Cette semaine, suivez Cécile Boyer-Runge, PDG de Robert Laffont et Betty Mialet codirectrice des éditions Julliard.
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Je n’avais pas particulièrement envie de lire ce roman jusqu’à ce que j’assiste à une rencontre avec son auteur en juin dernier.
Romain Slocombe a présenté ce roman avec tellement de brio en expliquant la génèse de cette histoire que j’ai fini par ouvrir les pages de ce livre.
Après la seconde guerre mondiale, deux enquêtes ont été diligentées par la police sur deux femmes qui portaient le même prénom, un patronyme très proche, des initiales identiques et des dates de naissance très proches.
Le but de ces enquêtes étant de découvrir si ces deux Aline avaient collaboré avec l’ennemi ou si l’une d’entre elles n’était bien qu’une femme sans histoire qui avait gagné la zone libre pour y vivre avec son amant.
Les chapitres alternent entre le récit qu’Aline Beaucaire fait à un commissaire de police et les documents de source policière déclassifiés de l’époque.
Le tout raconté dans un style que j’ai beaucoup apprécié. Ce roman dresse un tableau édifiant des comportements de Français qui ont pu adhérer aux idées antisémites et nazies à l’époque, de ceux qui ne se posaient pas trop de questions et des opportunistes.
J’ai trouvé ce roman basé sur des faits réels particulièrement intéressant.
Retour du « pire des salauds et [du] meilleur des enquêteurs ». On avait quitté l’inspecteur Léon Sadorski en avril 1942, il était devenu informateur de la Gestapo au sein de la Préfecture de police. C’était « L’affaire Léon Sadorski ». Et voici que l’anti-héros de Slocombe est confronté à des désirs bestiaux pour une gamine de 15 ans, juive, sa voisine d’immeuble. Ça tombe bien, grâce aux arrestations nombreuses de juifs, avec ou sans prétextes, et à la mise en place de la grande rafle des 16 et 17 juillet, l’inspecteur se débarrasse de la mère. Parallèlement, il poursuit une enquête pour serrer des « terro » communistes.
On vous passe le vocabulaire fleuri des protagonistes de la Sûreté, les séances de malaxage des organes génitaux du héros au moindre bout de jambe un peu découvert, les discours antisémites qui rendent le bouquin indigeste.
Depuis qu’il s’est découvert, tardivement, une grand-mère russe juive, Slocombe s’est jeté à corps perdu dans la période de l’Occupation. Du mauvais côté cependant, peut-être d’ailleurs du côté de la majorité des bons Français de l’époque. Peu importe. Il en résulte un ouvrage qui n’est pas sans faire penser aux « Bienveillantes » de Jonathan Littell. Le talent d’écriture en moins.
Les salauds ordinaires et leur cortège de barbarie sont légion, on en la preuve chaque jour en lisant la presse. Les masses sont prêtes à accepter n’importe quel bouc émissaire dès lors qu’il y a péril (ou pénurie) en la demeure. Hier les juifs, aujourd’hui les musulmans, mais ce n’est pas avec ce genre de roman que les hommes deviendront meilleurs. Ni que la littérature se portera mieux.
Un titre percutant et intriguant, une photographie de couverture interpellant : il était temps que je me décide à lire cet auteur. De plus, j'ai dans ma PAL les enquêtes de l'inspecteur Sadorski et je vais les lire très prochainement.
Pour découvrir cet auteur, j'ai donc commencé par "une sale française".
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une femme est interrogée par un commissaire de police qui s’intéresse de près à son cas.
Alsacienne, Aline Beaucaire est employée d’hôtel, elle est tombée amoureuse d’un sergent pilote trop beau pour être honnête et l’a suivi en zone libre, franchissant de nuit la ligne de démarcation. Le couple rêve de rejoindre Alger, via Marseille – la ville de tous les dangers. Bientôt, l’aventure tourne au drame.
Aline est-elle aussi innocente qu’elle espère le faire croire ? Et quel lourd secret a-t-elle à cacher ? Est-elle cette autre Aline au nom presque semblable, la « Panthère rouge » qui a activement collaboré avec la Gestapo ? Qui est vraiment cette « sale Française » ?
Nous allons alors lire l'histoire racontée, romancée par Aline puis des pages d'archives, des rapports de police, des documents d'époque et qui semblent vrais. Et c'est là la réussite de ce texte, c'est que nous sommes perdus dans l'histoire des Aline, une vraie, une romancée. Il y en a deux.
Nous nous y perdons mais l'époque était tellement brouillée que ce mécanisme romanesque est très efficace. J'ai été troublée, surprise mais très intéressée. de plus, j'ai eu des souvenirs de lecture sur cette période et des personnages, réels, qui réapparaissent dans le texte : le journaliste américain qui à Marseille distribuait des visas...
Même si je me suis perdue à travers ce texte, j'ai apprécié la description de cette période si étrange, si propice à ces agents doubles, triples ou à des personnages ordinaires qui ont essayé de vivre : pas simples d'être alsacien, être français puis allemand...
Ce texte parle aussi des femmes pendant cette période, de "simples" amoureuses, des "Mata Hari", des agentes simples, doubles !! Allez savoir ??
J'ai apprécié les pages qui décrivent le travail dans l'hôtel d'Aline, ses déambulations dans les rues de Marseille, les différentes rencontres qu'elle fait, les différents trafics, les implications de certains...
En tout cas, cette première lecture m'incite à continuer de découvrir les textes sur cette période et les textes de cet auteur mais aussi celui de Julie Héraclés, « Vous ne connaissez rien de moi » .
Je trouve aussi intéressant de faire des textes sur les "mauvais" de l'histoire et sur des pans noirs de notre histoire. j'avais déjà été impressionnée par la lecture de "jouer, trahir, crever" de Frédéric Massot.
Quand le romanesque, le polar s'emparent de l'histoire avec un grand H mais aussi avec un petit h et nous parle de gens ordinaires qui ont vécu, survécu pendant les années troubles de l'histoire.
#UnesaleFrançaise #NetGalleyFrance
Aline Beaucaire, d’origine alsacienne, employée d’hôtel est allée chercher du travail dans les hôtels allemands, où elle fait la connaissance de Louis Cat et d’autres tristes sires, qui travaillent pour le Reich avec un certain Herzog. Elle est rapidement séduite par Cat, beau parleur, qui a de l’argent plein les poches et adhère à son idéologie, son antisémitisme…
Elle va donc le suivre, lorsqu’il parle d’aller en Algérie, en mission. Après une étape dans la famille de Cat, (où elle fait la connaissance de la sœur handicapée par la poliomyélite, aux idées aussi fanatiques que lui) ils vont tenter de passer en zone libre. Cat a un laisser-passer en bonne et due forme fourni par Herzog, mais pour elle c’est plus compliqué.
Ils arrivent enfin à Marseille, première étape, logés dans l’appartement d’un « ami » et mène la belle vie, l’argent coulant toujours mystérieusement à flot, retrouvant la bande constituée en Allemagne, et fricotant avec la mafia locale…
Romain Slocombe, reconstitue pour nous l’histoire d’Aline Beaucaire, traitée de « Sale Française » ou de « sale Boche », selon les lieux qu’elle traverse, alternant les procès-verbaux des interrogatoires, répertoriés avec précision, et le récit que fait Aline à la demande de l’inspecteur. Il revient sur la confusion qui a eu lieu, à la fin de la guerre, entre Aline Beaucaire, et Aline Bockert, alias « la Panthère rouge » qui a collaboré activement avec la Gestapo.
En fait, l’avalanche de procès-verbaux, avec fautes d’orthographe, certaines confusions, ont alourdi la lecture. Déjà, il m’a été difficile d’éprouver de l’empathie pour Aline et encore moins pour les sbires qui l’entourent, et les propos antisémites qui truffent chaque conversation, alors j’ai dû m’accrocher pour arriver au bout de ma lecture.
La démarche de l’auteur est intéressante, car il creuse chaque piste pour aller au plus près de la vérité, en prenant soin de nous prévenir qu’il est parti de faits réels mais en modifiant les patronymes, les lieux.
Finalement, j’ai éprouvé plus de sympathie pour l’héroïne de « Vous ne connaissez rien de moi » de Julie Héraclès dont j’ai parlé il y a quelques temps.
C’est ma première incursion dans l’univers de Romain Slocombe, et je suis restée sur ma faim, je l’avoue. Je tenterai probablement un autre de ses livres pour mieux le cerner.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions du Seuil qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur
#UnesaleFrançaise #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/03/30/une-sale-francaise-de-romain-slocombe/
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