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Quand une journaliste rock publie son premier roman aux éditions de l’Observatoire...

Laure Catherine, alias Busty, sort de l’univers musical pur - Une saison d'écrivains, épisode 2

Quand une journaliste rock publie son premier roman aux éditions de l’Observatoire...

Les Enfants frapperont-ils encore ? C’est le premier roman d’un auteur qu’on connaît pour le moment davantage sous le nom de Busty, sa signature de journaliste spécialisée dans le rock. Pour la première fois, Laure Catherine sort de l’univers musical pur pour donner aux éditions de l’Observatoire son premier roman, publié sous son nom. Une histoire parfumée aux secrets de famille dont l’auteur, ici, donne un aperçu terriblement tentant.

 

Vous sortez un roman à la rentrée, comment vous y préparez-vous, quelles en ont été les grandes étapes depuis que vous avez rendu le manuscrit ?

La prochaine publication des Enfants frapperont-ils encore ? a déjà changé beaucoup de choses dans ma vie. Jusqu’ici j’avais toujours écrit sur des personnes existantes, des musiciens en général, sous le pseudonyme que j’ai utilisé en tant que journaliste dans la presse rock, Busty. C’est mon premier vrai roman, sous mon vrai nom, et il aborde des sujets très importants pour moi – souvent évoqués dans le rock, en fait, donc il y a une continuité : la jeunesse dans une petite ville, la famille, la violence y compris sociale, l’amitié, la rébellion, le désir d’ailleurs, d’absolu, les choix à faire, assez vite, en fonction de la vie qu’on compte mener, la culture adolescente…

Il y a aussi d’autres thèmes : une vraie intrigue policière, le secret de famille, les livres bien sûr. J’ai emprunté le titre au Massacre de Pangbourne, une longue nouvelle de Ballard que les adolescents de mon livre font circuler sous le manteau. Les livres ont beaucoup d’importance pour mes héros, peut-être en partie parce que pour la plupart – mais pas tous –  ils n’en lisent pas énormément.

 

Personnellement je lisais beaucoup à leur âge, et j’ai toujours beaucoup écrit, donc je suis immensément fière de publier ce roman. Fière, et plus confiante et résolue qu’avant, parce que tout se passe de façon idéale avec ma maison d’édition. Avant de partir chez l’imprimeur tout a été très travaillé, regardé, discuté, lu et approuvé avec l’équipe qui s’occupe de la fiction, présente à chaque seconde, et jamais à court d’idées et de suggestions très pertinentes. Lisa Liautaud est une éditrice et une interlocutrice exceptionnelle, qui laisse beaucoup de liberté et en contrepartie est très exigeante : exactement ce qu’il me fallait. Travailler avec quelqu’un d’exigeant quand on n’est pas soi-même assez objectif pour juger, c’est une garantie, très rassurant, et probablement nécessaire pour ne pas faire des cauchemars en posant le point final.

 

C’était le plus dur bien sûr : rendre le manuscrit, arriver à une version définitive. Mais les épreuves, soit l’étape suivante, la dernière avant d’avoir l’objet entre les mains, ont été très importantes, puisque j’ai en quelque sorte complété le livre par un début et une fin supplémentaires grâce à l’exergue et aux remerciements. J’ai mis en exergue un extrait du titre « Un peu c’est tout » de Daniel Darc, à la suggestion de mon compagnon qui le connaissait bien (moi beaucoup moins) : « Pardonnez nos enfances/ comme nous pardonnons/ à ceux qui nous ont enfantés », phrase parfaite pour ouvrir ce roman, et j’ai aussi ajouté Sylvia Plath aux remerciements. Je la cite à plusieurs reprises à l’intérieur, et en cherchant la référence d’une phrase, au moment des épreuves, j’ai relu quasi tous ses journaux. Sans retrouver la référence manquante, que j’ai supprimée du coup, mais c’était l’occasion de me rendre compte à nouveau à quel point les questions que Sylvia Plath se pose sont primordiales, pour ma jeune héroïne, pour moi, pour sans doute de nombreuses personnes. Finalement je termine sur un conseil de lecture, ce n’est pas mal. Elle ne sera jamais assez lue.

En ce qui me concerne, maintenant, j’attends les commentaires de lecteurs qui ne soient pas de mon entourage. C’est l’étape suivante. Elle a déjà un peu commencé. J’ai présenté mon livre à des blogueurs et à des libraires fin juin, les libraires et les journalistes ont commencé à le lire, et pour l’instant je n’ai que des retours positifs, ce qui me fait évidemment très plaisir.


Comment vous sentez-vous, quels sont vos trucs pour surmonter l'attente ?

J’écris un autre livre ! Il n’y a rien à surmonter. L’attente n’est pas si désagréable quand on a un peu peur de la sortie (c’est inévitable) et je suis sur un petit nuage, vraiment heureuse d’avoir eu l’opportunité de publier sous mon vrai nom, avec cette équipe-là. Et Par ailleurs, comme je suis déjà en train de travailler à mon prochain livre, c’est à d’autres personnages et à d’autres aventures que je pense de façon obsessionnelle. Mais Les enfants frapperont-ils encore ? reste constamment présent, en arrière-plan. Il faut dire qu’un de mes personnages s’appelle Killian, comme M’Bappé avec une orthographe différente, donc un prénom assez incontournable ces derniers temps... Sinon, j’ai des trucs, en effet, mais qui ne riment à rien : des porte-bonheurs par exemple, même si je n’y crois pas, et des objets, des chansons fétiches. Un peu comme plusieurs de mes héros qui attachent des significations particulières à des objets, sans que ce soit franchement de la superstition.

 

En attendant, cet été, qu'allez vous lire et pourquoi ?

Déjà, les romans qui sortent à la rentrée aux éditions de l’Observatoire. Ensuite, Le tueur aveugle de Margaret Atwood, trouvé par hasard en faisant un tour à la librairie. J’essaie de lire des choses très différentes de ce que j’écris pour ne pas être trop influencée, mais sur le même thème ou un thème proche. Il s’agit encore de famille dans le roman que j’ai commencé à écrire, avec un héros qui ignore l’identité de son père. En ce moment donc j’essaie de lire des romans sur la famille, la transmission, les secrets et le moment où ils peuvent se transformer en mensonges.

Beaucoup de mes romans préférés abordent ce thème au moins de façon parallèle, parmi ceux qui ne sont pas très connus et que je conseille bien sûr je peux citer par exemple Robin Cook, l’auteur de Vices privés vertus publiques, ou Morvern Callar d’Alan Warner : l’histoire d’une jeune caissière fan de musique dont le petit ami se suicide, et qui s’approprie le manuscrit qu’il a écrit et dissimule sa mort pour, enfin, quitter son petit village anglais paumé et partir faire son deuil ailleurs. Je l’ai lu plusieurs fois… En ce qui concerne mes lectures du moment, j’ai lu et relu plusieurs romans de Thomas Bernhard, qui hait la famille et dont la violence ne déçoit jamais.

 

En ce moment je lis Jonathan Coe, dont j’aime beaucoup Testament à l’Anglaise, et chez qui la révélation de secrets est souvent centrale. Ces deux auteurs parlent beaucoup de la famille bourgeoise, tellement détestée par les écrivains ! Mais il y en a bien sûr dans toutes les familles, le secret est possiblement caractéristique de la famille en soi. Il faut bien conserver un jardin secret, un territoire à soi, et continuer à faire bonne figure. Les enfants frapperont-ils encore ? traverse plusieurs classes sociales et quasi tous les personnages ont des secrets, assez graves pour occasionner de sérieux dilemmes – c’est de la bonne matière romanesque – mais ils sont relativement simples.

Il y en a de beaucoup plus compliqués à débrouiller : par exemple quand manque une information essentielle et qu’il faut apprendre à s’en passer ou partir à sa recherche quitte à en faire une obsession. C’est ce qui se passe dans le nouveau roman que j’écris.

 

Propos recueillis par

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Commentaires (3)

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