L'Établi, ce titre désigne d'abord les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s'embauchaient, « s'établissaient » dans les usines ou les docks. Celui qui parle, ici a passé une année, comme O S. 2, dans l'usine Citroën de la porte de Choisy. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la grève. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier dans une grande entreprise parisienne.
Mais L'Établi, c'est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu'elles passent au montage.
Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l'intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production.
Prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu nous confie sa bibliothèque idéale
L’auteur s’est fait embauché comme OS Chez Citroën en 1968 pour y observer, décrire et commenter les conditions de travail sur une chaîne de montage de la 2CV. Un essai sociologique, reflet d’une époque où les travailleurs immigrés constituaient l’essentiel de la main d’œuvre. Sa situation immersive nous vaut une description détaillée de la vie de l’entreprise, des inégalités raciales, de la difficulté à mobiliser pour déclencher une grève, de la précarité des emplois révocables à tout moment et moteurs d’une coercition patronale...Excellent témoignage d’un passé récent par un acteur qui n’a pas craint de s’impliquer personnellement et dans des conditions difficiles pour nous rafraîchir la mémoire.
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