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Et si on s'amusait avec les mots ?
Ce livre est une bien jolie façon de faire du français, adulte et enfant ensemble ; un agréable temps partagé où chacun s'étonne des mots que nous utilisons tous les jours !
Dans ce troisième volume, retrouvons avec bonheur Pico, Ana Ana, Norma et Charlie ! Ah Charlie, lequel la voix off du livre met dans de bien improbables situations !!!
Vivement le tome IV
Pour les enfants : surement ; pour les adultes ? ça dépend quel adulte on est ? … mais un peu de fraicheur enfantine fait toujours du bien ; avec une certaine poésie et philosophie.
Petit exemple sur Amours :
Pico (en train de gouter avec sa sœur) : J’ai lu qu’il y a plusieurs sortes d’amour. J’ai aussi lu le contraire. Que tous les amours se valent.
(A sa sœur Ana Ana) Tu crois qu’il y a une différence entre, par exemple, aimer une fille et aimer un gâteau ?
Ana Ana : non, regarde là-bas
Et quand Pico se retourne il voit Ana Ana la bouche pleine de chocolat et son assiette vide. Et là Ana Ana lui dit : Il n’y a pas de différence quand la fille et le gâteau ne font qu’un. »
Et certaines histoires ne sont pas que « gentillettes ».
L’auteur découvre l’univers de la forêt grâce à son père qui tronçonne des arbres. Il en fera son métier et deviendra bûcheron
« C’est dans une forêt de mélèzes dans le sud de la France que je me suis confronté au métier de bûcheron. »
Il aime les odeurs de la forêt et il va se tourner vers le métier de la production d’essences, puis celui de sourceur d’extraits naturels pour la parfumerie.
Ce qui est intéressant chez l’auteur, c’est qu’il nous raconte la déforestation de forêts prestigieuses comme celle des cèdres du Liban dont il ne reste que quelques vestiges aujourd’hui. Puis c’est la forêt primaire composée de hêtres de chênes et de conifères que les gallo-romains vont exploiter pour son bois.
L’auteur nous parle aussi de ces géants, les séquoias de Californie et c’est impressionnant.
Il évoque aussi les feux destructeurs qui ravagent les forêts.
On sent la passion de l’auteur pour la forêt et les arbres exceptionnels. Le livre se termine sur un constat optimiste, la forêt est capable de se régénérer.
Pour illustrer ce lien millénaire entre l’arbre et l’homme, Dominique Roques nous parle de cette planche de près de deux mètres de long et qui lui sert de table de travail. Cette table, qui a l’aspect d’une pierre très dure, est un morceau de bois silicifié, c’est-à-dire pétrifié, et qui vient de Madagascar.
L’auteur, qui tient sa passion des arbres de son père, parle de l’odeur de la sciure, sa madeleine de Proust, qui évoque son enfance. Pour la première fois, il assistait à la coupe d’un arbre à l’aide d’une tronçonneuse. La chute d’un arbre est toujours impressionnante
« La lenteur impressionnante des premières secondes ou l’arbre commence à basculer, puis les craquements de l’arrachement des dernières fibres liant encore le tronc à la souche sont inoubliables. »
Cette odeur de forêt va le suivre et influencer son parcours professionnel. Après avoir débuté comme bûcheron dans une forêt de mélèzes, il découvre l’art de distiller les essences de la forêt. Il devient sourceur d’extraits naturels pour la parfumerie
« Une autre façon d’entrer dans les forêts, celles des arbres à parfum »
Ses voyages l’ont conduit dans des contrées de forêts mythiques comme celle des cèdres du Liban. Halas ! Les hommes ont anéanti une forêt extraordinaire dont ne subsistent que quelques lambeaux. L’histoire de cette conquête des cèdres qui a débuté avec le roi Gilgamesh qui cherchait l’immortalité, est édifiante et passionnante.
La sylve gallo-romaine subira la même exploitation à outrance tant le besoin de bois est important. Ce qu’on sait moins, c’est que « le roi de France, Philippe VI deviendra le premier lanceur d’alerte à la déforestation de l’ère moderne par son ordonnance d e Brunoy de 1346 ».
L’exploitation de la forêt, c’est aussi la fabrication de charbon de bois à l’ère industrielle.
« Le charbon de bois va mettre la forêt au service du métal »
Et Dominique Roques se fait conteur pour nous raconter cette épopée.
Nouveau voyage, en Californie cette fois, pour admirer ce qui reste de la forêt de sequoias, ces géants débonnaires malheureusement trop exploités. Il faudra attendre l’arrivée en Californie de John Muir, le pionnier des idées de conservation des espèces, pour voir la création du Parc National de Yellowstone.
A Bornéo, la forêt primaire a été détruite et remplacée par des plantations de palmier à huile, une catastrophe écologique. L’auteur parle d’arrêter de couper les forêts en les sanctuarisant :
« Faire des forêts sauvages une forme de sanctuaire pour les mettre radicalement à l’abri de la coupe et de la prédation. »
Au Paraguay, dans la région du Chaco, existe une forêt primaire ou pousse le gaïac, appelé palo Santo, un bois qui fournit des huiles essentielles pour la parfumerie. Mais là aussi, la forêt est en rivalité avec l’élevage qui provoque la déforestation.
Ce tour de quelques forêts emblématiques est passionnant et nous fait prendre conscience de l’urgence à protéger les arbres dans une gestion responsable de la ressource. Connaissant parfaitement son sujet, Dominique Roques a su transmettre au lecteur sa passion pour l’arbre et pour ces forêts extraordinaires à travers le monde ou près de chez nous.
Et, comme il le dit : « … aidons les forêts, devenons des semeurs de beauté. »
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