Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
En 2016, par le hasard d'une interview, le passé revient avec force dans la vie de Dan Franck. Une journaliste l'interroge sur un épisode de son parcours. « Vous avez dû chercher très loin pour trouver ça » s'exclame l'auteur.
« Pas du tout, c'est sur votre fiche Wikipédia » lui rétorque-t-elle !
L'encyclopédie collaborative en ligne fait en effet référence à un procès de 1988 sur la mouvance Action directe qui le condamne à dix-huit mois de prison avec sursis.
Dans « L'Arrestation », Dan Franck retrace les événements à l'origine de cette tache indélébile qui salit sa biographie.
Tout commence le premier jour du printemps 1984. Il est arrêté par des flics qui fouillent son appartement et le transfèrent au 36 quai des Orfèvres.
Il est soupçonné de fricoter avec le groupe terroriste.
Parce qu'il ment pour ne pas passer pour un mouchard dénonçant celui qu'il surnomme le Garçon, un vieil « ami » de lutte, et parce qu'il a fait d'un studio qu'il louait la base arrière des activistes, la situation ne tourne pas à son avantage
Les échanges avec les policiers donnent lieu à des dialogues qui seraient comiques si les circonstances n'étaient aussi dramatiques. À la recherche d'une certaine Frédérique, les enquêteurs découvrent dans l'agenda du gardé à vue la mention des initiales FF qui sont en fait celles de Frédéric François pour lequel il est ghost writer, comme il le sera un peu plus tard pour Rika Zaraï et son chef-d'œuvre « Ma médecine naturelle » !
Autre moment de pure absurdité : l'étonnement des limiers devant un homme qui écoute Bach et qui appelle ses chiens Pavot et Makhno, nom d'un anarchiste ukrainien qui combattit les armées de Lénine et de Staline !
À l'issue des face-à-face qui plongent dans le parcours militant clairement à gauche de l'auteur de « La Séparation », Dan Franck est placé en mandat de dépôt par le juge Bruguière.
Le piège se referme sur un homme trop loyal qui a été trompé par son « ami »...
Tout en remontant l'enchaînement des événements qui l'ont conduit en prison dont il dépeint les conditions inhumaines faites de solitude, de privations, d'humiliations, de saleté, de bruits, de lumières aveuglantes et de cauchemars, l'auteur nous raconte sa jeunesse engagée si dérisoire mais aussi le soutien de ses proches qui ne l'ont jamais lâché.
C'est alors toute une époque qui se dévoile avec, en creux, l'histoire d'Action directe et de ses « révolutionnaires en Weston », « ces usurpateurs bavards » qui commettent des braquages pour financer leurs projets mortifères.
On aurait aimé qu'il fouille davantage le processus qui a conduit le Garçon à le trahir.
EXTRAITS
Qui a compris la guerre d'Espagne peut décrypter le siècle.
L'histoire de nos premières jeunesses s'est achevée là, sur des actes dérisoires, infantiles, au pied d'un catafalque où se sont effondrées nos adolescences.
À vingt ans on espère, à quarante on aménage, à soixante on raisonne.
Grandir, c'est cela, […] : apposer des mots définitifs sur d'anciennes insouciances.
https://papivore.net/litterature-francophone/critique-larrestation-dan-franck-grasset/
Un roman sur le mécanisme d'une séparation, racontée par un homme ou plutôt un mari et un père. Cela se passe dans les années 80 et la place du père a bien évolué depuis. Sa femme a tous les torts ou presque, elle le trompe et lui avoue. Elle veut partir avec ses enfants. il se bat, tente par tous les moyens de la récupérer. lexomil lui permet de tenir mais la souffrance est permanente. Chacun de leur côté, ils se battent pour avoir la garde des enfants et l'appartement. Elle l'humilie, essaye de renverser les rôles et l'accuse de la situation. Une peste.
Un thème banal mais pourtant un très beau roman. Phrases courtes.
Dix après le dernier volume des aventures de Boro reporter écrites par Dan Franck et Jean Vautrin, Dan Franck reprend le récit en solo. Un très bel avant propos rappelle l'amitié profonde qui liait les deux hommes et explique pourquoi Dan Franck a décidé de reprendre la plume.
Voila donc à nouveau notre cher Boro embarqué dans les folles aventures de ce siècle bouleversé et bouleversant au début des années 60. Ce volume est consacré à la guerre froide et l'apparition du mur de Berlin et en parallèle à la guerre d'indépendance de l'Algérie.
De nouveau personnages viennent compléter la "famille" de l'agence Alpha presse alors que la disparition d'autres laisse une trace indélébile dans le coeur du reporter.
Défi relevé pour ce nouvel opus, toujours aussi bien documenté et parfaitement écrit.
Le "à suivre" de la dernière page, nous tient encore une fois en haleine.
Retrouver Boro c'est comme renouer avec mes jeunes années et me remémorer les quelques trente-cinq ans qui séparent la publication du premier tome, La dame de Berlin de celui-ci, surprise inespérée. Dans une préface émouvante et pudique, Dan Franck retrace l'histoire du compagnonnage qui noua sa plume à celle de Jean Vautrin décédé il y a quelques années, et créa un troisième écrivain baptisé Franck & Vautrin. Les aventures de Boro, reporter photographe devaient occuper 5 tomes, c'était sans compter la richesse de la période à traiter et sans doute l'enthousiasme des deux hommes pour leur créature. C'est donc seul que Dan Franck a entrepris de continuer, plus de dix ans après la parution du huitième volet (La dame de Jérusalem). Pourtant, l'influence de Vautrin est bien là, sa présence plane en creux et teinte d'une certaine nostalgie ces retrouvailles avec un Boro qui vient de passer le cap du demi-siècle. Et qui lui aussi a perdu un être cher.
Nous sommes en 1960, dans une France secouée par les vélléités d'indépendance de l'Algérie et dans un monde marqué par la Guerre froide. Les reporters ne chôment pas, Boro est bien sûr aux premières loges avec une collection d'appareils photo qui a eu le temps de grandir. Avec lui nous serons partie prenante de l'opération menée par les Israéliens en Argentine pour enlever Eichmann, nous reviendrons sur la triste année 1956 et l'écrasement de la révolte hongroise à Budapest par l'armée russe qui coûtera la vie à Maryicka, nous assisterons aux violentes répressions des manifestations pour l'Algérie par la police française et à l'incroyable opération d'édification du mur de Berlin en 1961. Dans les pas d'un Boro toujours décidé à se battre pour la liberté, et toujours sidéré de constater que l'horreur et la violence sont toujours là, réinventées à chaque nouvel épisode du désordre mondial. Un nouveau personnage fait son apparition en la personne de Jolan, jeune résistant hongrois ramené par Boro en 1956 et qui rappelle beaucoup ce que lui-même était à vingt ans. Y compris dans ses emballements amoureux.
J'ai trouvé cet épisode très réussi, avec toujours cette faculté de traiter les grands événements du 20ème siècle à la manière des grands romans d'aventures du 19ème siècle. On tremble pour le destin de ces personnages attachants et on revisite des moments clés de notre histoire sans aucune complaisance. Je me souviens encore de la violence des Noces de Guernica (tome 3), un livre qui m'avait beaucoup éclairée sur les enjeux de la guerre d'Espagne à l'époque. La façon dont sont relatées ici, sous les yeux de nos héros reporters, les violences policières du 17 octobre 1961 fait froid dans le dos. Tout comme le récit de l'opération d'enfermement de tout un peuple à Berlin en août de la même année. Les enjeux se sont déplacés vers une logique d'affrontement des blocs est-ouest mais le parti-pris narratif permet de mettre tout ceci en rapport avec ce qui a précédé depuis les années 30 et tous les événements dont Boro et ses confrères ont été témoins et partie prenantes. C'est habilement fait, à la fois pour permettre de renouer en douceur avec le petit monde de Boro et pour œuvrer à la compréhension des évolutions du monde.
A la fin, la mention "à suivre" indique que Dan Franck n'en a pas fini avec Boro et les désordres du monde. J'espère qu'il ne faudra pas attendre dix ans pour le tome 10... surtout dans la position dans laquelle nous devons laisser notre héros. Vite, la suite !
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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