Rendez-vous le mercredi 16 octobre à 19h sur le site « Un endroit où aller »
"Tous les lieux où je me rendais avec lui brillaient de mille feux, comme une fête foraine."
Amy Jo, fille de Joe Albany, un pianiste blanc, nous conte à travers ce magnifique récit autobiographique leur histoire.
Grandir auprès de ce père fut parfois difficile malgré tout l'amour qu'elle lui portait. Bercée depuis toujours par la musique qui les accompagnait en permanence, elle se passionna très tôt pour cet univers. Mais hélas confrontée à l'addiction de son père, l'héroïne rendra son enfance chaotique.
"J'étais persuadée que quelque chose proche d'un amour absolument purificateur existait vraiment dans un coin de cet univers déglingué."
Leur amour assez fusionnel n'empêchera pas la descente en enfer de son père. Sa musique et ses dépendances à l'héroïne se livrent une bataille infinie.
"Méfie-toi de cette Vieille Dame qu'est la Vie - elle peut être une sale garce. "
Rien de tel que la musique comme échappatoire quand on veux oublier ou supporter sa vie. Amy Jo aquit une grande maturité très tôt et se protégea afin de ne pas trop souffrir .
"L'astuce, c'était de garder, dés le départ, suffisamment de distance entre soi et toutes les planches pourries transitoires qui jalonnaient notre route. C'était la seule manière de supporter la déception éprouvée lorsque, à tous les coups ils décideraient de vous rejeter."
Un magnifique portrait d'un duo père/ fille, un style lyrique au swing époustouflant. Entre leçon de survie et amour fou, le jazz est là et nous emporte pour une longue balade aux notes virtuoses.
L'amour toujours plus fort que tout, que ce soit pour son père ou pour la musique. Un hommage bouleversant, vibrant, grisant, féroce. La mélodie d'une vie bouleversante.
Amy-Joe Albany passe un vieil album de son père pendant qu’elle travaille sur les décors d’un film : le réalisateur Jeff Preiss, spécialiste de Chet Baker, reconnaît l’interprète et se lie d’amitié avec sa fille – il est l’un des seuls en dehors du monde de la musique à se souvenir de Joe Albany. À sa demande, A.-J. rédige en 2002 des notes sur son enfance, qui deviennent un livre, puis un film, produit par deux musiciens des Red Hot Chili Peppers, avec Glenn Close et deux acteurs de Game of Thrones.
Des impressions autour de la musique, le génie du père, les rencontres extraordinaires mais qui semblent banales à Jo tant elles font parties de son quotidien. Des moments de tendresse, de complicité alternent avec le sentiment d'abandon quand le père part en tournée ou en cure de desintox. Une enfant qui regarde ce monde d'adulte et qu'elle ne comprends pas.
Ce génie qu'elle voudrait voir épanoui et qui pour finir n'est souvent que douleur et dégradation.
Un portrait juste et beau, un regard d'amour porté sur ce père qui n'a pas eu le succès qu'il aurait été en droit d'attendre mais qui n'a cessé d'être admiré par sa fille.
Avant-propos
"Joe Albany était un grand pianiste de jazz. Telle était l'opinion de Charlie Parker, Lester Young et de quantité d'autres musiciens qui jouèrent avec lui. Au début des années quarante, il fut l'un des premiers musiciens qui oeuvrèrent à faire sortir le jazz du carcan du swing, participant à la création de ce qui serait connu comme le be-bop.
J'étais moi aussi en admiration devant le talent de mon père, mais je lui vouais un amour totalement démesuré, comme seule une fille peut aimer son père. Il était né à Atlantic City en 1924 et mourut à New York en 1988, le corps ravagé par un demi-siècle de dépendances et de tristesse. Dans l'une de ses dernières lettres, il me mettait en garde : "Méfie-toi de cette Vieille Dame qu'est la vie - elle peut être une sale pute."
On a toujours manqué d'informations sur les faits et gestes de mon père au cours des années soixante. Ce ne fut pas, pour lui, une période productive sur le plan musical, mais c'est alors que je le connus le mieux. S'il n'était pas en prison ou en cure de désintox, on était ensemble. Ce livre est un récit de ma vie avec lui à cette époque : une série de moments fragmentés vus à travers le prisme de mon enfance. C'est aussi une histoire sur le fait de grandir et de survivre à Hollywood, un voyage difficile dans une ville unique sur la mauvaise pente."
Je voulais commencer à parler de ce livre par cet avant-propos de Amy-Jo Albany qui résume parfaitement ce qui va suivre tout le long de son récit. Elle arrive par de courts chapitres, qui pourraient s'apparenter à ceux d'un journal intime, à nous décrire sa relation avec son père. Le mot qui prévaut dans ce livre : c'est l'Amour qu'ils se prodiguent l'un pour l'autre. Il n'y a aucun patos, je dirais même que le livre est presque joyeux. Et là est la grande force du livre et de sa narratrice.
Si vous vous dites : "oh lala!!! Ca parle encore d'un artiste drogué. On va avoir droit à tous les clichés du genre". Je vous arrête tout de suite, laissais une chance à Amy-Jo de vous emmener dans son univers et vous ne le regretterez pas. Ce livre est une petite pépite.
Pour les fans de jazz, ce livre vous décrira l'envers du décor où la ségrégation existait mais pas pour ceux que l'on croit. Cette musique, dans ces années, était la chasse gardée des noirs américains et les blancs n'étaient pas les bienvenues dans leur univers, même si cet artiste avait un talent énorme. Il faut dire que les noirs avaient peu d'espace pour s'exprimer.
En conclusion, je vous dirai courrais acheter "Low Down" de A.J. Albany (Editions Le Nouvel Attila). Il vaut largement certains auteurs de la rentrée surmédiatisés.
P.S. : je vous ai mis un lien (j'espère qu'il fonctionne) correspondant à une petite interview qu'a donnée l'auteur à la suite de la parution du livre.
http://bookalicious.fr/interview-aj-albany-jaime-mon-pere-envers-et-contre-tout/
Bonne lecture.
Explorateurs de la rentrée littéraire - Chronique finale :
Une pépite qui se lit presque d’une traite tant le ton est enlevé, les chapitres courts et rythmés. La vie de cette petite fille puis jeune femme est tellement hallucinante qu’on a parfois un peu de mal à croire qu’elle a vécu autant de choses, souvent dramatiques, à un si jeune âge. Mais pas d’exagération dans cette autobiographie, simplement une sincérité désarmante, et des anecdotes bien choisies pour découvrir ce qu’était le milieu du jazz, et des familles de drogués, à Hollywood dans les années 60, 70. Pas besoin de s’intéresser particulièrement au jazz pour être tenu(e) en haleine par cette histoire tant elle est universelle : un père et sa fille, dans la tourmente, avec quelques bons moments, tout de même. Dans la série Girls, le personnage de Lena Dunham, souhaite devenir la voix de sa génération, ou tout du moins, une voix. Sans l’avoir cherché, AJ Albany est l’une des voix les plus touchantes de sa génération, de son pays, et plus précisément d’Hollywood. Elle aurait sans doute encore beaucoup à dire sur la façon dont son enfance brinquebalante a construit sa personnalité d’adulte. On ne peut qu’espérer une suite, se concentrant pleinement sur elle, femme, maintenant que sa relation avec son père (syndrome d’Electre, pleinement assumé) a été parfaitement décrite. Le style est vif, touchant, et même drôle. Tous les ingrédients sont là pour que cet auteur devienne incontournable.
Rendez-vous de la page 50 (sur 182 pages + album photos) :
Une œuvre passionnante et émouvante d'Amy Jo Albany, fille du pianiste de jazz, Joe Albany. A la fois, une autobiographie et une biographie de son père, puisque le livre se concentre sur la relation fusionnelle entre eux. On entre tout de suite dans le vif du sujet, l'auteur est concise, précise, elle choisit les épisodes qu'elle veut raconter. Chacun d'entre eux va composer le puzzle d'une époque, d'une vie de bohème pas si attirante que ça, d'une petite fille qui voit des choses qu'elle n'aurait jamais dû voir : la drogue, l'alcool et leurs effets dévastateurs sur ses parents et leur entourage. Pour autant, le ton n'est pas larmoyant, bien au contraire. Le style et l'humour de l'auteur y sont pour beaucoup. Si le reste du livre est dans le même ton, on tient là une des pépites de la rentrée littéraire, à n'en pas douter !
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