé Bolduc. Ce dernier a une existence particulière : il ne vieillit que tous les quatre ans, lors de son « vrai » anniversaire. Dès lors, le père de Thomas, Albert Langlois, se demande si son fils aura le même destin et part sur les traces de ce fameux ancêtre.

 

Plusieurs thèmes s’entremêlent dans ce roman très riche : la famille, l’histoire des États-Unis et du Québec mais aussi le temps qui passe. Dans la première partie, l’auteur raconte la vie du jeune Thomas Langlois dans les années 90 aux États-Unis. Il comprend qu’il n’est pas tout à fait comme les autres mais on n’en sait pas beaucoup plus à ce stade. Cette partie se termine par un terrible événement pour Thomas dans un climat tendu entre les différentes communautés ethniques de la ville. Malgré quelques difficultés à rentrer dans le livre et les quelques longueurs du début, je me suis attachée au personnage de Thomas et j’ai rapidement voulu en apprendre davantage sur sa destinée particulière.

Dans la seconde partie, l’auteur délaisse complètement Thomas pour se concentrer sur l’histoire d’Aimé Bolduc. On parcourt alors trois siècles d’histoire de l’Amérique avec bonheur, en passant d’une époque à l’autre, sans pour autant être complètement perdu. J’ai adoré les scènes de guerres, violentes et parfaitement décrites avec des affrontements terribles sur plusieurs pages ainsi que les passages sur le combat des Noirs américains pour leurs droits. J’ai donc beaucoup aimé l’atmosphère de cette seconde partie d’autant plus qu’elle est servie par une écriture poétique et recherchée, ce qui ne gâche pas le plaisir ! De plus, la touche fantastique surprenante se mêle habilement au réel et c’est plutôt agréable.

 

Bref, après un début un peu difficile, je me suis peu à peu plongée dans l’histoire et je l’ai savourée avec plaisir jusqu’à la dernière page. Un auteur à découvrir !

 

© Marie-Julie Péters

 

 

Contre !

Jean-François Simmarano : un livre qui aurait pu être un grand roman américain

 

L’année la plus longue s’ouvre sur une scène sombre d’un convoi qui se déplace dans le vent glacé et la pluie. Nous sommes en 1838 entre le Tennesse et l’Illinois, des indiens de tribus différentes sont « déplacés » vers le nord, image Fordienne décrite avec brio par Daniel Grenier qui installe dès ce préambule le mystère autour d’un personnage sans ombre et sans âge, qui emmène le convoi vers sa destination finale.

Fil rouge du roman, le personnage reviendra et commence alors une série d’allers-retours dans le temps et l’histoire au travers le destin de Twentyners, ces personnes nées un 29 février. Elles semblent ici victimes des années bissextiles et frappées d’un sort (ou d’un charme) ne les faisant vieillir qu’une année sur quatre. Nous sommes dans le romanesque fantastique sous l’influence d’Edgar Poe dès qu’il s’agit de retrouver l’ancêtre (Aimé) traversant les siècles du dix huitième jusqu’à nos jours et au-delà. Personnage clef, mais pas seul en scène puisque un de ses descendant (Albert) va passer sa vie à le traquer laissant à son fils (Thomas) le soin de conclure la fable.

 

Mais L’Année la plus longue est un roman ambitieux. Très ambitieux. Et c’est peut-être là son principal défaut. L’histoire embrasse une grande partie de l’histoire des Etats Unis depuis sa création et se termine au Canada. Daniel Grenier aborde un certain nombre de situations phare, les effleure souvent, les compile et demeure sans doute trop en surface sans traiter véritablement de grands thèmes qui lui tiennent  à cœur (Droits civiques, 11 septembre, paternité…) Sans doute aussi parce qu’il a beaucoup de mal à choisir son cheval de tête entre les trois personnages qu’il nous fait suivre mais dont aucun n’aura l’épaisseur d’un grand personnage de roman américain (On pense à ce que Richard Ford, Philip Roth ou Paul Auster auraient fait de certaines situations…)

Aussi, l’espoir que faisait naître le début du roman d’en apprendre encore un peu sur l’Amérique n’est pas assouvi. Finalement, le choix du registre Fantastique éloigne l’auteur de sa lecture de l’Histoire et ne nous dit pas grand-chose de l’Amérique sinon ce que l’on savait déjà (Les Indiens ont été traités comme des animaux, L’Amérique est raciste avec les noirs, Y être père est la responsabilité suprême) et sans aucun doute mieux écrit par ses contemporains.

Lorgnant parfois lourdement du côté de Francis Scott Fitzgerald et son Benjamin Button, ou encore de Mircea Eliade et son Homme sans âge, Grenier se contente souvent de faire promener son Forrest Gump au travers des siècles, nous gratifiant de certaines fulgurances très adroites comme une scène de transformation à la Bram Stoker ou encore et surtout cette rencontre improbable mais très belle avec Buster Keaton. Sans oublier ce qui est la partie la plus belle du roman, la rencontre des parents de Thomas dans une petite ville des Etats unis dans les années 7O , où l’on aurait aimé rester beaucoup plus longtemps.

 

L’année la plus longue est l’exemple même d’un bon livre qui aurait pu être un grand livre si l’auteur ne s’était pas dispersé et avait mieux ciblé ses choix. A trop vouloir en dire…

L’an dernier Confiteor et Le Fils marquaient au fer rouge la littérature comme deux des plus belles fresques de ces vingt dernières années. Ce ne sera pas le cas pour ce roman. Et c’est bien dommage.

 

© Jean-François Simmarano

 

Retrouvez la riposte de Daniel Grenier aux questions de nos lecteurs ici

Retrouvez leurs avis sur les fiches des 50 romans français lus par les Explorateurs de la rentrée littéraire 2016,

Mais également les chroniques :

"Où la lumière s’effondre" Guillaume Sire (Plon)

"Chanson douce" Leila Slimani (Gallimard)

"Une bouche sans personne" Gilles Marchand" (Aux Forges de Vulcain)

"Les lois de l’apogée" Jean Le Gall (Robert Laffont)

"Anguille sous roche" Ali Zamir (Le Tripode)

"Police" Hugo Boris (Grasset)

"Ma part de Gaulois" Magyd Cherfi (Actes Sud)

"Une fille et un flingue" d’Ollivier Pourriol (Stock)

"Celui-là est mon frère" de Marie Barthelet (Buchet-Chastel)

"Marcher droit, tourner en rond" Emmanuel Venet (Verdier)

"Le Zeppelin" de Fanny Chiarello (L’Olivier)

"Crépuscule du tourment" Léonora Miano (Grasset)

"Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

 

Les Pour ou Contre :

"Beaux rivages" de Nina Bouraoui (Lattès)

"L’Année la plus longue" de Daniel Grenier (Flammarion)

"L’innocent" de Christophe Donner (Grasset)

"Le Garçon" de Marcus Malte (Zulma) : Prix Fémina 2016

"Les sorcières de la république" de Chloé Delaume (Seuil)

"La sainte famille" Florence Seyvos (éditions de l'olivier)

 

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