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David Diop

David Diop
Né à Paris en 1966, David Diop a grandi au Sénégal et est maître de conférences à l'Université de Pau. Il est l'auteur de Frère d'âme, roman lauréat du prix Goncourt des lycéens 2018 et de l'International Booker Prize 2021.

Avis sur cet auteur (35)

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    Couverture du livre « Le pays de Rêve » de David Diop aux éditions Rageot

    Mireille B sur Le pays de Rêve de David Diop

    « Rêve était orpheline, ses parents avaient été prématurément fauchés en pleins travaux des champs par des soldats désœuvrés. Recueillie par sa grand-mère paternelle, Rêve, dès son enfance est protégée du mauvais œil. Au fil du temps, accablée par autant de misère, sa grand-mère ne se lassait...
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    « Rêve était orpheline, ses parents avaient été prématurément fauchés en pleins travaux des champs par des soldats désœuvrés. Recueillie par sa grand-mère paternelle, Rêve, dès son enfance est protégée du mauvais œil. Au fil du temps, accablée par autant de misère, sa grand-mère ne se lassait pas de gémir sur sa pauvreté tout en sombrant dans l’indifférence. « Les nuits sans lune, Rêve gravissait la décharge-montagne d’habits pulvérulents qui recouvrait la plage… d’où elle scrutait la mer sombre sous un ciel éteint, ses écumes englouties par un horizon invisible ». Les deux anneaux d’or de ses parents que lui avait tout juste montré sa grand-mère pouvaient-ils lui faire espérer l’accès à des chemins lumineux ?

    Une cinquantaine de pages pour exprimer la pauvreté d’un pays, jamais nommé par l’auteur d’origine sénégalaise, la violence entretenue par les puissantes inégalités, un pays où l’exil doit être l’un des plus beaux rêves de sa jeunesse.

    Seulement une cinquantaine de pages pour raconter par la beauté des mots et de la poésie, un univers baigné dans la misère, traversé par l’illusion de la richesse pour atteindre la puissance du rêve.

    Seulement une cinquantaine de pages dont j’aurais voulu extraire les plus belles phrases dans ce commentaire. Il vaut mieux lire ce conte touchant !

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    Couverture du livre « Le pays de Rêve » de David Diop aux éditions Rageot

    Bernard Viallet sur Le pays de Rêve de David Diop

    Quelque part dans un pays que l’on devine d’Afrique noire, Rêve, jeune orpheline dont les parents ont été tués par quelques soldats désœuvrés, a été recueillie par sa grand-mère. Pour que la beauté de l’enfant ne suscite pas les convoitises, elle la cache dans un bidonville, la revêt de haillons...
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    Quelque part dans un pays que l’on devine d’Afrique noire, Rêve, jeune orpheline dont les parents ont été tués par quelques soldats désœuvrés, a été recueillie par sa grand-mère. Pour que la beauté de l’enfant ne suscite pas les convoitises, elle la cache dans un bidonville, la revêt de haillons et la nourrit de ce qu’elle trouve dans les poubelles du Palais du Grand Désœuvré. Ainsi protégée, Rêve grandit et devient une jolie jeune fille qui rêve d’un destin meilleur. Un jour, la grand-mère lui montre deux anneaux d’or, les alliances des parents de l’enfant, qui devraient lui permettre de sortir de la misère en temps utile. Mais elle ne devra les recevoir qu’après sa mort, quand viendra le moment de se lancer dans le monde. Rêve ne l’entend pas de cette oreille. Elle voudrait récupérer son bien sans attendre. Même une seule bague en or lui suffirait…
    « Le pays de Rêve » est un très court conte, présenté comme « initiatique sur l’injustice du monde », peut-on lire sur la couverture. Effectivement le texte est bref, l’ouvrage ne comportant que 54 pages dont on peut retrancher une vingtaine en comptant les en-têtes et les présentations de chapitres occupant chacune deux pages blanches. Le style de l’auteur se veut minimaliste et un brin allégorique. En dehors de Rêve, aucun personnage n’a de nom, aucun lieu non plus. L’Afrique donne l’impression d’être une sorte de vaste décharge publique, un tas d’ordures plein de vêtements « pulvérulents ». La corruption et la violence gratuite semblent omniprésentes avec tous ces soldats désœuvrés, mal-payés et sans doute prêts à tous les crimes et à tous les viols. Dans un tel contexte, le lecteur ne peut éprouver que de la compassion pour les deux héroïnes. La fin de cette histoire triste laisse un goût assez amer. Le salut de Rêve, tout comme celui de tout le continent serait-il impossible en dehors de l’émigration vers l’Europe ? L’auteur ne le dit pas ouvertement, mais le laisse supposer. Le lecteur ne peut donc que rester avec ses interrogations.

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    Couverture du livre « La porte du voyage sans retour » de David Diop aux éditions Seuil

    Les Lectures de Cannetille sur La porte du voyage sans retour de David Diop

    Au milieu du XVIIIe siècle, le naturaliste Michel Andanson choisit, pour ses explorations, de se rendre dans une région d’Afrique alors encore très mal connue des Européens : le Sénégal. Il y passa cinq ans, comme modeste commis de la Compagnie des Indes, et en ramena quantité d’observations...
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    Au milieu du XVIIIe siècle, le naturaliste Michel Andanson choisit, pour ses explorations, de se rendre dans une région d’Afrique alors encore très mal connue des Européens : le Sénégal. Il y passa cinq ans, comme modeste commis de la Compagnie des Indes, et en ramena quantité d’observations géographiques et ethnologiques, ainsi que d’importantes collections botaniques et ornithologiques. Ruiné par l’insuccès de ses publications à son retour de voyage, il élabora avec Jussieu une nouvelle méthode de classification des végétaux, et se lança dans un gigantesque projet d’encyclopédie, qui ne fut jamais publiée. Il mourut dans le dénuement, léguant à sa fille Aglaé sa passion pour les plantes et une montagne de manuscrits. Et aussi - mais là c’est l’imagination de David Diop qui prend le relais -, des carnets relatant une version beaucoup plus intime de son expérience sénégalaise.

    Ressuscitant le botaniste sous les traits d’un jeune homme ouvert et curieux, que ses explorations amènent à remettre peu à peu en cause les préjugés raciaux de ses semblables, au fur et à mesure qu’il se familiarise avec la langue, les traditions et les croyances, enfin le rapport au monde des Sénégalais, l’auteur nous entraîne dans un fascinant et dépaysant récit d’aventures, bientôt tendu par le mystère d’une disparition et d’une quête. Car, nous voilà bientôt sur les traces d’une jeune Africaine, évadée aux abords de l’île de Gorée, alors que, promise à l’esclavage, elle devait, comme des millions d’autres au temps de la traite des Noirs, y franchir « la porte du voyage sans retour ». Fasciné par la légende qui s’est aussitôt emparée du destin de cette fille devenue héroïne pour les uns, gibier pour les autres, notre narrateur laisse un temps de côté la flore pour s’intéresser à cette Maram, sans se douter que les développements romanesques de cette aventure le marqueront à jamais.

    Romanesque, l’histoire de Michel et de Maram l’est absolument. C’est en vérité pour n’en revêtir qu’avec plus de force une dimension résolument symbolique et éminemment poétique. Ce jeune Français, qui, animé par l’esprit des Lumières, s’avère capable de raisonner à contre-courant des préjugés de son époque pour apprendre à connaître et à respecter un autre mode de rapport au monde, et qui, pourtant, échoue, comme Orphée, à sauver Eurydice de la mort et des Enfers, et, de retour en France, s’empresse d’oublier le changement de mentalité entamé lors de son voyage pour épouser à nouveau sans réserve les plus purs principes matérialistes, illustre tristement ce que les liens entre l’Europe et l’Afrique auraient pu devenir, loin de toute relation d’assujettissement, si l’appât du gain avait cessé un temps de les dénaturer.

    Finalement rattrapé par l’inanité de ses ambitions et de ses tentatives encyclopédiques de maîtriser le monde, le personnage principal prend conscience, sur le tard, de ses erreurs et de ses ambiguïtés. Trop tard, hélas, pour les victimes de l’esclavage, et pour le mal et la souffrance terriblement infligés. Mais pour mettre en mots, transmettre la mémoire, et, peut-être, espérer, un jour, un avenir plus humain entre Afrique et Occident.

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    Couverture du livre « La porte du voyage sans retour » de David Diop aux éditions Seuil

    Jean-Paul Degache sur La porte du voyage sans retour de David Diop

    À partir de l’histoire de Michel Adanson, un botaniste français né en 1727 et mort en 1806, David Diop m’a ramené sur ses terres d’Afrique dévastées des années durant par le juteux trafic d’êtres humains : l’esclavage.
    Michel Adanson, passionné par les plantes rêvait de publier un chef-d’œuvre...
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    À partir de l’histoire de Michel Adanson, un botaniste français né en 1727 et mort en 1806, David Diop m’a ramené sur ses terres d’Afrique dévastées des années durant par le juteux trafic d’êtres humains : l’esclavage.
    Michel Adanson, passionné par les plantes rêvait de publier un chef-d’œuvre encyclopédique consacré à la botanique, son orbe universel.
    S’il n’y parvint pas, c’est Aglaé, sa fille qui découvre enfin ses cahiers après avoir cherché patiemment dans tout ce que son père lui a légué après sa mort. Elle débute la lecture d’un texte passionnant qui va me tenir en haleine jusqu’au bout.
    Michel Adanson, à 23 ans, quitte Paris pour l’île de Saint-Louis du Sénégal, persuadé que les habitants, là-bas, nous sont inférieurs, comme cela est incrusté dans les mentalités de l’époque. Malgré ces idées préconçues, le père d’Aglaé apprend le wolof et peut ainsi communiquer de plus en plus avec celles et ceux que l’on nomme les Nègres. C’est ainsi que, dans le village de Sor, Baba Seck, le chef, lui conte l’histoire de « la revenante » qui n’est autre que sa nièce, Maram Seck, enlevée sur le chemin de l’île Saint-Louis. Serait-elle encore vivante ? Serait-elle sur l’île de Gorée, La porte du voyage sans retour, comme on la nomme hélas très justement ?
    Décidé à connaître la vérité, Michel Adanson, sans négliger ses recherches sur les plantes locales, décide de partir à la recherche de cette jeune femme. Ndiak (15 ans) l’accompagne. Estoupan de la Brüe, le Directeur générale de la Concession, donne son accord et lui attribue six hommes armés pour escorte, plus deux porteurs.
    Dans cette partie de l’Afrique occidentale où la Compagnie du Roi gagne trois à quatre millions de livres grâce au commerce des esclaves, Michel Adanson découvre que les petits rois locaux favorisent cela et organisent même les razzias.
    Grâce aux notes prises par le botaniste, David Diop produit un roman passionnant, une plongée dans le Sénégal de la fin du XVIIIe siècle, sa nature luxuriante, sa faune, ses villages, ses coutumes. Je me retrouve même au cœur d’une fête de mariage au cours de ce voyage au sud de Saint-Louis.
    Un peu plus tard, Michel Adanson, très malade, est sauvé par une sorcière, une guérisseuse qui… je vous laisse découvrir. J’apprends toutes les vicissitudes de ces hommes issus de la noblesse française mais aussi comment sont traitées les femmes qui refusent de se soumettre au bon vouloir des chefs locaux n’hésitant pas à pactiser avec ceux qui organisent le trafic d’esclaves.
    La rencontre avec Maram, l’amour fou de Michel Adanson pour cette jeune femme qui se confie à lui sont des moments très forts de ce livre. Comme elle est passionnée par les plantes, ils communiquent d’autant plus facilement.
    David Diop, toujours grâce aux cahiers de Michel Adanson, me fait bien comprendre l’importance de ce rab, ce génie gardien si important pour Maram qui le matérialise avec une immense peau de serpent boa.
    La fin de l’histoire est tendue, terriblement angoissante mais tellement révélatrice de l’esprit de ces Européens trafiquants d’esclaves sur cette île de Gorée de sinistre mémoire.
    Comme dans Frère d’âme, une lecture qui m’avait déjà passionné, j’ai plongé complètement dans ce récit après avoir été un peu désorienté au début. Pourtant déjà, l’auteur donnait de nombreux indices précieux sur cet homme qui, jusqu’à la fin de sa vie, ne pourra jamais oublier Maram, son amour fou qu’il croira même reconnaître des années plus tard sur un tableau représentant une Négresse d’origine wolof dont le modèle venait des Antilles. Mais, pour qui vient de lire La porte du voyage sans retour, livre faisant partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs de 2 Rives 2022, cela ne paraît pas si étonnant…

    Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/

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