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Une jeune fille erre dans Paris, dort dans les parkings et les gares, mange dans les jardins publics. Elle possède un appartement confortable mais n'y met plus les pieds. Elle se lave de moins en moins souvent, finit, comme à contre-coeur, par aller dans un dispensaire pour SDF quand la douleur de son épaule augmente, mais ne poursuit pas les soins qu'on lui a prescrit.
Au début, elle téléphone de temps en temps au fondé de pouvoir de son père, à Genève. Elle demande qu'on lui envoie de l'argent, des petites sommes, juste de quoi ne pas mourir de faim. Puis elle ne téléphone plus, ou plutôt elle téléphone encore une fois. Mais sans parler.
Dans le sac qu'elle trimballe il y a son passeport, un passeport suisse. Elle est la fille d'un banquier, une banque ancienne et traditionnelle. Elle a fait ses études dans le collège le plus chic et le plus cher du monde.
Sa grand-mère habite dans un de ces hôtels particuliers où la richesse se cache. Ses parents habitent maintenant « les Ombraies », une villa sur le lac où sa mère fait régner l'ordre genevois le plus strict. Rien ne doit déranger cette décence.
Le roman alterne les scènes de la jeune fugueuse à Paris, et des siens à Genève. Le père est déchiré par le départ de sa fille et par sa disparition. Mais il ne fait rien. Il respecte le silence atroce dans lequel elle le laisse.
La mère, au début, semble s'efforcer de ne pas penser à elle, de ne rien changer au cours des choses. Puis, soudain, elle part pour Paris tenter de retrouver sa fille. Mais, trop tard. Le roman excelle, un peu à la manière de Simenon, à faire sentir les drames psychologiques profonds qui meuvent les personnages et surtout les rapports entre la mère et la fille sur lesquels, peu à peu, le roman se resserre. Rien n'est analysé. Tout est suggéré par petites touches, sans pathétique, sans que rien ne soit jamais forcé ou dramatisé. L'univers des parents est criant de froide vérité, comme aussi la révolte silencieuse de leur fille. Les personnages secondaires (le fondé de pouvoir ; la domestique des parents ; la grand-mère) sont fortement dessinés, là encore avec presque rien.
Bref, Catherine Guillebaud a réussi un second roman très original et magnifiquement maîtrisé.
Il y a, d'un côté, une jeune fille qui erre dans Paris, dort dans les parkings, mange dans les jardins publics, ne se lave plus, ne se soigne plus, ne parle plus à personne. De l'autre, il y a une banque genevoise, la demeure des « Ombraies » au bord du lac, un homme et une femme qui ne savent plus où est leur fille. Ce sont cette opulence feutrée, cet ordre immuablement décent dont sa mère est la gardienne, que Clarisse, sans doute, a fuis. Sa mère le comprendra, mais le prix à payer sera lourd. Un roman à la Simenon, criant de vérité, par touches brèves où le drame affleure sans analyse, ni pathos.
Clarisse est une grande ado issue d'une "belle" "bonne" famille.
Mais l'amour maternelle, l'amour familiale correspond il à son besoin ?
Elle choisi de s'éloigner de sa famille, puis de renoncer à son logement,
elle vit dans la rue. Elle se perdra d'un point de vue matériel, parviendra t elle d'un point de vue personnel ? familial ?
Ce livre est assez court (170 pages), l'écriture est "particulière", j'ai personnellement été touchée par cette écriture "un peu décalée", j'aurais écrire "un peu suisse" (lente, délicatement précieuse).
Alors même si j'avoue que l'histoire de la pauvre petite fille riche, j'ai un peu de mal, mais l'exercice proposé, ici, de mon point de vue est ailleurs.
Si vous êtes curieux, je vous invite à le lire. Et pourquoi pas en échanger ...
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