Que lire en ce moment ? Voici ce que des lecteurs et lectrices passionnés vous conseillent !
Quand j’ai démarré la lecture de Baumgartner ce mardi 30 avril, j’ignorais que Paul Auster nous quittait. Le deuil a ajouté de l’émotion à la lecture de ce court roman, texte fort qui interroge aussi bien la vie que la mort, peut-être un message d'adieu. Nouveau jeu de piste, récit familial, humour et tendresse, tout y est. Baumgartner est un professeur de philo qui évoque l’absence de ceux que l’on a perdus, mais également la difficulté à écrire quand la page reste blanche. C’est un peu le double de Paul Auster quand il plonge dans ce vide qui parfois brise une vie ou du moins nous rend mélancolique. Ce roman est à lire et relire pour ce qu’il est : le dernier texte magnifique d’un grand homme.
Marco Stanley Fogg a un destin incroyable qui va l'amener à voyager, comme Marco Polo, mais à la fois physiquement et spirituellement. Ce jeune homme n'a pas eu une enfance facile. Élevé une partie de son enfance par sa mère mais sans père, il va finir son éducation chez son oncle Victor après le tragique décès de sa mère.
Puis, vient le jour où il se retrouve seul à New-York, à poursuivre ses études. Jusqu'à ce que l'argent lui manque et qu'il se retrouve à la rue.
Véritable roman sur la quête de sa propre identité, sur la quête du sens, celui de la vie et puis sur le destin et ce monde si petit où chaque rencontre, chaque événement mène à un autre et que tous sont reliés par un fil, un fil conducteur qui, discrètement et secrètement, provoque cette succession d'événements. Existe-t-il au final un libre arbitre ? C'est ce que l'on pourrait se demander en terminant ce roman, tant les coïncidences et l'idée de prédestiné sont fortes. Mais, au-delà de ces idées, ce qui m'a le plus marqué est la quête d'identité de Marco, surtout pendant sa période de vie sans domicile fixe. La puissance des mots de Paul Auster, cette facilité à nous dépeindre des émotions et des pensées qui nous ont tous et toutes traversé l'esprit un jour, même fugacement. Marco nous parle tellement qu'il nous pousse à réfléchir nous-mêmes sur notre vie, notre condition, qui l'on est et notre vision du monde, nos inspirations.
Même si j'ai été déçue par la tournure que prenait l'histoire après les 100 premières pages, les 50 dernières ont suscité chez moi la même passion qu'au début et c'est pour cela que je pense que ce roman mérite d'être lu, s'il peut provoquer une réaction chez vous aussi. Un certain relativisme et pragmatisme mélangés avec un amour pour la fragilité de la vie. C'est ce que cela a en tout cas suscité chez moi.
Il m’a beaucoup touchée ce vieux prof de philo un peu paumé dans sa grande baraque, paumé et bien seul avec ses souvenirs qui lui reviennent régulièrement à l’esprit. Tout lui rappelle les jours anciens auprès de sa femme qui n’est plus, une poétesse qui a laissé une œuvre dont une partie seulement a été publiée. Il faudrait entreprendre un gros travail de relecture mais le courage n’est plus là. Il travaille son petit essai sur Kierkegaard, commande des ouvrages sur Internet pour avoir le plaisir de discuter deux minutes avec la livreuse puis replonge dans ses souvenirs, les images d’Anna dont la mort accidentelle dix ans auparavant l’a laissé inconsolable. Les déplacements dans la maison sont devenus une aventure : il risque de tomber, de se prendre le pied dans un tapis et incapable de se relever, de mourir là, seul, oublié de tous.
J’ai beaucoup aimé ce texte très sensible qui dépeint un homme dont les repères présents s’effacent ou se floutent mais qui garde des souvenirs très précis du passé lointain. C’est comme ça quand on vieillit paraît-il, on finit par vivre davantage dans le passé, s’accrochant comme on peut à un présent un peu triste et mélancolique. Et l’on circule de l’un à l’autre comme dans un rêve, entre deux mondes, sans plus appartenir à aucun.
Un récit poignant non dénué d’humour et dont la précision des détails et leur réalisme nous laissent penser que l’auteur sait de quoi il parle.
Le dernier texte de Paul Auster ? Moi je dis que non et j’attends la suite… En effet, la fin n’annonce-t-elle pas un début? Ce serait un beau pied de nez de l’auteur à ses lecteurs !
LIRE AU LIT le blog
Egalement scénariste et réalisateur, Paul Auster s’est imposé comme un auteur majeur du post-modernisme. A 77 ans et atteint d’un cancer, il publie ce qu’il annonce comme probablement son dernier livre, un ouvrage dense et court, où la marée des souvenirs assaille un écrivain vieillissant, tourmenté par la perte de sa femme et par les premières défaillances de l’âge.
Dans ce récit, où est le vrai, où est le faux ? Alter ego de l’auteur, Sy Baumgartner est un éminent professeur d’université en même temps qu’un auteur respecté. Mais, à plus de soixante-dix ans, le terme du voyage se fait pressentir. Même si, et pas seulement en esprit, l’homme n’a toujours rien lâché de ses activités, oeuvrant son relâche à son dernier ouvrage, il lui faut bien reconnaître que des détails commencent à le trahir. Veuf depuis dix ans, il a de soudaines absences, se brûle avec une casserole oubliée sur le feu, tombe dans l’escalier de la cave et ne se souvient plus de ses rendez-vous. Le mari de sa femme de ménage s’étant accidentellement sectionné plusieurs doigts, le « syndrome du membre fantôme » lui inspire une « métaphore de la souffrance humaine et de la perte ». Ayant perdu la moitié de lui-même, il se voit en « moignon humain », souffrant de tous ses membres manquants.
Alors, irrépressiblement et de plus en plus souvent, les souvenirs éparpillés telles les pièces d’un puzzle envahissent le présent comme dans une tentative de recomposer sa vie : son enfance, l’histoire de ses parents entre Europe et Amérique, et, toujours et surtout, son coup de foudre pour Anna – Blume, comme la narratrice de l’un des premiers romans d’Auster –, leur long mariage heureux mais sans enfant, son admiration pour celle qui, poétesse et traductrice, ne s’est jamais souciée de publier son œuvre, restée à l’état de manuscrits épars. Tout à son deuil impossible, en même temps qu’il continue inlassablement à plier les vêtements de l’aimée disparue, il rêve, à défaut de pouvoir lui redonner chair, de la faire revivre par l’esprit en faisant connaître ses écrits. Et le miracle se produit : éblouie par le recueil de poèmes qu’il a soigneusement choisis dans les tiroirs d’Anna pour une édition posthume, surgit une étudiante et son projet de thèse, une fille brillante, intellectuellement la copie de la morte, qui pourrait bien devenir une fille spirituelle, celle par qui la mémoire se transmet au lieu de se perdre.
Mettant, comme il sait si bien le faire, son style dépouillé au service d’un enchâssement d’histoires pleines d’incidents et de détails riches de sens, Paul Auster tisse les fils d’un récit poignant, non dénué d’humour, où amour, vieillesse et deuil trouvent, dans l’exploration de la mémoire et dans sa transmission, une continuité pleine de vitalité et d’espérance. Un dernier livre qui s’achève sur une épiphanie : la littérature ne meurt jamais et, à travers elle, ses auteurs non plus.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Que lire en ce moment ? Voici ce que des lecteurs et lectrices passionnés vous conseillent !
Revenu sur les terres de son enfance, l'auteur entame un dialogue avec ce petit garçon plein d'ambitions qu'il a été...
Nous suivons Mathilde Levesque, agrégée de lettres, dans un lycée du 93, pendant une année scolaire...
Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction