Léonie, jeune fille amputée d'un bras doit quitter ses parents, et se retrouve seule en plein milieu de l'océan !
Léonie, jeune fille amputée d'un bras doit quitter ses parents, et se retrouve seule en plein milieu de l'océan !
A vous de voter parmi les 5 BD choisies par le jury de cette 5e édition !
Cette histoire commence par un abandon aussi inexplicable que brutal. Léonie, jeune fille est lancée vers le grand large, par ses parents, lesquels adoptent une posture très inhabituelle qui tranche avec la dramaturgie de la situation. A bord d'un frêle esquif et en proie aux éléments, notre héroïne navigue vers cet inconnu au rythme des caprices des flots tumultueux. Sa route va croiser le chemin de Balthazar, un garçon muet en plein naufrage, et Agathe, une femme à la dérive, au sens propre comme au figuré. Ces trois personnages, très différents au premier abord ont plus en commun qu'ils ne le pensent : un handicap, un abandon et une lutte implacable pour survivre. Ils vont s'entraider et se compléter à merveille pour affronter les épreuves.
Ce récit est très puissant et touchant. Il laisse place à de multiples interprétations et analyses. Métaphore de la vie et son chemin semé d'embûches ? Aventure post-apocalyptique ? Chacun y verra ce qu'il souhaite, et c'est l'essentiel. Étonnamment je n'avais pas perçu à la première lecture l'aspect central du handicap alors qu'il sautait aux yeux. J'ai eu plaisir à écouter Jean Cremers expliquer son processus de création. C'est pour moi un marqueur de très grande qualité car la thématique du handicap (et plus largement les blessures de la vie) s'agglomère parfaitement à l'histoire. Elle n'est pas un prétexte mais un élément qui fait corps.
Le graphisme est soigné avec quelques belles planches qui restituent l'éclat bleuté et silencieux de la Mer. L'approche est assez colorée, ce qui rompt la monotonie de l'environnement. Sans compter l'action qui alterne avec des scènes plus posées.
Réussir un album aux allures de huis-clos maritime n'est pas évident. Pourtant je ne me suis pas ennuyé et la lecture a été assez fluide.
En revanche, je suis un peu resté sur ma faim sur certains éléments de l'histoire qui à mon sens auraient mérité plus de recontextualisation : Pourquoi les parents abandonnent-ils leurs enfants au grand large ? Comment expliquer cet air si détaché qui pourrait confiner à l'inhumanité ou à tout du moins l'inconscience ? Y-a-t-il eu un élément déclencheur à la création de ce microcosme marin avec des forts et des faibles ? (un épisode type grand déluge). Cela nous renvoie à ces fameuses lectures que l'on peut avoir du récit, entre fiction et métaphores parsemées de symboles.
Cette BD reste une grande réussite.Bravo à Jean Cremers !
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Glénat pour l'envoi de cet exemplaire.
Bazardée au hasard des vents et des tourments, notre jeune héroïne, Léonie, se retrouve, dès les prémices du récit dans une mer tumultueuse et déchaînée. Entre gens de bonne fortune aux moteurs vrombissants et petites personnes aux amarres bien frêles, l'issue est plus qu'incertaine.
Pourtant, le vent tourne et amène avec lui un peu de réconfort. C'est ainsi que poussée par les flots et envahie par l'eau, la barque de Balthazar rencontre celle de Léonie.
Ensemble, ils vont former un couple d'ami•es incroyable, comme ceux qui peuvent bouleverser votre existence.
Et parce qu'à deux on est plus forts, ils s'entraident, se soutiennent et gardent espoir. Très vite, ralentie•s par la pollution marine, ils font la rencontre d'Agathe, d'un certain âge, la dame les prend en amitié et leur ouvre la voie vers la terre ferme, "c'est simple il n'y a qu'à avancer".
Agathe est un personnage fascinant, être humain mi-femme, mi-fée. Elle porte son histoire dans chaque recoin de sa peau. Elle garde la barre, elle est un mât noueux tiraillé par les vents, fort et courageux qui ne cède jamais.
Mais face aux intempéries, aux avaries, aux monstres marins humains qui écument et raflent sur ces eaux, "le grand large" est un océan de requins. Un lieu piégeur où l'eau n'est jamais désaltérante et notre trio va manquer de prendre la tasse bien souvent.
Dans une sombre allégorie d'un cap, parfois infranchissable, le jeune auteur belge nous offre un récit singulier, maîtrisé et orchestré d'une main de maître sur le passage à l'âge adulte et ses tempêtes.
Jean Cremers épate par sa créativité, son talent et sa maîtrise du décor comme des dialogues.
il nous l'avait déjà prouvé dans son premier album "Vague de Froid", il a l'art de porter des personnages pluriels, entiers, avec leurs qualités et leurs défauts.
Ce "grand large" est un album superbe, à la fois poétique, douloureux et plein d'espoir, un peu à l'image de ces océans traversés au gré des vies.
Coup de Coeur
On n’est pas tous équipés pareil dans la vie. Bateau à moteur, planche à voile, canoë, yacht de luxe… Léonie, elle, part avec une barque en bois et un bras en moins. “Mes parents disent qu’il ne faut pas avoir peur du Grand Large… qu’il s’agit ‘simplement’ de trouver la terre ferme.”
Au large, elle croise d’autres enfants, perdus comme elle dans l’immensité bleue. Balthazar, un garçon muet qu’elle recueille dans son embarcation de fortune. Mais aussi Agathe, une vieille adolescente farceuse au corps buriné par la mer et le soleil. Ensemble, ils errent pendant plus de deux cents pages sur cette mer pleine de plastique et de personnages peu recommandables. Face à la violence des hommes et des flots, une seule issue : l’amitié.
On ne se lasse jamais du décor, toujours le même, toujours changeant. On se focalise forcément davantage sur les personnages aux visages anguleux et aux contours fragiles. Et on prend la mesure de toutes les métaphores de cette odyssée pleine de tempêtes et de remous. Affronter “le Grand Large”, c’est traverser la vie.
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
Derrière cette aventure en haute mer, on voit une métaphore assez claire du passage à l'âge adulte, des inégalités en jeu, et de l'importance des rencontres pour surmonter les épreuves. Le propos est intéressant, mais finalement un peu léger à mon goût. J'ai trouvé que la force de l'album résidait surtout dans la capacité de Jean Cremers à mener son récit d'aventures. Avec son trait simple mais dynamique, et son découpage efficace, les presque 250 pages de l'album passent à toute vitesse, avec quelques belles séquences émouvantes, et plusieurs doubles pages marquantes.
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