Personne ne sait à quel rythme l'Internet transformera l'industrie financière. Ce qui est sûr, c'est qu'il le fera. Les institutions financières s'y préparent. Les articles de cette nouvelle livraison de la Revue d'économie financière en apportent la preuve s'il le fallait. En effet :
L'Internet a quitté le monde du rêve, pour rentrer dans celui de la réalité et du pragmatisme ; d'une certaine façon la nouvelle économie rejoint les critères économiques de l'ancienne économie ; mais il s'agit bien d'une révolution ;
L'Internet a quitté la sphère des technologues pour rentrer dans celle des spécialistes du marketing ; en clair, les usages prennent le pas sur la technologie ; ils s'avèrent nombreux et majeurs ;
Le cadre, ou plutôt l'infrastructure sécuritaire technique et juridique, se précise mais des zones d'ombre demeurent ;
L'Internet confirme les tendances lourdes d'évolution des organisations vers un fonctionnement en réseaux, et la nécessité d'actions fortes dans le domaine des ressources humaines.
Il est impressionnant de se remettre en mémoire, ce que pouvaient être, dans le secteur financier, certaines prédictions de prophètes de l'Internet, il y a moins de 5 ans. Bien que la plupart de ces prédictions ne se soient pas produites, l'impact d'Internet est particulièrement fort dans les services financiers, parce qu'une partie significative de la valeur ajoutée de ce métier se situe dans le traitement de l'information, le rapprochement de sources documentaires ou encore l'échange de données. Donc, ne nous y trompons pas, ce qui est en cause, ce n'est pas le sens du mouvement mais son rythme.
Dans ce domaine, il y a aujourd'hui un large consensus des institutions financières pour offrir aux clients le type de relations qu'ils souhaitent, entreprises, professionnels ou particuliers. L'approche multicanal se généralise. Les clients choisissent entre le contact physique, le téléphone, l'Internet ou encore le Minitel. Ainsi sont créées les conditions qui permettent une gestion progressive du transfert des relations d'un canal à l'autre. Suivant les types de clients et la nature des services, le transfert sera plus ou moins rapide et plus ou moins complet. Grâce à cette stratégie, les grandes marques traditionnelles ont toute chance de conserver leurs parts de marché, pour l'essentiel.
Cependant, l'exécution en ligne d'opérations, particulièrement dans un domaine où des flux financiers sont en jeu, exige la stabilité des standards techniques, de manière à pouvoir investir sans surprise, et une forte sécurité physique et juridique pour maintenir la confiance.
Telles sont les grands traits d'analyse que ce numéro de la Revue d'économie financière tente de dégager quant à l'organisation des métiers financiers face à Internet.
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