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« Le lièvre d’Amérique », un livre claquant, inoubliable

Une beauté d’écriture inouïe

« Le lièvre d’Amérique », un livre claquant, inoubliable

Le lièvre d’Amérique de Mireille Gagné (Editions La Peuplade)

 

Evlyne Léraut, un des membres de notre Cercle livresque 2020 nous livre son avis.

Poignant, magistral, « Le lièvre d’Amérique » est un cri dans la nuit. Un livre claquant, inoubliable, d’une beauté d’écriture inouïe. Une nage éperdue dans l’eau glacée, rebelle de l’Isle-aux-Grues, terre natale de Mireille Gagné. La trame est liant, mouvement et vérité. Papier calque de cette nature rebelle, sauvage et dissidente.

 

Diane est ici. L’enfance habillée de ressacs, de grondements. Grandissante dans cet été des quinze ans avec Eugène, son ami, si énigmatique et imprévisible. On ressent l’envergure sentimentale, d’approches, de regards, de découvertes des lieux secrets, cherchant des yeux les traces du lièvre d’Amérique. Métaphore de ce qui ne se prononce pas.

 

Il est ici ; le lièvre mythique. On le voit, le sent, l’interpelle. Dans ces forêts sombres, le profond des pages ; décrit à merveille, cycle de cette fable parabolique. Que ce livre est majestueux ! Ecoutez ces enfants écueils. Diane perdue dans les émois d’un premier amour.

 

« Diane se réveille ». La voici, adulte, solitaire, travaillant jusqu’au creux de la nuit. Noyée dans l’opératif, déchirée, perdue. Ombre d’Eugène, gouffre abyssal.  Automate, perdue dans les profondeurs intestines d’un plus, toujours mieux, plus longtemps. « Pour calmer son anxiété de performance et économiser des secondes Diane compte perpétuellement le nombre de pas séparant son appartement de son travail de marches entre chacun des étages, de secondes entre son bureau et celui de la femme qu’elle déteste. »

 

Cette satire des temps modernes, ce choc de contemporanéité est une parabole. Crissures sur la glace, miroir déformé, l’hédonisme refoulé. Un quotidien étranglé d’angoisses. Le lièvre d’Amérique court de plus en plus vite. S’échappe des mailles des diktats sociétaux.

 

Diane, «… compte pour combler le vide mais le malheur ne se dénombre pas. » Diane est égarée dans son propre labyrinthe. Ne trouve plus sa voie. Ces questionnements, ce trop-plein d’activités sont une armure à briser. Va-t-elle trouver la croisée des chemins ? Suivre les empreintes du lièvre d’Amérique ? Diane va-t-elle renaître de ses cendres tel Le Phénix ?  Eugène est-il le double de ce lièvre ?

 

Ce récit est une merveille à l’aube née. Mireille Gagné est douée, très. Cette fable emporte les vents contraires. Assigne au passage des possibilités. On est pris de vertige au sommet des falaises. Les vagues frappent, mais les larmes sont rédemptrices. Ici, dans cette île bat le cœur d’une femme qu’on aime de toutes nos forces. Pelage de lièvre, mythe écarquillé, Eugène-Nanabozo. Dualité et retrouvailles. « Le lièvre d’Amérique » est initiatique, culte.

 

© Evlyne Léraut

 

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