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Colonialité : Plaidoyer pour la précision d'un concept

Couverture du livre « Colonialité : Plaidoyer pour la précision d'un concept » de Michel Cahen aux éditions Karthala
  • Date de parution :
  • Editeur : Karthala
  • EAN : 9782384091676
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

La colonialité fut et est un phénomène mondial (mais pas généralisé) lié à l'expansion du système-monde capitaliste moderne (mercantile et esclavagiste) depuis le XV e siècle, en dehors de (puis en combinaison avec) l'expansion plus tardive du mode de production capitaliste. Elle n'est pas... Voir plus

La colonialité fut et est un phénomène mondial (mais pas généralisé) lié à l'expansion du système-monde capitaliste moderne (mercantile et esclavagiste) depuis le XV e siècle, en dehors de (puis en combinaison avec) l'expansion plus tardive du mode de production capitaliste. Elle n'est pas uniforme puisque très liée aux historicités des territoires (il y a ainsi des régimes de colonialité), imposant néanmoins des rapports sociaux de type colonial indépendamment du statut du territoire concerné. La colonialité est un concept fondamental dans les approches postcoloniales et décoloniales et de sa définition découlent celles d'autres concepts liés : post-colonial et postcolonial, décolonial, décolonialité, subalternité, universalisme, pluriversalisme, « sud global »...
Il existe une très forte tendance chez nombre d'auteurs décoloniaux à donner le primat au cognitif, à l'épistémique et à l'ontologie. Les colonialités du savoir, de la nature, de l'être, sont désormais plus étudiées et dénoncées que la colonialité du pouvoir dont découle pourtant tous les autres aspects de la colonialité. Ce tournant épistémique donne au décolonial une forte orientation idéaliste : c'est de la « déprise » mentale avec l'« Occident » et la « Modernité » que viendrait l'émancipation des subalternes. Or jamais les mouvements sociaux réels ne séparent ainsi l'ontologie de la vie socio-économique. Ce décolonial, de fait idéaliste, réifie l'« Occident » et la « Modernité » en un orientalisme à rebours, survalorise considérablement l'expérience hispano-américaine sans accorder d'importance à l'expansion portugaise vers l'Asie, tout aussi productrice de système-monde et plus rentable, au départ, que l'Amérique.
Ce latinocentrisme s'écarte, chez nombre d'auteurs, de la critique du capitalisme globalisé et pointe l'« Occident », sans jamais le définir précisément, comme l'ennemi. Il
dessine un « campisme anti-occidental » qui met souvent ces auteurs en fâcheux voisinage, comme l'ont montré des prises de positions favorables, ou du moins bienveillantes, envers la Russie dans sa guerre de conquête de l'Ukraine. Contre le décolonial idéaliste, Michel Cahen prône un décolonial matérialiste et ne « jette pas le bébé avec l'eau du bain ».

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