L’adaptation en série « The Plot Against America » sera diffusée sur OCS à partir du 17 mars
L’adaptation en série « The Plot Against America » sera diffusée sur OCS à partir du 17 mars
L'immense romancier américain s'est éteint : que lire de Philip Roth ?
Nous sommes aux Etats Unis en 1998 alors qu’éclate le scandale « Monica Lewinsky ».
Coleman Silk vient trouver son proche voisin l’écrivain Nathan Zuckerman et lui demande d’écrire son histoire car sa femme vient de mourir, minée par une cabale montée contre lui.
Coleman Silk, professeur de lettres classiques et ancien doyen de l’Université d’Athena a redonné du lustre à cette Université à coups de réformes pas toujours appréciées de ses collègues. A quelques années de la retraite, il décide de reprendre son poste d’enseignant et se trouve accusé de racisme par deux étudiants afro américains qu’il n’a jamais vu dans son cours, qu’il ne connait absolument pas et, par conséquent, dont il ne sait pas la couleur de peau. Suite à cette accusation infondée et aberrante qui n’est qu’une belle farce, il décide de démissionner, poussé en cela par l’attitude de Delphine Roux, directrice du département des lettres classiques qu’il avait lui-même engagée quelques années plus tôt. Il passe les deux années suivantes à remâcher sa rancœur et sa haine envers cette Université et ses collègues qui ne l’ont pas soutenu, quand sa femme décède subitement. Pour lui, c’est comme si l’Université l’avait assassinée. C’est là qu’il demande à Nathan Zuckerman décrire son histoire. Il arrive chez Nathan, non pas en homme détruit mais en homme comblé. Il a retrouvé sa joie de vivre auprès d’une jeune femme de ménage de quarante ans sa cadette, mais là encore, la calomnie n’est jamais loin et il reçoit une lettre anonyme , qu’il sait émaner de Delphine Roux, dénonçant cette relation où la jeune femme, prétendument illettrée ne peut être que sous l’emprise de ce professeur émérite qui a l’âge d’être son grand père. Cette femme, Faunia fuit Lester son ex-mari violent, obsédé par la vengeance et le meurtre, revenu traumatisé du Vietnam.
Philip ROTH a planté le décor, tous les protagonistes de ce drame à venir que je ne veux pas spolier vont s’entrecroiser. Il va, par de nombreuses passerelles temporelles, revenir sur l’histoire personnelle de chacun des acteurs de ce récit. On découvrira ainsi que le respecté professeur Coleman Silk , à la vie bien rangée, n’est pas si lisse que cela et dissimile un lourd secret, que chacun des protagonistes de ce drame a également sa part d’ombre. Tous ces destins torturés vont s’entrechoquer jusqu’au dénouement final , révélé pratiquement au début du récit et qui se construit au fil des pages.
Pour écrire ce livre, Philip Roth s’est inspiré d’une « chasse aux sorcières » dont fut victime son ami Melvin Tumin, professeur de sociologie à l’Université de Princeton, qui, tout comme le personnage de Coleman Silk, a dû se défendre de toute intention raciste sur l’interprétation d’un terme employé à propos de deux étudiants afro américains absentéistes.
Avec ce roman brutal et subtil, Philip Roth travaille sur l’identité de l’individu dans les grands bouleversements de l’Amérique d’après-guerre.
Nous traversons avec lui la guerre du Vietnam mais nous voyons surtout le sort réservé à ces jeunes revenus traumatisés, abandonnés à leur sort par le gouvernement, qui ne trouvent plus leur place dans la société, nous assistons à la fin de la ségrégation dans l’enseignement pour les professeurs et les étudiants de couleur et enfin nous découvrons l’Amérique des années Clinton.
Simon Axler fut l’un des plus grands acteurs de sa génération, mais à soixante ans passés, il a perdu son talent, sa magie, sa confiance en lui, son estime de soi et son public. Quand il monte sur scène, il se sent incapable de jouer et n’en dort plus la nuit. Obsédé par le suicide, il décide de se faire interner dans un hôpital psychiatrique, ce qui renforce encore son impression d’échec et d’humiliation. De plus, son épouse en profite pour le quitter. A sa sortie de l’hôpital, son agent ne réussit pas à le convaincre de remonter sur les planches. Mais voici que Pegeen, une jeune femme de vingt-cinq ans sa cadette apparait dans sa vie. Elle est lesbienne, pourrait être sa fille, il devient son Pygmalion et la transforme. Elle lui inspire une passion érotique dévorante. Avec elle reviennent le désir, l’estime de soi, l’envie de reprendre sa carrière et même, pourquoi pas, celle d’avoir un enfant. Simon se nourrit d’illusions et se rêve une vie où tout va recommencer comme avant avec à ses côtés cette jeune femme qui a autant besoin de lui que lui d’elle, enfin le croit-il, car Pegeen aime les femmes et surtout elle reste sous l’emprise d’un père très possessif.
Ce roman est un drame qui se joue en trois actes. Il parle de la vieillesse, de la mort et de la sexualité qui seule est capable de rendre à un être vieillissant un semblant de vigueur.
C’est un roman fort, intense, surprenant et audacieux.
Ce fut pour moi une belle découverte de la plume de Philip Roth que je ne connaissais pas.
Professeur de lettres classiques, doyen de l’université d’Athéna, Coleman Silk est accusé d’avoir tenu des propos racistes : deux de ses étudiants étant absents, il a demandé à l’assemblée s’ils étaient des « zombies » , des « fantômes ». Or, le mot « spook » signifie aussi « bougnoule » ou « bamboula »… Et c’est là que le bât blesse. Parce que les deux étudiants en question sont afro-américains. Et ça, Coleman ne le savait pas : il ne les avait jamais vus. On est en 1998, dans une université américaine au moment de la période d’impeachment du président Bill Clinton en pleine affaire Lewinsky. Coleman a beau tenter de se défendre, il doit démissionner. Et sa femme, Iris, supportant mal la honte et le déshonneur qui pèsent sur son mari, tombe malade et meurt. Coleman se retrouve seul.
Et pourtant...
Si chacun des protagonistes de cette histoire avait su qui était Coleman Silk et quels étaient son histoire, son passé, son secret, les choses n’auraient pas pris cette tournure…
Pour moi, ce livre a toutes les caractéristiques du chef-d’oeuvre absolu, oui, et je pèse mes mots. Tout d’abord parce qu’il a une dimension mythique. « La Tache » est une tragédie grecque et le héros, Coleman, un homme qui, comme Oedipe, tente de fuir son destin pour être libre.
Mais on n’échappe pas à son destin : celui-ci le rattrape au moment où le protagoniste s’y attendait certainement le moins. (Je ne veux pas « spoiler » l’effet de surprise, je ne vous en dis pas plus...) C’est un grand livre aussi parce que les personnages (principaux et secondaires) sont complexes, très humains, tout en nuances et en contradictions. Roth pose vraiment ici la question de l’identité, de ce qui fait un individu. Qui est Coleman Silk dans le fond ? Qui peut répondre à cette question sans se tromper ?
Ce que j’ai aimé aussi, c’est l’acuité de Philip Roth, sa finesse d’analyse, la façon dont il décrit l’Amérique moderne : la détresse des anciens du Vietnam dont plus personne ne s’occupe, le ridicule absolu de l’affaire Lewinski qui passionne tout le monde, le niveau pitoyable de l’enseignement aux États-Unis où l’on multiplie les cours de rattrapage pour des étudiants totalement incultes et le fin du fin ? la médiocrité des universités où l’étude d’Euripide ne peut s’envisager que d’un point de vue féministe... Un pays bien-pensant, étouffant, pudibond et hypocrite. Roth règle des comptes au conformisme , au puritanisme et à l’intolérance. Ce livre est un brûlot contre l’Amérique, un réquisitoire contre le « politiquement correct ».
Et puis, Roth est un vrai romancier : on est ferré, on ne lâche plus le bouquin, les grandes scènes fascinent par leur précision et leur originalité. Je suis bluffée. Mais pourquoi ai-je attendu aussi longtemps pour lire Roth ? Pourquoi ?
Un texte magistral vraiment fascinant, puissant, inépuisable, dont, bien sûr, je vous recommande très vivement la lecture.
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
C’est en observateur que Philip Roth revient sur sa carrière d’écrivain, ses débuts, les problèmes que lui ont causés ses romans à commencer par Goodbye Colombus. Il nous fait découvrir son enfance, ses relations avec les femmes, son mariage (totalement) ratés, sa relation avec ses parents. Une relation saine. J’ai beaucoup aimé la description qu’il donne de sa mère. (Enfin quelqu’un qui n’a pas de problème avec sa mère ).
Il nous parle de sa relation avec le judaïsme, de la relation ambiguë avec la communauté juive à laquelle il appartient. Il décrit une relation sous tension.
C’est un récit très riche dans lequel Roth va à l’essentiel de sa vie. Un écrivain qui revendique sa liberté avec un récit très intéressant, épuré, il nous immerge dans son monde avec finesse.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
En attendant le verdict du 14 juin, découvrez ces nouveaux talents du 9e art !
Rendez-vous le jeudi 1er juin à 18h en direct sur "Un endroit où aller" et notre page Facebook
Juillet 1893, Aigues-Mortes : un massacre longtemps passé sous silence
Une superbe BD qui questionne les thèmes de l'identité et de la transmission d'une culture