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Kiran Millwood Hargrave

Kiran Millwood Hargrave
Poétesse, dramaturge, écrivaine. Kiran Millwood Hargrave est née à Londres en 1990, a voyagé du Canada au Japon, mais vit aujourd'hui à Oxford avec son mari, le peintre Tom de Freston, et son chat Luna. La Fille d'encre et d'étoiles, son premier roman, a immédiatement séduit lecteurs, libraires e... Voir plus
Poétesse, dramaturge, écrivaine. Kiran Millwood Hargrave est née à Londres en 1990, a voyagé du Canada au Japon, mais vit aujourd'hui à Oxford avec son mari, le peintre Tom de Freston, et son chat Luna. La Fille d'encre et d'étoiles, son premier roman, a immédiatement séduit lecteurs, libraires et critiques outre-Manche et s'est vite classé au rang des best-sellers.

Avis sur cet auteur (23)

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    Couverture du livre « Les graciées » de Kiran Millwood Hargrave aux éditions Robert Laffont

    Lecteurenserie sur Les graciées de Kiran Millwood Hargrave

    Dans l’inconscient collectif, la Laponie est aujourd’hui habitée par le Père-Noël et ses lutins - des gens sympathiques en somme - mais au XVIIe siècle, le « Lapon » était un terme péjoratif pour désigner les Samis, une population locale du nord de la Norvège. Ils étaient perçus comme des...
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    Dans l’inconscient collectif, la Laponie est aujourd’hui habitée par le Père-Noël et ses lutins - des gens sympathiques en somme - mais au XVIIe siècle, le « Lapon » était un terme péjoratif pour désigner les Samis, une population locale du nord de la Norvège. Ils étaient perçus comme des créatures du Diable : ‘sorcières, chamanes, ensorceleurs de vent’.

    Le roi d’alors, Christian IV, était un luthérien sévère qui entendait mettre un terme à leurs cultes païens (grigris, runes). Il les croyait en effet capables de ‘contrôler les éléments’ au point de déclencher de terribles tempêtes, comme celle de l’île de Vardø en 1617 où périrent quarante marins.

    Inspirée de faits réels, la chasse aux sorcières racontée ici par Kiran Millwood Hargrave est à l’image de celles qui se sont succédé au cours de l’histoire de l’humanité, sous diverses formes et pour différents prétextes : conquête d’un territoire, évangélisation/acculturation, élimination de populations indigènes.

    En 1617, sur la petite île de Vardø, extrême nord-est de la Norvège, au delà du cercle polaire, une tempête terrible décime les pêcheurs sortis en mer. Quarante seront retrouvés noyés, parmi eux, le frère, le père et le fiancé de Maren. C’est ainsi que le village se retrouve vidé de ses hommes et il ne compte plus que des femmes et leurs enfants. Mais c’est peu de dire qu’ un village de femmes, ça ne plaît pas à tout le monde et c’est ainsi que le clergé va mener une véritable chasse aux sorcières.

    Ursula qui vit à Bergen dans le sud de la Norvège, se retrouve forcée d’épouser Absalon Cornet, qui a été mandaté par le roi Christian lV, pour conduire cette “évangélisation” dans le nord de la Norvège où vivent les Samis. Ces derniers sont en effet animistes et le roi veut qu’ils abandonnent leurs rites païens pour adopter la religion protestante. Ceux qui refusent seront pourchassés et accusés de sorcellerie.

    À peine débarqués d’un long voyage en mer, Absalon s'attelle à sa tâche avec zèle, tandis que son épouse Ursula, désemparée, se lie d'amitié avec Maren qui est subjuguée par la délicate jeune femme et ses vêtements raffinés. Celle-ci va lui apprendre les rudiments pour tenir son foyer dans le grand nord. Une véritable relation se noue entre les deux jeunes femmes.

    Avec ce récit, l'auteure délivre un message essentiellement féministe en envisageant une société qui s’organise sans les hommes, tous disparus au cours d'une tempête.

    Il faut bien avouer que Kiran Millwood Hargrave campe un contexte historique particulièrement fascinant et original. L’auteure s’inspire en effet d’un véritable fait historique, aujourd’hui symbolisé par l'impressionnant mémorial de Steilneset sur l'île de Vardø qui commémore les évènements tragiques, pour développer une histoire de sororité entre deux femmes fortes, chacune à leur façon. Des jeunes filles à l’épreuve des normes de leur époque (une femme en talon est intolérable, les coutumes et rites différents de ceux prescrits par la religion d’Etat ne sont pas acceptables,…).
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    Dès le premier chapitre, la plume de Kiran Millwood Hargrave est percutante. Le lecteur n’a plus qu’à se laissé guider par l'écriture poétique, la narration relativement cinématographique, et ces figures féminines mémorables. Une oeuvre qui se vit, le froid sur le visage, la rudesse des conditions de vie, l'angoisse oppressante. Les vêtements, la nourriture, les tâches quotidiennes, autant de détails précieux soigneusement distillés pour une immersion réussie.

    « Les Graciées » est un premier roman captivant et poétique, qui soigne autant les décors et les descriptions de la vie insulaire que ses personnages féminins parfaitement incarnés. Des femmes qui se dressent contre cette mécanique politico-religieuse odieuse qui aura broyé tant d’innocents pendant des siècles. Des pratiques qui sont loin d'être l'apanage de cette région du monde, et loin d’être révolues…Malgré un rythme assez contemplatif dans la narration, on saluera un très bel équilibre entre des éléments historiques et un souffle romanesque puissant.

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    Couverture du livre « La danse des damnées » de Kiran Millwood Hargrave aux éditions Robert Laffont

    Clairethefrenchbooklover sur La danse des damnées de Kiran Millwood Hargrave

    Nous sommes dans la torpeur caniculaire de l'été 1518 à Strasbourg.Les gens ont faim, désespérement faim...Et soudain, une femme se met à danser sur le parvis de la cathédrale. Cette femme semble entrer en transe comme si elle était habitée par une forme de joie et que le reste du monde...
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    Nous sommes dans la torpeur caniculaire de l'été 1518 à Strasbourg.Les gens ont faim, désespérement faim...Et soudain, une femme se met à danser sur le parvis de la cathédrale. Cette femme semble entrer en transe comme si elle était habitée par une forme de joie et que le reste du monde s'effaçait. Rien ne semble pouvoir l'arrêter non plus de danser.

    Bientôt d'autres femmes entrent dans la danse. Toutes issues de contextes différents. Et les autorités se retrouvent très vite dépassées. Est-ce une forme de miracle ou au contraire, est-ce que ces femmes sont possédées et condamnées à la damnation ?

    Parallèlement à cette histoire, nous suivons le destin de Lisbet. Lisbet qui de croit maudite depuis qu'une comète s'est écrasée dans un champ le jour de sa naissance. Lisbet qui sent que son mari se lasse de ses fausses couches. Lisbet qui s'ennuie et trouve du réconfort dans l'amitié, ses abeilles et un arbre totem. Lisbet qui sent un changement dans l'atmosphère avec le retour annoncé de sa belle-sœur. Retour qui va catalyser bien des émotions. Pendant que la danse continue...

    J'avais entendu beaucoup de bien des Damnées, le précédent roman de Kiran Millwood Hargrave. Aussi, j'étais très curieuse de découvrir ce titre ci.

    Il traite de sujets que j'affectionne en termes d' intrigues: la condition des femmes, le poids des secrets et ses échappées belles qui surgissent dans nos existences.

    Et dès le prologue, j'ai été saisie par la langue. L'autrice utilise un rythme et des images qui suffoquent parfois. On est submergés par certaines sensations : la chaleur, les odeurs, les couleurs...Et j'ai aimé ce style puissant.

    La construction se révèle très bien pensée: aux chapitres consacrés aux femmes qui entrent dans la danse répondent les chapitres qui s'attardent sur le sort de Lisbet.

    Mais voilà, je me suis perdue en chemin. En raison de la multiplicité des arcs narratifs. De ce trop plein de thèmes très intéressants en soi mais qui du coup, par leur grand nombre, se gênent un peu.
    J'ai trouvé également que certains personnages se révélaient trop monolithiques. J'apprécie quand des failles se dessinent chez les meilleurs et quand des trouées de lumière apparaissent chez les pires.

    Bref, vous l'aurez donc compris : une lecture en demi-teinte. Même si me resteront en mémoire certaines séquences très fortes et l'envie de retrouver la plume de Kiran Millwood Hargrave dans les Graciées.

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    Couverture du livre « La danse des damnées » de Kiran Millwood Hargrave aux éditions Robert Laffont

    Delphine de Du calme Lucette sur La danse des damnées de Kiran Millwood Hargrave

    La quatrième de couverture de ce roman m’avait tout de suite attirée. Ce mélange de danses mystérieuses, de secret familial, de pertes d’enfants et d’abeilles ainsi que cette jolie couverture m’incitaient à le découvrir avec une envie forte.

    Dès les premières lignes, nous voilà transportés...
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    La quatrième de couverture de ce roman m’avait tout de suite attirée. Ce mélange de danses mystérieuses, de secret familial, de pertes d’enfants et d’abeilles ainsi que cette jolie couverture m’incitaient à le découvrir avec une envie forte.

    Dès les premières lignes, nous voilà transportés au Moyen-Âge. À Strasbourg en 1518 pour être plus précise. La ferveur religieuse y est aussi puissante que la pauvreté et la famine, et l’autrice retranscrit parfaitement cette atmosphère sombre et particulière. Après l’hiver rude et dévastateur, voici l’été bouillant et enfiévré. Les miches de pain sont gâtées, le froment avarié, les animaux et les Hommes en survie constante, les hospices débordent de pauvres, les cimetières aussi. Dans ce chaos humain et climatique, Frau Troffea brûle sous les rayons du soleil, elle se laisse happer par la lumière vive et entêtante, son esprit se libère et sa raison la quitte. Frau Troffea se met à danser sur le rythme d’une musique qu’elle est la seule à entendre et à vivre. Et bientôt, des dizaines puis des centaines de femmes la rejoindront, comme possédées.

    Ces faits sont basés sur du réel et Kiran Millwood Hargrave y a ajouté librement tout un pan fictionnel, notamment avec l’histoire de Lisbet, Agnethe, Ida et leurs familles respectives.

    À travers ces héroïnes issues du passé, ce sont des thématiques encore cruellement présentes aujourd’hui qui sont développées ici. Je ne peux toutes les nommer sous peine de trahir un secret, mais je peux souligner malgré tout le manque général de tolérance. Couplé aux croyances fortement ancrées à cette époque, il en résulte une violence extrême et la damnation.

    Le premier quart du roman fut un peu long à mon sens, j’ai dû prendre le temps d’avancer dans ce récit imprégné de tout ce que j’ai décrit ci-dessus et donc d’une noirceur sans fond. Puis l’intrigue a déroulé ses fils crescendo, la passion a embrasé les personnages, les interdits et des bribes d’espoir ont réchauffé des cœurs. J’ai complètement dévoré la seconde moitié du roman ! Il est maîtrisé de bout en bout et ce qui m’apparaissait long au départ servait à planter implacablement le décor, les mentalités et les pratiques moyenâgeuses, et à disséminer les éléments réels de notre histoire à l’époque où l’Alsace était encore disputée par la France et l’Allemagne.

    J’ai beaucoup aimé suivre le personnage de Lisbet qui est largement développé et qui retranscrit la force et le courage dont il fallait faire preuve au XVIème siècle, notamment lorsque l’on était une femme. Sa lutte intérieure contre les croyances qui hantent la population et sa façon de vivre intensément les évènements la rendent incroyablement vivante.

    En bref, je vous conseille la lecture de ce roman intense et rudement bien écrit qui allie intelligemment le réel et la fiction. Si comme moi, vous subissez quelques longueurs durant les premiers chapitres, poursuivez votre lecture, vous ne le regretterez pas !

    Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2023/11/05/lecture-la-danse-des-damnees-de-kiran-millwood-hargrave/

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    Couverture du livre « La danse des damnées » de Kiran Millwood Hargrave aux éditions Robert Laffont

    Calimero29 sur La danse des damnées de Kiran Millwood Hargrave

    Juillet 1518, Strasbourg, écrasée par la canicule (oui, déjà!!!!) et en pleine famine, une femme se met à danser ou du moins à gesticuler de façon désordonnée, sans s'arrêter et bientôt d'autres la rejoignent au point que le Conseil de la ville est dépassé.
    Sur cet arrière-fond historique, nous...
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    Juillet 1518, Strasbourg, écrasée par la canicule (oui, déjà!!!!) et en pleine famine, une femme se met à danser ou du moins à gesticuler de façon désordonnée, sans s'arrêter et bientôt d'autres la rejoignent au point que le Conseil de la ville est dépassé.
    Sur cet arrière-fond historique, nous suivons le destin de quatre femmes : Lisbet, enceinte, qui élève des abeilles auprès desquelles elle arrive à trouver une certaine paix après douze fausses couches, Ida, son unique amie, mariée à un membre du Conseil, violent, dangereux, Agnethe, sa belle-sœur qui revient de sept ans de pénitence et Sophey, sa belle-mère.
    Les thèmes abordés (homosexualité, racisme, les bienfaits de la nature...) sont toujours d'actualité. Les quatre femmes se débattent dans une société patriarcale, où un homme a tout pouvoir sur les femmes et leur corps et il leur est presque impossible de se trouver un tout petit espace de liberté.
    L'arrière-plan historique est particulièrement intéressant; cette épidémie de danse qui a envahi Strasbourg a bien existé, est bien documentée et a inspiré plusieurs auteurs dont Jean Teulé avec "Entrez dans la danse" (2018). La description du Strasbourg du XVIème siècle, où j'ai vécu plusieurs années (mais au XXIème siècle !!!), est saisissante de réalisme avec ses bruits, ses odeurs, la foule, les exécutions par noyade. Cette atmosphère délétère est contrebalancée par la campagne où vivent les personnages féminins, où la vie est dure également, mais où on ne meurt pas de faim, où règne une certaine sérénité. A cet égard, les abeilles sont également un personnage important autour duquel vont se cristalliser les amours, les drames, la violence, la douceur. A ce propos, l'auteure évoque le "roi" des abeilles; je ne pense pas qu'il s'agisse d'une erreur de traduction mais il me semble qu'une ruche ou un essaim d'abeille est centré autour d'une "reine", formant une société uniquement féminine! Si une (e) Babelionaute a une explication, je suis preneuse.
    L'auteure évoque également un autre évènement historique moins connu qui est la chute, en 1492, d'une météorite à Ensisheim, dans ce qui est maintenant le Haut-Rhin. Cet évènement permet à l'auteure d'illustrer le mélange de croyance en Dieu, en une religion punitive, de rejet,fondée sur la culpabilité et la souffrance pour obtenir le pardon et de croyances païennes.
    Un roman foisonnant et instructif à la fois.

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