À la veille de son trente-troisième anniversaire, le narrateur plonge dans une dérive hallucinée.
Salarié de l'ancienne entreprise familiale de champagne, récent propriétaire d'un appartement que viennent de lui offrir ses parents, soudain sa vie se délite : des cauchemars, des pressentiments, une tache sombre apparue sur son corps, éveillent une angoisse sans nom. La maladie est à l'oeuvre, opérant son travail de sape sur le corps et l'esprit.
Parce que la peur est suffocante, le jeune homme va tendre toutes ses forces vers l'esquive. Il va conjurer la mort et oublier, par une fulgurante fuite en avant : il se verra réduire son appartement en champ de ruines, fêter ses trente-trois ans au milieu de cet indescriptible désordre, se métamorphoser en chef de chantier tyrannique, se mettre à dos toutes les corporations du bâtiment, écumer les puces et Drouot dans une désopilante compulsion d'achats, planter là son zombie sadique d'employeur, croiser à l'Opéra Noureev mourant, consommer toutes les drogues pour finalement traverser le miroir et rejoindre un Orient fantasmagorique, où il arpentera nuit et jour une ville chatoyante de mystères.
Le basculement dans la folie joue ici un rôle initiatique qui élargit toutes les perspectives du narrateur. Le brouillage entre réel et imaginaire atteint son paroxysme dans un Maghreb hostile, où il se voit Christ au milieu des Musulmans.
Par sa dérisoire volonté de puissance, par son troublant désir d'éternité, par sa totale vulnérabilité, le narrateur mis en scène par François Jonquet se dresse dans toute son humanité. Et, finalement, contrarie la mort par ce déchaînement de forces vitales.
En conjuguant avec brio naufrage et folle espérance, Et me voici vivant est un véritable hymne à la vie.
Tour à tour complice et médusé, le lecteur est happé par une fiction traversée par une langue tendue à l'extrême, où il découvre le monde réinterprété à l'aune de l'exaltation et de l'ivresse.
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