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Emmanuel Villin

Emmanuel Villin
Emmanuel Villin est né en 1976. Il est l'auteur de Sporting Club (prix Écrire la Ville 2019) et de Microfilm chez Asphalte éditions. Il est également auteur pour la jeunesse à L'école des loisirs

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    Couverture du livre « La fugue thérémine » de Emmanuel Villin aux éditions Asphalte

    Henri-Charles Dahlem sur La fugue thérémine de Emmanuel Villin

    L'ingénieur visionnaire et le système soviétique

    Dans cette étonnante biographie romancée, Emmanuel Villin retrace la vie de Lev Sergueïevitch Termen. Cet ingénieur russe a révolutionné le monde musical, goûté au goulag et succombé dans l'indifférence. Le voici réhabilité.

    En refermant ce...
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    L'ingénieur visionnaire et le système soviétique

    Dans cette étonnante biographie romancée, Emmanuel Villin retrace la vie de Lev Sergueïevitch Termen. Cet ingénieur russe a révolutionné le monde musical, goûté au goulag et succombé dans l'indifférence. Le voici réhabilité.

    En refermant ce roman, il faut quasiment se pincer pour être sûr qu'on n'a pas rêvé. La folle histoire de Lev Sergueïevitch Termen n'est en effet pas née de l'imagination d'Emmanuel Villin. Comme nous l'apprend sa fiche sur Wikipédia, cet ingénieur russe a bel et bien existé, son nom ayant été francisé en Léon Thérémine. Thérémine comme le nom de l'instrument qu'il a inventé et qui a subjugué les foules dans les années 1920.
    Mais avant la grandeur, l'auteur préfère commencer par la décadence avec un chapitre initial qui se déroule en 1938 et raconte l'exfiltration de l'ingénieur à New York pour le ramener à Moscou à bord d'un cargo. Sans doute parce que le Kremlin considérait qu'il avait perdu le contrôle sur son agent.
    Tout avait pourtant si bien commencé! Son instrument de musique est si révolutionnaire que les soviétiques décident d'organiser une tournée européenne pour démontrer le génie de ses savants. De Berlin à Paris puis à Londres, il crée «la sensation devant un public stupéfait par ce prodige qui, debout derrière une sorte de pupitre d'écolier surmonté d'une antenne, parvient à extirper des sons à partir du vide, se contentant de déplacer ses mains dans l'air tel un chef d'orchestre conduisant un ensemble invisible. Les spectateurs venus en foule sont restés sans voix devant ce jeune homme aux yeux bleu-gris, les cheveux frisés, le visage barré d'une fine moustache blonde, un peu perdu dans son habit noir, qui pétrit l'air, le caresse, effilant de ses doigts fins cette musique mystérieuse, née hors de tout instrument. Frappés d'admiration, des milliers de curieux ont acclamé le jeune thaumaturge qui affichait sur scène un visage extasié. Lev a intégré à ses performances un système de jeu de lumière — l’illumovox — directement connecté à son instrument et qui répond aux variations de tonalités.»
    Le succès est tel que l'Amérique le réclame. Une nouvelle tournée de trois semaines est programmée, avec un égal triomphe.
    Lev se sent alors pousser des ailes et transforme la suite de son hôtel en laboratoire pour y poursuivre ses recherches. Il cherche aussi des interprètes capables de le suppléer sur scène. Parmi eux, Clara est la plus douée. Il va très vite tomber amoureux d'elle. Sauf qu'il est déjà marié et que Katia se languit de son mari. Après avoir rongé son frein, elle se décide à rejoindre Lev à New York.
    Les retrouvailles sont plutôt glaciales. Lev parvient à éloigner Katia en lui trouvant un appartement dans le New Jersey, où vivent de nombreux immigrés russes, et mène alors la belle vie aux côtés de Clara, écumant les cabarets. «Les années folles foncent à toute allure» et donnent même à l'inventeur l'idée d'un appareil qui fonctionnerait sur les mouvements des danseurs plutôt que des bras.
    «Lev est en Amérique depuis un peu plus d’un an et possède déjà quatre smokings, autant de cannes et le double de paires de boutons de manchettes. Le bolchévique a désormais des allures de dandy. Bientôt, il achètera une Cadillac, un petit V8 coupé qu’il choisira noir par souci de discrétion. En haut lieu, on surveille la transformation avec circonspection, mais pour l'instant on laisse aller, la mayonnaise semble prendre, veillons à ne pas la faire tourner en intervenant trop vite, et puis cet embourgeoisement n'est-il pas la couverture parfaite?»
    Avec deux associés, il crée une société dont l'ambition est de produire puis vendre un appareil par foyer américain. Pour cent soixante-quinze dollars il propose son premier modèle, le RCA Theremin et voit les clients se presser pour tester «cette machine étrange et magique». Parallèlement, il multiplie les inventions. Il travaille d'arrache-pied sur un signal pour batterie de voiture; un signal pour la jauge d'huile d'une voiture; un émetteur radio pour la police; une machine à écrire sans fil capable d'envoyer directement des articles à une rédaction ou encore un véhicule porté par un champ magnétique pouvant ainsi traverser un pont invisible. Mais nous sommes en 1929 et la crise économique va briser son entreprise en quelques semaines, marquant ainsi la fin de son état de grâce.
    Dans la seconde partie du roman, Emmanuel Villin va nous raconter les années noires qui ont suivi et l'énorme gâchis qui en est résulté. L’épopée scientifique vire alors au drame politique. On passe des scènes newyorkaises aux camps du goulag.
    Avec Miguel Bonnefoy et son roman L’inventeur, voici un second roman qui nous permet de découvrir un scientifique oublié du siècle passé. Une sorte d’inventaire des occasions manquées.
    https://urlz.fr/kf7t

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    Couverture du livre « Microfilm » de Emmanuel Villin aux éditions Asphalte

    Virginie Vertigo sur Microfilm de Emmanuel Villin

    http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2018/03/20/36245266.html

    « Physique quelconque, visage commun ». Quand on est aspirant acteur, ces qualificatifs d’une directrice de casting ne laissent rien présager de bon. Il y met pourtant de sa personne en se construisant un personnage un peu...
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    http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2018/03/20/36245266.html

    « Physique quelconque, visage commun ». Quand on est aspirant acteur, ces qualificatifs d’une directrice de casting ne laissent rien présager de bon. Il y met pourtant de sa personne en se construisant un personnage un peu suranné à la Alain Delon. Las de courir après les rôles pour n’obtenir que de la figuration (nous pourrions parler comme dans le sketch des Robins des bois aux César de rôle de second plan), il vient chercher un travail chez sa conseillère de Pôle emploi. Par le jeu complètement fou des algorithmes, l’ordinateur le considère comme un expert en microfilms et lui trouve un emploi pour une nouvelle fondation : la fondation pour la paix continentale. Embauché très rapidement, notre aspirant acteur vient prendre son poste place Vendôme et découvre que ses activités sont limitées, pour ne pas dire proches du néant. Tout comme lui, le lecteur se demande ce qu’est cette obscure fondation et son activité. Tout le monde semble bien affairé mais nul ne semble savoir sur quoi… La rencontre avec un autre employé, John L’Américain, grand amateur de westerns, apporte de nouvelles zones d’ombre sur la fondation. Notre personnage un peu à part, un peu en décalage, vivant dans son monde peuplé de films anciens ne se laisse pourtant pas démonter par l’absurdité de son quotidien professionnel. Il joue pour une fois dans un rôle, ne se doutant pas qu’il finit par être le figurant de sa propre vie…

    Emmanuel Villin nous livre une comédie plutôt grinçante sur le monde professionnel et notre place dans celui-ci. Dans une période où le chômage est important et la course à l’emploi une discipline quasi olympique, l’auteur nous interroge sur l’absurdité, l’inanité d’un monde où le travail doit être le premier rôle dans nos vies, même s’il est sans sens voire maltraitant. Paris est aussi un personnage à lui tout seul : on se déplace du cimetière du Montparnasse à cette place Vendôme, haut lieu du luxe et pourtant très impersonnelle, sans charme, sans vie. Il n’est pas étonnant que l’auteur ait choisi ce lieu comme siège de sa fondation au nom qui se veut philanthrope. Le roman m’a aussi fait un peu penser au livre Du tout au tout d’Arnaud Le Guilcher (en moins déjanté) même si cette fois-ci ce ne sont pas des références musicales mais cinématographiques qui sont évoquées… quoique certains titres dans le récit et une playlist en fin d’ouvrage me contredisent un peu.

    C’est un roman fin, bien amené avec ses chapitres courts, qui maîtrise bien les codes de l’absurde tout en étant d’une écriture fluide. Je vous le conseille d’autant plus que je trouve qu’on n’en parle pas assez.

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