« Mon livre n'est pas sur la guerre. Il traite de cette paix qui vient quand on n'a plus rien à perdre. »
« Mon livre n'est pas sur la guerre. Il traite de cette paix qui vient quand on n'a plus rien à perdre. »
Cet âge d’or là, c’est celui où les libanais vivaient dans l’insouciance. Celui où les jeunes beyrouthins passaient leurs nuits dans les bars des hôtels du bord de mer, où une jeune femme, Georgina, se présentait à un concours de beauté, espérant devenir Miss Liban. Celui aussi du réveil d’une conscience palestinienne, incarnée par celui qui fut, dans la vraie vie, un des bras droits de Yasser Arafat, Ali Hassan.
À la fin des années 60, l’unité de ce pays coincé entre des pays qui se déchirent, au gré des frontières qui se font et se défont, commence à se fendiller. L’équilibre confessionnel, à la base du « Pacte national » finit même par voler en éclat devant l’afflux massif des réfugiés palestiniens privés de leurs terres.
Le roman est construit autour de treize chapitres, chacun illustrant un jour particulier de chaque année allant du 6 juin 1967 (lendemain du début de la guerre des six jours) au 22 janvier 1979 (assassinat de l’un des principaux protagonistes) permettant ainsi de voir le pays s’enfoncer dans le chaos.
On y croise donc Georgina, devenue Miss Liban puis même miss Univers, qui fait la fierté de tout un pays, Roland son premier amoureux, jeune étudiant en architecture. Ces deux là sont issus de la bonne bourgeoisie chrétienne de Beyrouth. Nous avons également Ali Hassan, le militant du Fatah, proche du leader palestinien, qui alterne entre l’organisation d’opérations terroristes (il est considéré comme l’instigateur principal de la prise d’otages des JO de Munich) et le maintien du dialogue entre musulmans et chrétiens libanais. Et puis il y a Micky, le petit frère de Roland, qui veut devenir le spécialiste du Liban. Il couche sur le papier son analyse de ce qu’il entend des affaires des grands mais avec ses yeux d’enfants. Sa prose est au début naïve, sincère et touchante puis évolue avec l’âge jusqu’à devenir empreinte d’un mélange de nostalgie et de désespoir. Et il résume bien ce Liban qui sombre :
« Petit. Beau et racé.
Varié. Sophistiqué. Mythique.
Neutre. Libre. Riche et actif.
Chaleureux. Touchant. Attendrissant. Attachant.
Hydride. Sensuel. Envoutant. Insaisissable.
Complexe ou compliqué ?
Défectueux.
Violent. » écrit il jeune. Il reprendra la plume et ajoutera des années plus tard « toujours aussi petit, petit comme un poing, on en fait le tour en un jour et une nuit. Comment un si petit pays a-t-il pu causer autant de dégâts ? »
Alors on pourrait regretter les personnages survolés au gré des dates retenues, mais c’est aussi un bon moyen de voir la crise arriver, s’installer et durer (quinze ans de c inclut tout de même !) et d’une façon plus générale de nous instruire sur cette histoire contemporaine chaotique.
Loin de Beyrouth où elle réside avec son mari, Fausta aime venir se reposer dans la maison de son oncle, celle de ses souvenirs d'enfance, là-haut, sur les montagnes, à la frontière de trois pays en guerre depuis des années.
C'est là qu'elle vient se resourcer et reprendre des forces avant de se faire cette dernière injection d'hormones qui va peut être enfin lui permettre d'avoir un enfant.
Elle s'est fait construire une piscine sur un terrain adjacent à celui de son oncle.
Mais le propriétaire, installé au Canada depuis 2 générations ne l'entend pas de cette oreille et il dépêche son fils au Liban pour trouver une solution.
Leo Bendos qui ne connait du Liban que les souvenirs de ses grands parents tombe sous le charme des paysages, de ce village ocre, qu'il retrouve au fond de sa mémoire au travers des hostoires narrées par ses aïeux.
Pendant les trois jours qu'ils vont passer ensemble, dans la maison de l'oncle, Fausta et Léo verront leur vie changer ...
Un roman où il ne se passe pas grand chose, un roman hors du temps, où les couleurs, la chappe de chaleur qui plombe les journées n'est concurrencée que par les sourds bombardements nocturnes des armées qui se combattent sur la crête des collines ...
Une belle écriture au service du vide. Un roman qui ne sera pas dans les meilleurs de l'année mais qui a bien accompagné une journée hors du temps !
A deux heures de route de Beyrouth, un village surgit des montagnes. Comme le bout du monde et pourtant, derrière les roches et ce point de rencontre de trois pays, la guerre est omniprésente ; le soir on entend les bombardements et le terrain est probablement miné. Là, pendant deux mois, séjourne Rodolphe Kyriakos où il est rejoint de temps en temps par sa nièce Fausta. C’est elle qui a voulu faire construire une piscine, malgré le manque d’eau, malgré que le domaine n’appartient pas à la famille. Les propriétaires habitent le Canada mais un jour, un cliché leur est envoyé. Bendos père envoie son fils Leo sur place pour négocier la vente de la propriété. Mais Leo est bouleversé à son arrivée : pour la première fois de sa vie, il voit, il hume la terre de ses ancêtres.
Pendant que Rodolphe regarde, supervise, Leo et Fausta vont jouer au chat et à la souris. Puis progressivement échanger sur leurs pensées noyées dans l’incertitude de la vie. Fausta est mariée et suit un traitement pour avoir un enfant. La dernière injection est proche, celle de la dernière chance. Obsédée par la mort, Fausta tente de calmer ses angoisses, l’eau est un réconfort, ce pourquoi elle a voulu une piscine. Leo est abasourdi par la magnificence du paysage, la nature qui explose sous ses pas, la terre, le soleil, les cailloux, le ciel, les étoiles. Il découvre un pays dont les gènes coulent dans ses veines. Le poids d’une identité.
Un roman un peu hors du temps, entre ombres et lumières, baroque et ascétique. Un univers fellinien où l’on retrouve la banalité et le rêve, l’irréel et le réel, l’instant présent se confondant avec les souvenirs, le concret chevauchant l’abstrait et inversement.
La plume de Diane Mazloum est tout aussi envoutante ouvrant une large fenêtre sur cette terre faite de beauté, de grandeur et de tragédies. L’histoire se termine de façon sibylline, renforçant le sentiment d’étrangeté, à l’image d’une piscine dans le désert.
Blog => https://squirelito.blogspot.com/2020/08/une-noisette-un-livre-une-piscine-dans.html
Histoire originale ... mais sans plus.
Il me manque quelque chose et je ne me suis pas attachée aux personnages.
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