Quelles sont les premières révélations littéraires de l'année ?
Quelle brillante idée de raconter l'histoire de cette aventure improbable : celle de construire un musée au coeur de l'ex-bassin minier de Lens. Un musée qui fête cette année ses 10 ans d'existence et qui est le troisième musée de province en terme de fréquentation.
Une bande dessinée sous forme d'enquête et de documentaire qui décrit 10 années qui ont vu non seulement la sortie de terre du musée mais également les mutations et les changements apportés par cette création à cette région des Hauts-de -France.
Cette BD est une véritable enquête sociologique.
J'ai particulièrement apprécié le contenu, un peu moins le graphisme.
Sous titre : il mange 195 jours de votre vie
Les auteurs commencent leur récit avec les premiers commerçants : les Vikings. Puis en appellent à Jésus qui chassa les marchants du centre-ville, avant l’arrivée du Grand A, comprenez l’Hypermaché.
En 5 chapitres aux titres de romans de la littérature mondiale, il nous font découvrir les coulisses de ce magasin hors-norme, les rouages et les politiques d’expansion.
En fin de volume, des explications détaillées sur certaines pages, situant le récit dans son contexte historique, politique et social.
Moi qui ai travaillé dans un tel commerce étant étudiante, je n’ai rien découvert de nouveau, mais j’ai aimé découvrir l’évolution dans le temps du grand A.
L’image que je retiendrai :
Celle du rayon polonais très développé, une grande partie de la population locale étant d’origine polonaise.
http://alexmotamots.fr/le-grand-a-xavier-betancourt-et-jean-luc-loyer/
Connaissez-vous la catastrophe de Courrières qui eut lieu le 10 mars 1906 et qui causa la mort de 1099 personnes ? Non ? Jean-Luc Loyer ressort de l’oubli cette tragédie minière incroyable à travers sa BD intitulée Sang noir.
Construit en plusieurs chapitres, son récit prend le temps de comprendre l’époque, la condition ouvrière et la vie dans les mines, l’accident, les secours insuffisants, les survivants qui réapparaissent plusieurs jours après l’explosion et la grève qui survient. J’ai été sidérée par la force des dessins à restituer l’horreur tout en l’expliquant de façon très pédagogique.
Au milieu de la BD, grand moment d’émotion : Jean-Luc Loyer consacre plusieurs pages à citer toutes les victimes des différentes fosses par leurs noms, prénoms et âge. Où l’on voit que les morts sont parfois des enfants de 14 ans… Cette longue liste frappe en plein cœur le lecteur et apporte de la véracité au récit dessiné.
L’intérêt de cette BD à forte valeur historique est de capter l’histoire par des petits détails. Comme ces traditions de mineurs : les « galibots », ces jeunots qui démarrent le travail dans la mine, doivent répéter trois fois « adieu mes beaux jours » lorsqu’ils descendent pour la première fois dans les entrailles de la mine. Et doivent respecter la hiérarchie : tout en haut les ingénieurs, peu concernés par la sécurité, ennemie du rendement, puis les chefs porions, les chefs d’équipe et les surveillants.
On croise aussi dans cette BD des figures historiques comme celle de Clémenceau venu parler aux grévistes, ainsi que Jaurès, à la tête de l’Humanité, sans oublier Zola qui fait une apparition au début de la BD, venu observer les mines alentours pour nourrir son futur roman Germinal, 22 ans avant la catastrophe…
Jean-Luc Loyer, venu à Angers vendredi dernier dans le cadre du prix BD One Shot, est intarissable au sujet de cette BD et de son travail. Né à Hénin-Beaumont, cette histoire est celle de sa famille et de son pays. Il s’est beaucoup documenté pour construire son album, ses références bibliographiques figurent d’ailleurs à la fin, avec des cartes postales de l’époque et un lexique.
Par son aptitude à rendre l’histoire, la petite comme la grande, vivante et passionnante, cette BD est un véritable pavé dans la mine.
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