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D'accord.
Elle a bafouillé d'accord, la commandante du bateau. Avant de se ressaisir. de le redire. Fermement. D'accord pour une baignade.
Une entorse aux règles.
Un pas de côté.
Loin des côtes.
20 marins dévêtus se jettent à l'eau, pendant que la commandante veille sur son grand navire. Cette baleine au coeur qui tambourine. Un unisson entre elle et lui. Son bateau.
Quand ils remontent à bord, ils sont 21. Elle compte, la cheffe. Son second aussi. 21. Voilà, c'est comme ça.
Les interdits qu'on brave. Même de touts petits interdits. Une heure, quelques minutes, reprendre ce corps de marin qui ne vous appartient plus, soumis aux machines, aux vents, aux vagues, aux ordres. le reprendre et lui offrir une baignade. Un mot d'enfant, un jeu d'enfants, dans cet univers si rude.
Est-ce qu'on les paye toujours... ?
Un roman à la lisière de l'onirique. Un roman poétique, dans son rythme, dans ses mots. C'est beau, sensible, calibré. le vocabulaire est pesé, rien n'est hasard, c'est un travail d'orfèvre.
L’océan Atlantique, un porte-container, 20 puis 21 membres d’équipage et une femme, commandante de ce navire.
C’est tout et ce qu’en fait Mariette Navarro relève de la magie, de l’envoûtement presque.
Je ne suis vraiment pas douée pour parler des romans qui, sans toujours me laisser un souvenir inoubliable, sont des vraies expériences, où on est tout entier dans le livre le temps de leur lecture. L’écriture de celui-ci déclenche une vraie immersion.
J’ai aimé me sentir à la limite de l’étouffement ou de l’épouvante par moment, en déséquilibre constant.
Un minuscule bémol sur la fin que je n’imaginais pas si sage.
Et même si la maternité n’est pas le sujet principal du roman (d’ailleurs il en aborde tant par petites touches sans que l’un d’eux soit prédominant) j’ai adoré ces lignes sur le sommeil des mères : « N’étant pas mère, elle ne pouvait que deviner que c’est cette panique pour laquelle on signe année après année quand on a un enfant, celle qui fait se lever la nuit pour vérifier une respiration, et ne rester qu’à la surface de tous sommeils, toujours avoir une oreille dressée à l’affût des monstres. »
Elle qui est parvenue à s’imposer comme commandante de cargo au prix d’une discipline de fer et d’un investissement de tous les instants, sait que tout écart de vigilance peut lui coûter la confiance et le respect de ses hommes d’équipage. Pourtant, une inexplicable impulsion lui fait accepter leur fantaisiste requête : en dépit du règlement maritime et des consignes de sécurité, pendant qu’elle restera seule à bord de leur navire mis en panne, radars coupés, tous s’offriront une baignade en plein milieu de l’Atlantique. Etrangement, quand, après cet intermède aussi clandestin qu’impromptu, chacun a regagné son poste, un changement de plus en plus perceptible se fait sentir à bord, comme si un nouvel esprit d’indépendance avait investi jusqu’au bateau lui-même...
« Il y a les vivants, les morts, et les marins. » Cette commandante de navire n’en a pas vraiment fait le choix, elle sait qu’elle appartient à la mer, et, qu’après chaque escale, il lui tarde de repartir, là où, face à l’horizon, elle a sa place, loin de l’immobilité des foules, dans un espace comme suspendu à l’écart de la vie ordinaire, une parenthèse de dérive et de respiration. Sans se poser la question de ce qui la pousse à larguer les amarres de la sorte, elle a corseté sa vie en séquences ordonnées, passant sans cesse de la terre à la mer, au gré de ses engagements qu’elle investit avec une autorité et une discipline toutes militaires. Il faut dire, qu’en dehors des conditions météorologiques, la course des cargos n’a rien d’aléatoire, et qu’au final, même en mer, la vie finit par être aussi millimétrée que partout ailleurs. Surtout pour une femme, lorsqu’elle doit constamment faire ses preuves dans un univers masculin…
Alors, un jour, dans cette routine insidieusement devenue trop pesante, voire même proche du non-sens, survient presque inconsciemment un sursaut, une sorte d’acte manqué, un « oui » lâché sans réfléchir à une demande incongrue mais qui devait faire écho à une envie de transgression profondément refoulée. Soudain révélée, la fêlure longtemps ignorée devient brusquement lézarde. Et c’est comme si un autre moi venait sans prévenir de prendre le contrôle, débrayant définitivement ce qui n’était plus devenu qu’une sorte de pilotage automatique. A l’unisson de cette transformation inopinée, le bâtiment lui-même répond différemment, le rationnel fait place à la fantaisie, et le lecteur, fasciné, bascule avec surprise dans un mystère teinté de poésie.
Ce premier roman merveilleusement original est une jolie surprise métaphorique, un rien désarçonnante, pleine d’une onirique fantaisie ouvrant plusieurs niveaux de lecture. C’est d’ailleurs en le parcourant une seconde fois que chacune de ses phrases se déploie avec une nouvelle force poétique, renouvelant le délice de ses mots judicieusement choisis. Entre frisson, poésie et mystère, une plume de qualité pour un singulier coup de coeur.
En lisant ce livre, j'ai eu sans cesse l'impression d'être sur un nuage, de flotter au-dessus de l'eau, d'être porté par le vent car il y a beaucoup de légèreté dans ce livre.
L'auteure dramaturge nous transporte dans le monde de l'étrange, dans une autre dimension. Les marins et le commandant (une femme) du bateau se sentent en effet déstabilisés par ce qui leur arrive.
Un premier roman réussi. Pas un chef d’œuvre mais une très belle découverte.
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