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Ivo Andric

Ivo Andric
Né en 1892 dans un village proche de Travnik, mort à Belgrade en 1975, Ivo Andric a été lycéen à Sarajevo, puis a étudié l'histoire à Zagreb. Il s'engage dans les rangs de l'organisation révolutionnaire Jeune Bosnie et se retrouve en prison au début de la Première Guerre mondiale. Diplomate en Eu... Voir plus
Né en 1892 dans un village proche de Travnik, mort à Belgrade en 1975, Ivo Andric a été lycéen à Sarajevo, puis a étudié l'histoire à Zagreb. Il s'engage dans les rangs de l'organisation révolutionnaire Jeune Bosnie et se retrouve en prison au début de la Première Guerre mondiale. Diplomate en Europe de 1921 à 1941, il résista au nazisme, fut député, puis se consacra uniquement à l'édification d'une œuvre magnifique qui lui valut le Prix Nobel de littérature en 1961.

Avis sur cet auteur (5)

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    Couverture du livre « Le pont sur la drina » de Ivo Andric aux éditions Le Livre De Poche

    Jean-Paul Degache sur Le pont sur la drina de Ivo Andric

    Il a fallu les hasards d’un voyage et d’un séjour au Monténégro pour que je découvre un fabuleux écrivain, conteur hors pair, complètement inconnu en ce qui me concerne. Nous étions à Herceg Novi, près de l’entrée des fameuses Bouches de Kotor et voilà que sur un dépliant touristique, on parle...
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    Il a fallu les hasards d’un voyage et d’un séjour au Monténégro pour que je découvre un fabuleux écrivain, conteur hors pair, complètement inconnu en ce qui me concerne. Nous étions à Herceg Novi, près de l’entrée des fameuses Bouches de Kotor et voilà que sur un dépliant touristique, on parle de la maison d’un Prix Nobel de Littérature : Ivo Andrić.
    Bien sûr, la visite s’imposait et l’envie de lire cet écrivain aussi. Pas facile, toutefois, de trouver son livre le plus connu : Le Pont sur la Drina. Heureusement, notre fils, Simon, put mettre la main dessus dans une bibliothèque de Grenoble car les médiathèques, avec leurs fameux désherbages, se débarrassent bien trop vite de chefs-d’œuvre… manque de place !
    Hélas, mille fois hélas, Ivo Andrić est méconnu en France, même si Le Pont sur la Drina a été réédité à plusieurs reprises. Motivé comme jamais, je me suis lancé à la découverte de cette bourgade de Bosnie-Herzégovine, Višegrad, au bord de cette Drina, un sous-affluent du Danube.
    Ce pont long de 179,50 mètres, large de 6 mètres, doté de deux terrasses au milieu, la fameuse kapia, se révèle un lieu où les habitants aimaient à se retrouver car doté de sièges et même d’un cafetier. C’est le grand vizir Mehmed pacha qui l’a fait construire et c’est pourquoi il se nomme aujourd’hui « Pont Mehmed Pacha Sokolović ».
    Justement, après avoir décrit Višegrad et la Drina avant le pont, quand un bac assurait la traversée, souvent aléatoire, Ivo Andrić passe à la construction. Mais il parle d’abord des rafles, en Bosnie orientale, des enfants chrétiens de dix à quinze ans, emmenés à Constantinople pour intégrer les fameux janissaires. C’est justement un de ces garçons qui devint Mehmed Pacha Sokolović. Nommé vizir, il ordonna une construction qui dura cinq ans.
    Cet énorme chantier vient bouleverser la vie des gens mais il faut retenir le nom de l’architecte : Tossun efendi. À partir de là, l’auteur démontre tout son talent de conteur, mêlant anecdotes, dialogues et réflexions dans un récit passionnant. On ne dira jamais assez toutes les souffrances endurées par les ouvriers et leurs familles au cours de la réalisation d’un tel ouvrage sans oublier ceux qui sont tués en plein travail comme cela se passe encore aujourd’hui, hélas.
    Au passage, Ivo Andrić livre une description détaillée et, j’ose dire… vivante d’un supplice atroce d’un certain Radisav qui s’ingéniait à saboter l’ouvrage… Quand les échafaudages sont enlevés, au bout de cinq ans, la population qui était hostile au pont, est très fière. Une inscription, en turc indique l’an 1571 pour la fin des travaux.
    Le Pont sur la Drina regorge d’événements heureux, souvent malheureux mais ce formidable roman est un excellent moyen pour comprendre le grand problème des Balkans, ces guerres civiles qui ont tant fait de victimes.
    Ivo Andrić, au plus près de la vie des gens, le montre très bien avec l’empire ottoman s’étendant jusqu’aux portes de Vienne puis son recul sous la poussée de l’empire austro-hongrois. Seulement, les Turcs laissaient derrière eux des populations converties à l’islam, des gens, vivant mêlés aux Juifs ainsi qu’aux Chrétiens orthodoxes ou catholiques. Toutes ces frictions religieuses ne sont que prétextes à annexions, spoliations, exterminations et même nettoyage ethnique, drames qui se sont perpétués bien après la disparition de l’écrivain, en 1975…
    On coupe des têtes, on démolit les constructions annexes comme cette hostellerie bâtie avec la même pierre que celle du pont. En dehors de ces événements historiques, Ivo Andrić me régale avec les précisions concrètes, les anecdotes éloquentes, son style profondément humain. Il ajoute une analyse très pertinente des sentiments des Serbes et des musulmans vivant ensemble mais espérant la victoire d’un camp sur l’autre. Il ajoute des réflexions philosophiques sur le pouvoir de la nuit mais voilà qu’apparaît l’éclairage public, ces lanternes qu’il faut éclairer une à une.
    Les Autrichiens envahissent Višegrad et voilà des soldats Tchèques, Polonais, Croates, Hongrois, Allemands pour réorganiser la vie quotidienne du peuple. On numérote même les maisons avant que les hommes soient mobilisés ici aussi.
    Sous l’empereur François-Joseph, on parle de liberté universelle, d’épanouissement mais aussi de travail, de profit, de progrès. Ceux qui dirigent la ville sont des étrangers, ni agréables, ni aimés qui font payer des impôts, utilisant une méthode indolore contrairement à la brutalité des Turcs. Ce sont vingt ans d’occupation, de paix et de progrès matériel mais des soubresauts se font sentir en Europe avec un attentat à Genève pendant que la rakia coule à flot dans l’auberge de Zarije et un peu partout dans la ville. Le chemin de fer arrive même à Višegrad et cela modifie la vie locale car les jeunes, étudiant à Sarajevo rentrent plus souvent et rapportent une conception plus libérale de la société...
    Lire sa suite ici https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/ Chronique illustrée.

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    Couverture du livre « La chronique de Belgrade » de Ivo Andric aux éditions Syrtes

    Patrice L. sur La chronique de Belgrade de Ivo Andric

    Ivo Andrić (1892 – 1975) est, selon la page Wikipédia qui lui est consacrée, « né en Bosnie dans une famille croate, qui a eu plus tard la nationalité et l’identité serbe », preuve s’il en fallait que la Yougoslavie était bien plus qu’une construction étatique héritée de la fin de la Première...
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    Ivo Andrić (1892 – 1975) est, selon la page Wikipédia qui lui est consacrée, « né en Bosnie dans une famille croate, qui a eu plus tard la nationalité et l’identité serbe », preuve s’il en fallait que la Yougoslavie était bien plus qu’une construction étatique héritée de la fin de la Première Guerre Mondiale. Il est principalement connu pour « La chronique de Travnik » et « Le pont sur la Drina » et reçut le Prix Nobel de littérature en 1961. Le recueil que nous présentons aujourd’hui, La chronique de Belgrade, a été récemment publié par les Editions des Syrtes, et regroupe huit nouvelles écrites en 1946 et 1951, qui sont pour la plupart traduites en français pour la première fois.

    Le fond des nouvelles se déroule quasi-essentiellement dans la première moitié du XXème siècle, avec une place prépondérante tenue par la Seconde Guerre Mondiale, à Belgrade.

    Dans les 200 pages que comportent le livre, plus de 120 sont dédiées à la nouvelle Zeko, qui retrace l’histoire d’un homme promis à un bel avenir, mais que sont venues perturber les guerres qui agitèrent la région à l’époque (guerre d’annexion à la Bosnie, en 1908, première guerre balkanique de 1912, première guerre mondiale) mais surtout un mariage avec une femme devenue acariâtre. Zeko passif, qui regarde sa vie plutôt que de la vivre, mais finit par connaître son chemin de Damas après avoir vu des pendaisons en août 1941.

    "Laisse moi, te dis-je ! Vous courez tous à Zemun pour acheter du beurre et du cacao, et ici, au coeur de Belgrade, on pend les gens. Quelle honte. QUEL-LE HON-TE ! Si nous étions des hommes, nous serions tous à Terazije à scander haut et fort : « A bas les potences ! A bas Hitler, le sanguinaire ! »"
    "
    Le lecteur assiste à la métamorphose du personnage principal qui, au contraire de son épouse, va révéler un calme et une autorité réelle quand son pays se retrouve dans l’engrenage de la guerre.

    "Ce que des décennies d’une vie de tristesse n’avaient pu faire, cette époque de ténèbres, inhumaine, mais ardente et héroïque, devait le réaliser. En fait, elle accéléré et paracheva un processus entamé des années plus tôt avec la découverte de la Save et de la vie sur sa rive. Depuis longtemps Zeko pressentait une foultitude de choses, mais ce fut cette année-là qui lui ouvrit les yeux et qui lui révéla que sa manière de vivre et de penser était peu digne d’un homme, et que des devoirs qui lui incombaient, il en accomplissait peu. Partout des fronts clairement dessinés se présentaient à lui, dans cette guerre, à l’arrière, dans la sociétéé, dans la maison qu’il habitait, et aussi en lui."

    Hormis cette nouvelle majeure qui s’apparente à un roman d’apprentissage sur le tard, La chronique de Belgrade offre des textes qui partagent, en plus du contexte, les points suivants : le sens de la formule, une description psychologique fine des personnages, non dénuée d’humour. A la lecture des vingt premières pages, l’on se dit qu’Andric n’avait pas une vision positive des femmes. Dans « Portrait de famille », à l’occasion d’une nuit passée dans une maison bourgeoise à la fin de la guerre, il évoque à travers un tableau la famille qui habita les lieux et notamment la maîtresse de maison :

    "Commençons par la femme, c’est avec elle que, du mariage à la tombe, tout débutait et s’achevait dans cette maison. Teint mat, courte de jambes, triple mention et petite moustache drue, des strates de graisse abondantes en quantité peu communes et à des endroits inattendus. (…) Elle ne tergiverse en rien, n’hésite devant personne, jamais ne se contient, livre tout ce qu’elle pense et uniquement ce qu’elle pense, n’épargne personne et ne prend rien en ligne de compte. Car, à ses yeux, ce qu’elle pense est la vérité, ce qu’elle dit fait loi, et ce qu’elle fait est juste."

    Une description comparable s’appliquera à la femme de Zeko, surnommée « Kobra ». A cet égard, le traducteur consacre une postface intitulée « La place de la femme dans la chronique de Belgrade » pour commenter ces soupçons de mysoginie, lesquels sont néanmoins rapidement effacés par d’autres portraits féminins beaucoup plus flatteurs. Dans « Destructions », ce sont les personnages masculins qui s’effacent quand les bombardements secouent Belgrade ; dans « Zeko », sa belle-soeur représente un ilôt de stabilité et de résilience ; tandis que « Le cas de Stevan Karajan » met en scène un homme reconnu par ses pairs mais ayant perdu tous ses repères durant les bombardements. Plus généralement, Andrić nous montre des personnages aux prises avec la grande Histoire, dans une société qui, après avoir connu un véritable essor dans les années 20, se trouve bouleversée par la guerre.

    Cela fut la première lecture de l’oeuvre d’Ivo Andric pour moi, et elle fut concluante ! Je me promets de lire prochainement « Le pont sur la Drina » qui dort sur mes étagères depuis de nombreuses années.

    https://etsionbouquinait.com/2023/03/16/ivo-andric-la-chronique-de-belgrade/

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    Couverture du livre « La chronique de Belgrade » de Ivo Andric aux éditions Syrtes

    Ally sur La chronique de Belgrade de Ivo Andric

    Si Belgrade m’était contée…

    Si le nom d’Ivo Andrić m’était quelque peu familier, je n’avais jamais eu l’occasion de me plonger dans les écrits de cet auteur croate, prix Nobel de littérature en 1961.

    Heureusement les éditions des Syrtes sont là et nous permettent de découvrir, cerise sur...
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    Si Belgrade m’était contée…

    Si le nom d’Ivo Andrić m’était quelque peu familier, je n’avais jamais eu l’occasion de me plonger dans les écrits de cet auteur croate, prix Nobel de littérature en 1961.

    Heureusement les éditions des Syrtes sont là et nous permettent de découvrir, cerise sur le gâteau, des nouvelles exclusives de l’auteur.

    Des nouvelles classées chronologiquement en fonction des événements narrés dans les différents textes.

    Sans vouloir résumer chaque nouvelle, certains grands traits se distinguent de l’esemble de ce livre.

    Toutes ont pour cadre la ville de Belgrade, mais ce qui est frappant c’est l’omniprésence de la guerre et des bombardements.

    On sent que l’auteur, qui resta à Belgrade occupée puis bombardée pendant la seconde guerre mondiale, a ressenti personnellement les alarmes aériennes, les fuites dans les caves, l’attente au milieu des gens qui crient, se lamentent ou au contraire restent presque absents des événements.

    La guerre sert de catalyseur, de révélateur d’humanité : elle permet de montrer le vrai visage des gens, leur permet de s’élever, de reconquérir une dignité écrasée dans les affres d’un mariage malheureux. Car oui, certains couples sont heureux mais dans l’ensemble le bonheur conjugal n’est pas monnaie courante.

    Les personnages principaux de ces récits ne sont pas des héros, à la base. Ce sont des hommes qui ont souvent épousés la mauvaise femme, des mégères qui rabrouent leur mari. Et ce dernier s’efface. Mais parfois il est possible de reconquérir une certaine forme de dignité. Certains y arrivent, d’autres non.

    Ces portraits sont autant d’occasion pour évoquer la vie belgradoise sur des périodes charnières. J’ai été séduite par la plume de l’auteur, par ses personnages pathétiques ou horripilants mais surtout touchants par leur volonté de casser leurs chaînes.

    Une première incursion dans les écrits de cet auteur qui me donne envie d’en découvrir davantage.

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    Couverture du livre « Le pont sur la drina » de Ivo Andric aux éditions Le Livre De Poche

    Dolce sur Le pont sur la drina de Ivo Andric

    Magnifique... Ivo Andric écrit dans un style simple. C'est là tout son talent. A travers cette simplicité, celle des conteurs, c'est toute l'histoire de ce coin des Balkans qui nous est décrite. Une ville Visegrad, et son pont, voit se dérouler l'occupation ottomane, le mélange des cultures et...
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    Magnifique... Ivo Andric écrit dans un style simple. C'est là tout son talent. A travers cette simplicité, celle des conteurs, c'est toute l'histoire de ce coin des Balkans qui nous est décrite. Une ville Visegrad, et son pont, voit se dérouler l'occupation ottomane, le mélange des cultures et des religions, l'occupation austro-hongroise puis l'arrivée de cette première guerre meurtrière qui voit s'écrouler tout un monde et un autre arrivé. Les derniers lambeaux de culture ottomane s'effacent et voit la naissance d'une autre idée, celle de slaves du sud et de la Yougoslavie. Et dans ce livre on perçoit tout ce qui détermine l'identité d'une nation aujourd'hui disparue. C'est un livre qui mélange toute ces histoires, à travers les vie de quidam et l'existence d'un pont sensé relier les deux rives d'une rivière qui traverse une ville frontalière. C'est très beau. Tout simplement. Et à lire ou relire. Ce qui concerne cette partie du monde nous concerne européens... et, surtout, cela donne envie de (re)découvrir Ivo Andric que j'avais découvert en lisant la Chronique de Travnik, autre livre majeur de ce très grand écrivain.

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