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Guy Bordin

Guy Bordin
Guy Bordin est ethnologue et réalisateur. Ensemble, ils préparent également un film sur Charlotte Dufrène, L 'Effacée, qui sera leur septième réalisation commune.

Avis sur cet auteur (3)

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    Couverture du livre « Vers le monde bleu » de Guy Bordin aux éditions La Tremie

    Yv Pol sur Vers le monde bleu de Guy Bordin

    Guy Bordin est océanographe, ethnologue, réalisateur, diplômé en langue et culture inuits. Il est aussi écrivain et publie son deuxième roman après L'amant fantasmatique. Vers le monde bleu est un roman assez court, très riche. J'ai personnellement beaucoup appris sur Saint-Pierre et Miquelon et...
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    Guy Bordin est océanographe, ethnologue, réalisateur, diplômé en langue et culture inuits. Il est aussi écrivain et publie son deuxième roman après L'amant fantasmatique. Vers le monde bleu est un roman assez court, très riche. J'ai personnellement beaucoup appris sur Saint-Pierre et Miquelon et sur Terre-Neuve et ses premiers habitants, les Béothuks. Si j'ai pu me sentir un peu dépassé par les toutes premières pages dans lesquelles l'auteur parle de l'intérêt de son héros pour les terres australes en y citant les différents peuples qui les ont habitées, très vite je suis entré dans le rythme de Guy Bordin et j'y ai puisé une foultitude d'informations et surtout trouvé un réel plaisir de lecture. Instructif sans être pédant, très bien écrit, ce court récit duquel le superflu a été gommé, va au plus court, au plus direct sans omettre de nous décrire les paysages, les lieux visités et les personnes rencontrées. De fait, j'ai eu très envie d'aller partager les périples des deux hommes en ces lieux encore point trop touristiques. Et de me prendre à espérer qu'ils trouvent les objets de leur quête

    C'est aussi un roman d'initiation amoureuse. Le jeune enseignant se sait homosexuel mais n'a pas encore osé vivre une histoire avec un autre homme. Les années 1990 sont assez anxiogènes : les homos ne sont pas vraiment acceptés et le Sida fauche de nombreuses personnes dont certaines personnalités : Hervé Guibert, Cyril Collard... A Saint-Pierre, petite ville sur une île, lorsqu'on est enseignant, il vaut mieux ne pas montrer son orientation sexuelle si celle-ci n'est pas la norme acceptée. Il faudra trouver des moments et des endroits pour que deux hommes se rencontrent librement. Ce sont également de belles pages, explicites et sobres. Ils mettent à profit leurs temps de recherche sur les Béothuks pour partager de beaux moments.

    L'ensemble est un beau roman, équilibré, sobre et instructif qui fait la part belle aux paysages, aux premiers habitants des endroits décrits. Excellent pour se dépayser en lisant de très belles lignes.

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    Couverture du livre « Vers le monde bleu » de Guy Bordin aux éditions La Tremie

    Evlyne Léraut sur Vers le monde bleu de Guy Bordin

    « Il y a un moment entre deux genres d’humanités où l’on en arrive à se débattre dans le vide. »
    Céline, Voyage au bout de la nuit.
    Guy Bordin est ethnologue et réalisateur (huit films avec Renaud de Putter), riche d’un premier roman, prometteur « L’amant fantasmatique), « Vers le monde bleu »...
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    « Il y a un moment entre deux genres d’humanités où l’on en arrive à se débattre dans le vide. »
    Céline, Voyage au bout de la nuit.
    Guy Bordin est ethnologue et réalisateur (huit films avec Renaud de Putter), riche d’un premier roman, prometteur « L’amant fantasmatique), « Vers le monde bleu » est matière ardente, un monde olympien qui tient en haleine. La clé de voûte d’une littérature intrinsèque, comme une maison du monde flottant sur le bleu. L’azur à peine voilé par cette fiction qui navigue entre réalité, songe et quête.
    On a l’impression (pour avoir lu le précédent ouvrage) d’un récit écrit face à l’horizon. Crépusculaire, surdoué, on aime de suite la douceur du ton et la maturité d’un style qui hypnotise.
    La lenteur est une gageure. Un arrêt sur image, sur ce qui fût réellement du narrateur (double de l’auteur) sa vie et ses périples, ses désirs et ses renaissances.
    Guy Bordin délivre un journal à peine romancé. Il y a dans le cœur de ce livre sensible et confident, la fusionnelle impression d’une rencontre rimbaldienne.
    Des myriades de saveurs ethnologiques, tremblantes. L’importance de l’autre, l’étrange (er) et les relations amoureuses qui adviennent dans une orée entre les latitudes et les solitudes, les destinées Terre de Feu et les corps sublimés.
    Les terres spéculatives, les errances de par le monde. Ce livre est à l’instar d’un parchemin, d’un périple salvateur, une urgence du dire appliquée.
    L’initiation d’un homme qui désire résolument voyager. S’approprier le cosmopolite, les fusions des quatre éléments et les mystères des sciences-humaines. Le Je du livre est une invitation.
    « Mes pensées ont toujours été dirigées vers le sud, je veux dire vers le Grand Sud, comme d’autres ne jurent que par le Grand Nord. »
    La trame est une conférence à ciel ouvert, documentée, altière et apprenante. On est en transmutation. On écoute cette voix douce contée sa vie. Son départ pour saint-Pierre-de-Miquelon, jeune professeur qui profite de l’opportunité d’enseigner au plus près du Sud qu’il vénère. Il va se lier avec Jacques, connivence et attirance. Découvrir l’île, de Mirande jusqu’à la presqu’île du Cap et Grande Miquelon et plus encore.
    Ils ont le même désir d’approfondir leurs savoirs, les fondements mêmes des habitus des peuples ancestraux. Ils ressentent le même désir, l’appel de l’autre, l’union charnelle dans cette beauté assumée. C’est en cela aussi que ce livre, ce monde bleu est un voyage des grandes importances. « Les dévastés du vaste monde. »
    Retrouver la Tasmanienne et la Béothuk. Entre le triptyque sensuel, pur, trois hommes reliés, siamois et cette trame grandiose, spéculative. L’aurore-boréale d’un renom. Le narrateur (l’auteur) décide de partir, quitter son poste, s’envoler dans l’altérité de ses vérités vers le monde bleu.
    C’est un livre stupéfiant, charnel, viril, magnétique, et grandiose. L’immensité d’un homme qui délivre une multitude d’univers. Il y a toute la bienveillance pour l’humain. L’essentialisme dans sa sincérité la plus radicale. La sensualité : marée-basse, volcan et libre si libre.
    « Vers le monde bleu » est une myriade d’oiseaux migrateurs en plein vol. Une histoire fusionnelle, comme du linge frais claquant au vent. Un homme, et sa vie, et dans cette justesse d’une parole qui chante le monde et l’amour pour son prochain. Publié par les majeures éditions De La Trémie. Prix du roman Gay 2022.

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    Couverture du livre « L'amant fantasmatique ; journal de Kerbihan » de Guy Bordin aux éditions Editions Maia

    Yv Pol sur L'amant fantasmatique ; journal de Kerbihan de Guy Bordin

    Le narrateur et Jean, son cousin maître de conférences en Histoire moderne passent l'été -dans les années 80- dans un chalet isolé en Bretagne pour travailler à la préparation d'un livre. Le jeune homme est épris de Jean -mais point de réciprocité- qui lui parle de ses années au Canada et de sa...
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    Le narrateur et Jean, son cousin maître de conférences en Histoire moderne passent l'été -dans les années 80- dans un chalet isolé en Bretagne pour travailler à la préparation d'un livre. Le jeune homme est épris de Jean -mais point de réciprocité- qui lui parle de ses années au Canada et de sa découverte des Esquimaux. Le séjour studieux se transforme vite en malaise pour le narrateur amoureux d'un homme qui ne le lui rend pas.

    Texte dans lequel la passion amoureuse et la tension érotique sont présentes du début à la fin. Elles sont dans tous les paragraphes, dites ou devinées. Elles hantent le jeune homme au point de lui faire avoir des hallucinations terriblement réalistes après que son cousin lui a raconté que les Esquimaux "pouvaient avoir en certaines circonstances une vie sexuelle avec, selon une traduction française approximative, des partenaires virtuels ou fantasmatiques, des mots un peu flottants. En gros, lorsqu'une personne A s'entiche d'une personne B et y pense trop, la convoite avec ardeur, en est diablement obsédée, il peut arriver que l'être secrètement aimé B se révèle à A sous une forme fantasmatique. Les rencontres intimes surviennent par la suite lors de contextes variés, mais uniquement quand A est seul..." (p. 25/26) Ce passage est le déclencheur des visions intimes du jeune homme qui ne vont plus le lâcher pendant le séjour en Bretagne.

    Le texte est court et beau, rapide, il prend des airs de polar lorsqu'un chef scout disparaît, s'aventure dans l'érotisme et dans le fantastique avec cette histoire inuite d'amant fantasmatique. L'écriture est soignée, travaillée, elle est fluide, coule naturellement. Je la ressens ainsi, mais l'auteur s'est peut-être arraché les cheveux à la rendre telle, ça ne se sent pas.

    Guy Bordin est ethnologue et réalisateur et connaît bien le monde inuit. Il a écrit pas mal d'articles scientifiques et a coréalisé huit films. Ce roman est son premier texte de fiction, essai transformé. A noter qu'il peut gêner certains par la tension sexuelle qui l'habite et qu'il est inaccessible aux homophobes.

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