Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
Nouvelle enquête du duo et parfois trio lorsque Clarisse se mêle de l'histoire. Entre Namur, Louvain-la-Neuve et Liège et pas mal d'autres noms de petites villes et villages que je ne connais pas : Nismes, Oignies, Couvin, Walcourt, Malonne, Viroinval..., le duo d'écrivains nous fait visiter la Wallonie. Et comme pour les tomes précédents, l'ensemble est très plaisant. Tout coule, tout s'imbrique de belle manière et l'ambiance est légère. Si l'on n'est pas franchement dans une comédie policière, ce n'est pas la grosse poilade mais on sourit souvent et surtout, le duo Dumont-Dupuis colle avec ses mots, ses tournures parfois rares -rendez-vous compte, il ose les imparfaits du subjonctifs- à ses deux personnages principaux. Roger Staquet est un flic retraité, à l'ancienne, plus proche d'un Maigret que d'un Inspecteur Harry et Paul Ben Mimoun, beaucoup plus jeune est élevé dans une tradition policière, décalé de son époque. Cela donne des réparties savoureuses entre les deux, des situations drôles et une émulation intellectuelle pour tenter de comprendre. Et puis, lorsque Clarisse est de la partie, ça change un peu, elle beaucoup plus rentre-dedans notamment vis-à-vis de Paul. Elle dynamise le duo.
L'enquête tient la route jusqu'au bout. Agnès Dumont et Patrick Dupuis l'ancrent dans le territoire wallon, et même si on ne le connaît pas on n'y est point perdu. C'est même assez agréable de s'y balader en si bonne compagnie. J'aime bien le détachement, l'humour léger et très présent de cette série qui je l'espère ne s'arrêtera pas là.
Savoir dire non, prendre une décision, affronter les avis des autres, se tenir droit et défendre son point de vue : pas toujours simple, voire impossible. Les huit nouvelles du nouveau recueil d’Agnès Dumont au titre révélateur : "Je ne dis jamais non" nous racontent ces difficultés. huit nouvelles, huit tranches de vie, huit plaisirs de lecture.
Pas facile, en effet, de dire non, de choisir un itinéraire, de s’y tenir, de ne pas obligatoirement suivre celui qui "en jette le plus". C’est ainsi que Bernard Dutilleux a bien du mal à dire à son collègue Luc que le "…bestseller philosophique dont son collègue lui avait dit le plus grand bien…" ne lui avait pas plu. De même Catherine n’a pas osé refuser à Sylvie de se rendre à une réunion "Sans doute par peur de passer pour une bobonne effrayée." Odile, quant à elle, refuse de donner son point de vue sur le nouveau DRH de la boîte dans laquelle elle travaille. Pourtant, "Elle enviait ses collègues et la décontraction avec laquelle ils lançaient des avis tranchés à propos de tout et de rien…quand, pour sa part, elle ne se permettait jamais la moindre opinion catégorique." Et puis, il y a aussi Jenny qui craint d’annoncer à son ami qu’elle ne pourra jamais avoir d’enfant de peur que… et d’autres encore.
Chaque nouvelle est une histoire, elle place un personnage au centre d’une aventure qu’il accepte ou pas. Personnage qui a du mal à se singulariser, sortir de sa "zone de confort", décider de se montrer, donner un avis personnel, s’extraire du lot peut-être. Pas simple d’endosser un habit différent, de quitter un costume insipide et invisible. L’écriture donne toute sa force à ces portraits tirés avec humour et tendresse. Elle est travaillée avec précision, les mots sont bien choisis, bien agencés, le rythme adapté et les chutes toujours parfaitement ajustées.
En un mot, j’ai aimé grignoter chacune de ces huit petites friandises capables en quelques pages de m’éclairer sur certaines de mes attitudes.
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Retour du duo Staquet-Ben Mimoun, je pourrais même écrire du trio Staquet-Ben Mimoun-Dupuis, tant Clarisse Dupuis est présente et participe à la résolution de l'intrigue. Après Une mort pas très catholique, c'est à la fois heureux de se retrouver sur une même affaire et inquiets de la disparition d'Honorine que les deux amis débutent leurs investigations, forcément limitées car hors toute procédure. Et il nous est plaisant à nous aussi de les retrouver. La fougue de Clarisse, les hésitations et les échecs répétés de Paul quant à déclarer sa flamme à la jeune femme et le regard plein d'expérience et un peu goguenard de Roger face aux tergiversations de son ami, tout cela forme un roman policier très fréquentable qui, sur un ton décalé, humoristique, parvient à parler des réfugiés qui tentent tout pour passer de l'Europe -France et Belgique en tête- vers le Royaume-Uni, sorte d'Eldorado dans lequel ils trouveront ce qu'ils n'ont pas chez nous : des droits d'asile et de travail.
Le duo Agnès Dumont et Patrick Dupuis brouille les pistes en jouant avec les codes : les méchants ne le sont peut-être pas tant que cela, ou bien les plus méchants ne sont peut-être pas ceux auxquels nous penserions de prime abord, et les flics ne sont pas toujours aidés ni ne font les bons choix voire il leur arrive des mésaventures qui les empêchent d'arriver à l'heure H. Enfin, des rebondissements et des surprises qui font qu'on passe un très bon moment.
Si j’ai choisi ce roman policier, c’est pour une raison toute simple. En effet, j’ai fait l’entièreté de mes études de droit à l’Université de Louvain-la-Neuve. Ville encore assez jeune dans son histoire, puisqu’elle ne fête « que » ses 50 ans, je n’avais pas connaissance de ce livre s’y déroulant. J’ai trouvé que c’était original d’enfin y retourner par la lecture et j’espérais retrouver de nombreux endroits où j’ai passé de très bons moments.
Hormis ce petit plaisir par un tour d’horizon assez survolé des différents quartiers, cette lecture me laisse un sentiment bigarré pour plusieurs raisons. Tout d’abord, j’ai apprécié l’idée sous-jacente à l’enquête (je ne vous dis pas laquelle afin de vous en laisser la surprise), qui je trouve était assez bonne et d’actualité. Le problème a été qu’elle n’est pas assez détaillée, ni assez travaillée. En fait, elle n’est que survolée alors qu’il y avait matière à être approfondie. Je sais que le livre ne compte qu’un peu moins de 200 pages et qu’il faut dès lors faire des choix, mais, dans le cas présent, cela aurait été plus salutaire d’ajouter plus de matière afin d’éviter cet effet « bâclé ».
La seconde chose est que, pour un récit écrit à quatre mains, j’ai trouvé le style d’écriture assez parcimonieux et peu riche. Lorsque deux auteurs s’unissent et collaborent à l’écriture d’un livre, selon moi, il y a plus dans deux têtes que dans une. Donc en conséquence, la plume se doit d’être plus aguerrie. Pourtant, ce roman policier est au final trop simpliste tant par son contenu, que par son style. Pour deux auteurs ayant déjà un passé dans l’écriture, je n’y adhère pas du tout. Est-ce un choix ? Je n’en sais rien, mais cela en devient désagréable à certains moments et rend la lecture décevante. Le ton moralisateur dans certains dialogues alourdit encore plus certains passages.
Une autre question que je me pose est de savoir si c’est une décision des auteurs de rendre leur histoire un rien burlesque. Malgré tout, soit c’est un accident inopiné, soit ils n’ont pas été au bout du processus. Leur duo d’enquêteurs est trop caractérisé par des stéréotypes. Vu la difficulté rencontrée avec ce style particulier, cela pourrait aussi expliquer pourquoi je n’y ai pas souscrit.
Comme je vous l’ai déjà dit et que je vous le serine à chaque fois qu’une lecture s’est moins bien passée pour moi, cela est et reste mon très humble avis. Je ne veux en aucune façon influencer les potentiels lecteurs du livre. Si un livre est publié, c’est que quelqu’un y a trouvé des qualités et qu’il pourra trouver son public. Pour moi, hélas, ça n’a pas fonctionné. Il ne faut pas croire que c’est facile d’aller et d’écrire un avis dans ce sens.
Au contraire, c’est bien plus aisé de rédiger une chronique positive sur un livre qu’on a apprécié. Mais depuis le début de mon blog, je me suis fait un devoir de rester objective, peu importe la maison d’édition, peu importe qu’il s’agisse ou non d’un SP, peu importe qu’il s’agisse d’un ou d’une auteur(e) amie.
Selon moi, les critiques, si elles sont argumentées et non émises dans le simple but de faire de l’audience ou de blesser, peuvent être constructives et permettre de s’améliorer. C’est pourquoi j’ai tenté d’expliquer en ces quelques lignes, ce qui a bloqué dans ma lecture de ce roman policier.
Au final, je ne peux que vous conseiller de vous aussi lire ce livre afin de vous forger votre propre avis et pourquoi pas, d’en discuter sur mon blog ou sur les réseaux sociaux. Cela sera un plaisir pour moi d’échanger autour de ce livre avec d’autres lecteurs.
Je remercie les éditions Weyrich pour leur confiance.
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