La Revue de Presse littéraire de juin
La Revue de Presse littéraire de juin
C’est un Romain Gary vieillissant qui prête sa plume au narrateur. Point de plaintes chevrotantes cependant. Le personnage nous fait grâce des multiples humiliations quotidiennes du senior. Mais le désastre frappe cependant à sa porte : comment satisfaire celle qui illumine ses jours malgré le gouffre temporel qui les sépare !
Le sujet est délicat, mais l’esprit et l’humour de Romain Gary font merveille. Pas de trivialité, de vulgarité, même si les choses sont énoncées clairement (en particulier lors de désopilantes consultations médicales).
Le style est léger, avec une pointe d’autodérision bienvenue pour un sujet désespérant. Les personnages secondaires ont du panache, que ce soit la jeune brésilienne objet de tous ses désirs ou l’énigmatique Ruiz.
Un sujet tabou traité avec élégance.
247 pages Gallimard 20 septembre 1978
1968. Romain Gary séjourne en Californie, où il vient de rejoindre sa femme, l’actrice Jean Seberg, pendant le tournage d’un film. Il recueille un chien perdu, un berger allemand, sorte de nounours affectueux qui trouve très vite sa place dans la maison. Jusqu’au jour où il s’avère que ce chien est raciste et saute à la gorge de tous les Noirs qui passent à sa portée. Le chien n’est évidemment pas né raciste, mais a été dressé pour le devenir, avec une efficacité redoutable. Gary ne peut garder le chien chez lui, mais ne se résout pas non plus à le faire piquer. Il le confie alors à un chenil, dans lequel un soigneur noir va tenter de « guérir » Chien Blanc.
1968, c’est une période de feu et de sang aux USA : guerre du Vietnam, haine raciale, émeutes à travers tout le pays, Martin Luther King sur le point d’être assassiné.
Alors que sa femme s’investit dans différents mouvements en faveur de la cause noire, Romain Gary observe les événements d’un oeil désabusé, en tentant de rester à distance. Mais on ressent bien tout le bouillonnement intérieur de ce révolté-né, sa colère et son désespoir face au racisme, à l’injustice, à l’hypocrisie et à la bêtise humaine. Il trouve un exutoire dans l’écriture, qui est ici pleine de verve, d’ironie, de sarcasme, de cynisme. D’autodérision et de questionnement existentiel, aussi, parce que notre homme est parfaitement lucide sur ses douloureux tiraillements entre Cœur et Raison, sur ses emportements indomptés : « Je me suis résigné à admettre une fois pour toutes le fait que je ne parviens pas à civiliser entièrement l’animal intérieur que je traîne partout en moi ».
Autobiographique ou pas, ce texte de Romain Gary touche par sa sincérité, transcendée par une écriture élégante et émouvante. Il laisse transparaître sa grande sensibilité, encore exacerbée ici par ce qu’il ressent pour Chien Blanc, cette pauvre bête au sort terrible, qui n’avait rien demandé et qui voulait juste être le meilleur ami des hommes, de tous les hommes.
Histoire très touchante ... Parfois je riais et je pleurais en même temps sur une même phrase ! C'est tellement atroce que s'en est drôle mais toujours avec le pincement au coeur. Momo, le narrateur, a 10 (ou 14) ans et s'occupe de madame Rosa, une vielle dame juive, ancienne prostituée qui l'a accueilli chez elle. Par moments, elle perd la tête et les situations sont tragiques et comiques en même temps. Une histoire qui m'a beaucoup émue ! Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Quand momo parle, ces vérités sont vives et acerées ! Une superbe lecture que je recommande à tous publics !
Momo est un "fils de p***" au vrai sens du terme, il est en pension chez Madame Rosa, prostituée à la retraite, qui prend sous son aile les enfants de celles qui ne peuvent pas s'en occuper.
De mère, Momo ne connaît qu'elle mais Madame Rosa est âgée et abîmée par la vie...
Vous connaissez ce sentiment d'avoir lu une grande œuvre ? C'est ce que je ressens avec La vie devant soi.
Tout d'abord, j'ai été déboussolée par ce style d'écriture inédit : Momo est un enfant qui mélange beaucoup de mots et fait beaucoup de digressions qui nous perdent dans la chronologie du récit.
Puis je me suis laissée complètement charmer par ce petit bonhomme et sa vision du monde. Le livre est truffé de formules magnifiques, très émouvantes : "J'étais tellement heureux que je voulais mourir parce que le bonheur il faut le saisir pendant qu'il est là."
L'auteur nous offre une belle leçon de tolérance dans ce Belleville coloré des années 70 où genres, âges et religions se côtoient avec humour et bienveillance. Le tout avec une grande modernité.
Le côté trivial m'a un peu plus dérangée, beaucoup trop de références scatophiles qui cassent complètement la poésie des beaux moments ... Mais ça colle au côté enfantin du protagoniste, j'imagine !
Vous connaissez l'anecdote ? Émile Ajar était un pseudonyme de l'auteur Romain Gary, ce qui fait de lui le seul auteur à avoir reçu deux fois le prix Goncourt.
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