Rendez-vous le mardi 28 mars à 19h sur le site « Un endroit où aller »
Après avoir écouté un podcast d’Affaires Sensibles consacré à Florence Arthaud dans lequel Yann Queffélec était invité en seconde partie d’émission, j’ai éprouvé l’envie de lire cette biographie.
Le style et le parti pris narratif m’ont rapidement agacée. J’ai eu le sentiment que l’auteur « s’écoutait écrire », qu’il se mettait presque plus en lumière que la navigatrice.
C’est vraiment dommage car le parcours de Florence Arthaud son courage, sa folie et sa passion méritaient un texte passionnant.
Même si Yann Queffeléc sait transcrire ses failles, ses faiblesses, ses contradictions, son enthousiasme, son itinéraire dans ce milieu masculin souvent misogyne, son écriture m’a perdue.
Vous l’aurez compris, si vous voulez connaitre la vie de Florence Arthaud, écoutez l’excellent Affaires sensibles ; Fabrice Drouelle rend un bel hommage dynamique et captivant à cette femme forte et attendrissante.
Didi, il peut pas savoir encore. Il peut pas savoir qu'il va naître au milieu de la guerre. De la peur. Et de la résistance aussi.
Il peut pas, tout carapacé au chaud dans le ventre de Maud.
Il ignore que son père est Samuel Poujol, le fils du patron. Tu parles, même Samuel il ignore qu'il va être papa ! Même que Maud elle n'est pas rassurée de lui avouer, content, pas content, c'est vrai qu'il n'est pas facile à déchiffrer, il a ses mystères, le fils à papa.
Des mystères lourds comme la guerre.
Samuel, il se bat aux côtés de son père, il ne se bat pas tant pour les juifs que pour la fierté paternelle.
Et Maud dans tout ça ?
Maud elle est belle comme les terres sauvages où elle a grandi. Elle s'offre sans retenue, sans calculs.
D'où vient l'amour ?
Du ventre peut-être...
Yann Queffelec a gardé toute son habilité à mener les mots comme on mène un voilier, il leur fait subir gros temps et mer d'huile.
Sûr que c'est toujours un plaisir de se laisser embarquer.
Même si...
Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, les montagnes cévenoles résistent à l’occupation allemande, prêtant leur terrain accidenté et inhospitalier aux maquisards.
Sur les flancs du volcan de l’Oiselette, des familles pauvres vivent encore en autarcie, descendant parfois de la montagne pour vendre leurs produits. C’est de là-haut, aux Fabrègues, que la petite Maud Pellatan va chaque jour à pied à l’école du village, subissant le mépris qu’inspirent ces « éclopés du volcan ».
Et pourtant, malgré cette vie de rejet et d’isolement, elle rencontre Samuel, l’amour de sa vie. Fils de Pierre Poujol, le patron de la fabrique de soie du Vigan, devenu un membre éminent de la Résistance, il vient chercher dans ces hameaux inaccessibles, un lieu pour cacher une famille juive.
Malgré l’occupation nazie, la menace permanente des dénonciations et leur différence sociale, Maud et Samuel vont s’aimer passionnément.
De la vie de ce couple malmené par la guerre qui renonce à tout par amour, le roman s’achève à notre époque en une fin un peu confuse à mon goût, semant un certain trouble sur le devenir de chacun.
L’écriture de Yann Queffélec est saisissante de sensibilité et d’authenticité même si, par ses petits bonds dans le temps, elle peut sembler parfois complexe. Le mot « elliptique » me semble bien décrire ce style particulier. Et c’est ce savant tricotage dont joue l’auteur avec virtuosité, qui donne sa profondeur à une histoire où l’amour est omniprésent.
Entre drame et passion, ce beau roman historique révèle des personnages forts, sculptés du métal des traditions rurales et ancrés dans une terre dont ils sont les héritiers et les défenseurs.
Voici une relation mère-fils à l’extrême opposé de celle de « La promesse de l’aube« , que je viens de lire.
Ludo est le fils de Nicole, le fruit du viol collectif de celle-ci alors qu’elle n’avait pas 15 ans. Non désiré, rejeté par sa mère mais aussi par ses grands-parents, le garçon est livré à lui-même depuis le plus jeune âge, enfermé dans un grenier comme un animal. Enfant sauvage, on ne lui a inculqué aucune notion d’hygiène, aucune bonne manière, aucun code social. Mais on lui reproche d’être sale et répugnant, mal élevé, bête, de ne jamais dire « maman », lui qui sait à peine parler et ignore ce que sont la tendresse et l’affection.
Alors que le gamin a cinq ou six ans, Nicole se marie avec Micho, un brave type, qui se prend d’affection pour Ludo, mais cela ne suffira pas. Nicole, hantée par ses fantômes qu’elle retrouve dans le regard de son fils, le fait placer dans une institution pour débiles légers. Mais les choses ne s’arrangent pas davantage, et Ludo, qui veut retrouver sa mère, adorée en dépit de tout (mais qu’a-t-il compris de l’amour, cet enfant ?), s’échappe. Et tout cela finira mal.
C’est peut-être un mauvais timing de lecture*, mais je n’ai pas aimé lire cette histoire. J’aime le noir, mais là c’est trop. Sombre, glauque, malsain, j’ai eu l’impression que l’auteur se complaisait à saturer le lecteur de détails sordides, à mettre en scène des personnages odieux et détestables. Je peux comprendre qu’une mère rejette son fils après le traumatisme d’un viol, mais les grands-parents ? J’ai peine à croire que la peur du qu’en dira-t-on rende les gens aussi stupides, cruels, inhumains. Et que dire de la directrice de l’institution, vieille fille frustrée et d’une perversité sans nom. Il y a bien quelques bribes de bienveillance chez Micho et d’autres personnages secondaires, mais elle est vaine, maladroite, niaise, tellement inutile qu’on finit par penser que personne ne se préoccupe réellement de Ludo. Paroles, paroles… Pas davantage de chaleur dans l’écriture, froide, sans pathos, clinique. C’est peut-être bien écrit (Goncourt 1985, si cela a une signification) mais cela se traîne en longueur et cela ne suffit pas à rattraper tant de noirceur et de désespérance.
*Mais quel est donc l’impact du confinement sur la sensibilité d’un lecteur ?
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