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Border la bête

Couverture du livre « Border la bête » de Lune Vuillemin aux éditions La Contre Allee
Résumé:

D'abord, il y a la rencontre avec Arden et Jeff - cette grande femme aux mains d'araignée et cet homme à l'oeil de verre -, alors qu'ils tentent de sauver une orignale sur les berges d'un lac gelé de l'Ontario, au Canada. Touchée par cette rencontre, notre narratrice décide de les suivre et de... Voir plus

D'abord, il y a la rencontre avec Arden et Jeff - cette grande femme aux mains d'araignée et cet homme à l'oeil de verre -, alors qu'ils tentent de sauver une orignale sur les berges d'un lac gelé de l'Ontario, au Canada. Touchée par cette rencontre, notre narratrice décide de les suivre et de rester avec eux dans le refuge dont ils s'occupent, soignant les animaux blessés.
Au coeur de cette nature marquée par les saisons, où humains et non-humains tentent de cohabiter, notre narratrice, suffisamment énigmatique pour que l'on puisse y trouver une part de nous-même, apprivoisera ses propres fêlures tout en apprenant à soigner les bêtes sauvages, et à écouter et interpréter les sons de la forêt et de la rivière.
Border la bête est un roman magnétique, tant par les impressions fortes que génère l'évocation sensible et incarnée des paysages, que par celles que nous procurent ses personnages aux silences éloquents et aux caractères forgés par l'existence.

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Articles (3)

Avis (7)

  • Une jeune femme quitte ses plaines natales pour rejoindre l'océan où elle dispersera les cendres de son père d'adoption.
    En chemin, elle fait la connaissance d'Arden, la femme aux doigts araignées.
    Aidée de Jeff, celle-ci tient un refuge pour animaux sauvages blessés.
    Dans ce grand froid...
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    Une jeune femme quitte ses plaines natales pour rejoindre l'océan où elle dispersera les cendres de son père d'adoption.
    En chemin, elle fait la connaissance d'Arden, la femme aux doigts araignées.
    Aidée de Jeff, celle-ci tient un refuge pour animaux sauvages blessés.
    Dans ce grand froid canadien, la jeune femme décide de rester et de s'installer au refuge.

    Quel livre magnifique.
    La magie de la nature liée à la magie de l'écriture forment une roman somptueux.
    Les arbres, la rivière, les animaux, les personnages, la glace, la neige....... toute une harmonie qui vit en osmose.
    Le style est très personnel et d'une rare beauté.
    On y sent l'amour de la nature et toute la poésie des âmes qui se rencontrent.
    La rivière et le gros chêne parlent réellement, mais les mots semblent insuffisants pour traduire leur langage.
    Il faut commencer un herbier sonore.
    L'auteure crée une écriture rare comme on en rencontre peu souvent
    Rien de commun, rien de fade, je me répète, tout est magie.
    Lune Vuillemin est jeune, belle et surtout incroyablement talentueuse.

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  • Dès les premières pages, il y a la rencontre avec Arden et Jeff – cette grande femme aux mains d’araignée et cet homme à l’œil de verre –, alors qu’ils tentent de sauver une orignale sur les berges d’un lac gelé du Canada. Émue par cette rencontre, la narratrice décide de les suivre et de rester...
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    Dès les premières pages, il y a la rencontre avec Arden et Jeff – cette grande femme aux mains d’araignée et cet homme à l’œil de verre –, alors qu’ils tentent de sauver une orignale sur les berges d’un lac gelé du Canada. Émue par cette rencontre, la narratrice décide de les suivre et de rester avec eux dans le refuge, soignant avec eux les animaux blessés. Début d’une immersion dans la pure sensation du vivant où humains et non-humains cohabitent. La narratrice au lourd passé, dont on ne connaîtra jamais le prénom, va chercher à apprivoiser ses fêlures tout en partageant celles de ses nouveaux amis. Au contact de Jeff et Arden elle va écouter les sons de la forêt et les murmures de la rivière Babine, tentant de les interpréter.

    Apprendre à voir, à entendre, à ressentir, c’est aussi nommer. Le vocabulaire décrivant la nature, faune et flore, est riche, jamais lassant – noms d’oiseaux, d’arbres, termes précis adaptés au territoire – mais est exposée ici l’idée novatrice que les mots actuels ne sont pas suffisant pour décrire la nature, qu’il faut « ...inventer un dialecte du territoire, former un nouveau dictionnaire de cette chose mouvante, changeante et tenace qu’est la nature. »

    Le style m’a plu avec ses métaphores et la personnification continuelle de la nature, incluant l’invisible. Les dialogues sont magnifiques, construits comme si la narratrice s’effaçait pour donner la parole et n’être plus qu’écoute, que ce soit lorsque Jeff lui raconte comment il a connu Arden ou encore quand elle entre en contact avec la foret et la rivière. On a une recherche d’un langage du vrai opposé au langage manipulateur visant à prendre l’ascendant quitte à tordre les mots.

    « Jeff ajoute que si on fabrique un dictionnaire pour aller au-delà de la description d’un paysage comme image figée, il faut aussi faire émerger des termes pour les humains, les traces qu’on laisse derrière nous, nos odeurs, perçues par des dizaines d’êtres différents sans qu’on le sache, ou encore la violence qui émane de nous. »

    La méditation, le rêve prennent une énorme place, favorisant la résilience, le besoin de paix. L’héroïne est dans la recherche d’une voie pour faire taire ses démons. Elle souhaite laisser partir hors d’elle les images de son ami Franck mort sous ses yeux avant qu’elle entreprenne ce voyage. Elle décrit des sensations intimes de la lutte, tout au long du récit, avec « la lumière ambrée et contre la boule de tourbe au fond de la gorge ». Les personnages, cabossés par la vie, conservent ensemble une force impressionnante, gardent l'espoir au cœur et l’élan des bonheurs d'amour.

    J’ai aimé la poésie du texte, rarement un récit n’aura si bien intégré l’homme dans un tout rassemblant l’eau, la terre, les animaux, les arbres… Cela va loin parfois dans un style qui prend des risques avec la norme permettant alors de questionner, de bousculer, de créer…

    La nature est un mystère à percer. La démarche est spirituelle, avec une intériorité, une prise de conscience de la souffrance animale, le besoin de réconcilier ce lien qui a été coupé ! L’autrice force le trait, utilisant une écriture envoûtante. La rivière Babine est comme un monstre, voire un dieu païen dangereux. On entre avec la narratrice dans une démarche quasi chamanique, modifiant l’état de conscience.

    C’est un très beau roman. Il a du souffle, on sent la jeunesse, l’exaltation, la générosité  de Lune Vuillemin (quel prénom approprié !). A-t-elle puisé dans la mythologie autochtone canadienne pour écrire son roman ? Ni soumission à un dieu, au séculaire religieux mais retour à l’incroyable foisonnement de la vie sur terre.

    Lune Vuillemin capte le paysage des grands espaces glacés de la forêt canadienne et d’ espaces intérieurs dévastés. Elle possède un talent incroyable pour rendre vivant l’environnement de ces forêts glacées qu’elle connaît, elle qui a suivi des études d’arts avant de partir deux ans au Canada, à proximité du monde sauvage et dans une expérience propice aux rencontres. Elle ne se cache pas derrière les mots. Ce talent et cette sincérité méritent d’être remarqués. Il s’agit de son deuxième roman après Quelque chose de la poussière (2019).

    A signaler, la très belle édition réalisée par La Contre Allée précisant que cet ouvrage a été composé en minion pro 10,5 pts sur un papier Clairefontaine bouffant 80 g. La superbe couverture est réalisée sur un papier de création, le Kingdom laid vergé 220 g. Ce soucis de la perfection ajoute au plaisir de lecture, la liseuse (pratique quelquefois) faisant un peu office de fast-food face à la haute gastronomie de la belle édition... Un tel objet participe à l’art de la littérature et a encore beaucoup d’avenir, je n’en doute pas !

    J’ai lu ce roman dans le cadre de ma participation au jury Orange du livre 2024. C’est un des 20 livres de la première sélection établie lors des échanges et votes du 26 mars. Sera-t-il dans la sélection des 5 finalistes le 13 mai prochain ? En attendant cette échéance, lisez-le,

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  • Je suis souvent plus attirée par une histoire que par un style, et pourtant cela a été l’inverse avec « Border la bête ».

    La narratrice, touchée par la mort d’un homme qui a été très important pour elle, voyage marquée par le deuil lorsqu’elle rencontre par hasard Jeff et Arden, qui tentent...
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    Je suis souvent plus attirée par une histoire que par un style, et pourtant cela a été l’inverse avec « Border la bête ».

    La narratrice, touchée par la mort d’un homme qui a été très important pour elle, voyage marquée par le deuil lorsqu’elle rencontre par hasard Jeff et Arden, qui tentent de sauver un orignal. Lui a un œil de verre, elle est une grande femme aux mains étranges. La jeune voyageuse décide de rester auprès d’eux, qui mènent une vie libre, au contact de la nature, et qui se consacrent aux animaux.

    Tous les trois ont un passé trouble et douloureux qu’ils tentent de conjurer. Au contact de la nature, qui peut être aussi belle que mortifère, mais aussi grâce à une histoire d’amour, la jeune femme tente de se reconstruire.

    L’écriture de Lune Vuillemin est magnifique. L’autrice a un réel talent pour créer une ambiance à la fois sauvage et enveloppante et pour ancrer cette histoire dans une tradition de nature writing. Il y a quelque chose de brut, de féral dans ce récit qui oscille entre beauté et souffrance, lumière et obscurité.

    La langue est travaillée sans qu’elle n’apparaisse pesante, elle est juste adaptée, dans sa sensualité, sa poésie et sa rugosité, à ce qui nous est raconté.

    Un très beau roman et une très belle surprise !

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  • Pour aimer ce livre il faut aimer la poésie un peu, la nature beaucoup. Il faut se laisser porter, s’imprégner de cette atmosphère à la frontière de l’étrange.

    Tout débute par la mort d’une orignale sur un lac gelé. La narratrice assiste au sauvetage. Elle observe Jeff et Arden, l’homme à...
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    Pour aimer ce livre il faut aimer la poésie un peu, la nature beaucoup. Il faut se laisser porter, s’imprégner de cette atmosphère à la frontière de l’étrange.

    Tout débute par la mort d’une orignale sur un lac gelé. La narratrice assiste au sauvetage. Elle observe Jeff et Arden, l’homme à l’œil de verre et la femme-araignée, à l’œuvre.
    Accueillie dans le refuge d’Arden, la jeune femme va transformer cette étape sur sa route en une véritable étape de vie. Les jours vont devenir des semaines. Elle va se lier à cette nature, apprendre son langage et se laisser envoûter par la forêt et sa rivière.

    Un roman poétique et sensoriel où les mots sonnent comme de l’ASMR. Chaque page sent la tourbe, l’écorce, la glace et l’animal. Ca craque, ça bruisse, ça souffle, ça crépite.
    Pas facile d’entrer dans l’histoire tant l’immersion est régie par les sens et non le sens. Il faut faire comme sur une rivière, se laisser porter. S’imprégner.
    Peu à peu, les personnages se révèlent avec pudeur. De leur histoire, on ne saisira que des bribes, annotées de ressentis et de sensations. Et pourtant, on aura l’impression d’effleurer leur âme.

    La plume de Lune Vuillemin m’a troublée, fascinée, touchée. Si ce roman peut dérouter de prime abord, il a fini par m’accrocher et m’embarquer.

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  • Un roman, dont on n’a pas beaucoup entendu parler, qui se passe dans la nature qui s’écoute, se respire et se ressent.
    Après la perte d’un être cher, et une fuite en avant, la narratrice se retrouve dans un refuge d’animaux sauvages aux côtés de Jeff et d’Arden. Elle va y passer plus de temps...
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    Un roman, dont on n’a pas beaucoup entendu parler, qui se passe dans la nature qui s’écoute, se respire et se ressent.
    Après la perte d’un être cher, et une fuite en avant, la narratrice se retrouve dans un refuge d’animaux sauvages aux côtés de Jeff et d’Arden. Elle va y passer plus de temps que prévu et s’attacher au lieu et aux êtres.
    Je me suis retrouvée en pleine nature. Lune Vuillemin sait décrire, avec un style poétique, les bruits de la Nature, les odeurs des animaux, des mousses, des minéraux. Et c’est là que réside toute l’essence de ce roman.
    Elle sait poser délicatement des mots sur les silences et donner vie à des éléments du paysage jusqu’à ce qu’ils deviennent des personnages à part entière, comme la rivière Babine. Le non-humain tient une place prépondérante dans ce texte.
    Elle sait nous faire vibrer pour ses personnages, pour le passé de la narratrice, pour ses deuils et sa résilience.
    Un texte d’une beauté inoubliable qui vous obligera à écouter le silence.

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  • « Tout me rappelle combien le sol sous nos pieds est fragile . »
    L’épiphanie du monde vivant. La Canopée littéraire, un lac gelé diapason de l’Ontario.
    « Quand le vent reprend son souffle, l’air se fige au-dessus du lac Petit. »
    « Border la bête », entrelacs où la nature est signifiante....
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    « Tout me rappelle combien le sol sous nos pieds est fragile . »
    L’épiphanie du monde vivant. La Canopée littéraire, un lac gelé diapason de l’Ontario.
    « Quand le vent reprend son souffle, l’air se fige au-dessus du lac Petit. »
    « Border la bête », entrelacs où la nature est signifiante. Sauvage et libre, elle laisse un passage à la narratrice qui va vivre un bouleversement intérieur.
    Ce livre de mousse et de lichen, d’arbres et d’empreintes d’animaux, est un lever de voile essentialiste.
    Le sceau d’un texte vivifiant sans le monde alentour. Celui de l’agitation, du consumérisme et de la rapidité.
    L’immersion dans une littérature au ralenti, d’essences et d’envoûtement à la limite de la réalité. Puisque la terre, le ciel, la poésie arpentent cet espace, pourvoient ensemble, aux méandres des intériorités humaines.
    Le refuge Alcazar, où la narratrice pressent l’utile et le salvateur, les spéculatives heures où le lac blanc, les animaux sauvages, l’hiver et son rideau d’amertume seront l’asile devenu.
    L’orignale qui ferme les yeux, l’impossibilité d’une résurgence, marque le destin de cette jeune femme blessée elle aussi en elle.
    Elle est ici, dans ce refuge. Avec Arden, la femme aux mains d’araignée. Jeff, un être discret, dont la seule beauté est à l’intérieur de lui. Son aura humble, attire les rais de lumière. Trois, lianes, gémellaires, fusionnels, dans cette théologale approche du monde animal, loin de toutes terres habitées.
    « Je suis la trace d’un renard sur le sol blanc. Tout autour les touffes d’herbes et leur couleur de miel sombre qui se reflètent dans la glace, floutent ce territoire que j’arpente et découvre. L’absence de Frank vient habiter les espaces que nous n’avons jamais arpenté ensemble. »
    « … C’est le cœur de Frank qui passe son tour c’est un dictionnaire qui cherche le mot pour décrire une orpheline avec des parents encore vivants. »
    L’écriture est une voix. Tout semble alliance. Les meurtrissures comme des branches qui craquent par grand froid. Arden, dont son frère était le bourreau. Les mains aplaties, devenues araignées et pour cause. « Le rire d’Arden part au galop comme un coyote en fuite. » Résistance. On ressent la vie en veille, qui, subrepticement s’élève au rythme pavlovien des jours. Dans cette lisière où les conjugaisons ne s’apprennent qu’avec endurance, foi, et cette majestueuse complicité avec les inlassables silences. « On aurait dû appeler le printemps l’éveil. » L’apothéose des sentiments, Arden et la narratrice, l’osmose des complaintes et des berceuses végétales. On aime le dictionnaire, celui qui rassemble l’épars. Recueillir les sons, les empreintes, l’innommable, les traces comme des signes. Les paraboles à l’instar des murmures sylvestres. La mémoire du vivant, laisser le message au creux des pages. Les paysages, les bruissements, les senteurs, les non-sons, comme un abri dans un sous-bois empreint de fluide magnétique.
    « Border la bête ». Tout, ici, est relié à l’âme humaine. L’altruisme, l’acuité, la quête du sens. L’apogée d’essences et de renaissance. La narratrice, larmes de neige et de solitude. Arden, l’amoureuse du présent, dans cette immense simplicité des gestuelles innées. Ne jamais confondre la nuit d’antan et ce jour boréal. Jeff et ses miraculeuses tendresses. L’herbier, l’initiation, la collecte des philosophies, macrocosme du vivant. Laisser partir les effluves des souffrances, les rêves écorchés. Faire de l’herbier, la clairière et l’habitacle. Le perpétuel pour le lendemain de ceux qui viendront bouger l’aiguille du temps, aux bordures du refuge. « Colmater les interstices . » « A-t-elle dansé avec la langue maternelle, les diphtongues et les accents de la langue des prairies ? A-t-elle offert aux coyotes l’odeur du maïs et le chant des moissonneuses ? » « Je crois que j’aime pour la première fois . »
    La Babine, cette rivière, l’avaleuse, parabole d’Arden, « Je rêve encore de la femme-bois-flotté. » L’édénique trame, l’altérité réenchantée. 
    « Border la bête », magistrale couverture de survie. Un texte de renom qui ne sait pas encore combien les mots ont de valeur, dans nos forêts intimes. Juste né et déjà si vaste !
    Lune Vuillemin, emblème des majestueuses prononciations initiatiques. Le deuxième roman après « Quelque chose de la poussière » (éditions du Chemin de fer), prouve une nouvelle fois, une capacité d’écriture digne d’un génie évident. Vénérable, la frondaison littéraire. « Celle qui vous mène au refuge . »
    À noter, une couverture délicate et expressive, illustrée par Renaud Buénerd, « véritable invitation à aller voir ce qui se passe par delà la colline. »
    Publié par les majeures éditions La Contre Allée.

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  • Le combat pour toutes les vies

    Dans ce roman de Nature writing, Lune Vuillemin raconte la rencontre de la narratrice avec Arden et Jeff, une femme et un homme qui se battent pour sauver les animaux et leur milieu. Un combat qu'elle va partager, car il devient pour elle une planche de...
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    Le combat pour toutes les vies

    Dans ce roman de Nature writing, Lune Vuillemin raconte la rencontre de la narratrice avec Arden et Jeff, une femme et un homme qui se battent pour sauver les animaux et leur milieu. Un combat qu'elle va partager, car il devient pour elle une planche de salut.

    Au sortir de l'hiver, la narratrice décide prendre la route et d'affronter une nature encore hostile. Un voyage ressenti comme une nécessité, après la mort de l'homme à qui elle devait tout et qui travaillait à ses côtés dans une brasserie. Chemin faisant, elle croise deux personnes qui s'affairent autour d'une orignale prise dans la glace et qui vont réussir à la sortir de ce mauvais pas. Elle va alors se joindre à Arden et Jeff qui lui propose de l'embaucher dans sa ferme. Au fil des jours, elle apprend à mieux le connaître et va lui confier son histoire. Quand Jeff lui demande d'où elle vient, elle lâche: «J'aurais pu te dire que je venais de voir un homme mourir, que je n'avais pas dormi depuis deux jours parce que je faisais du stop pour me rapprocher de la côte et que je voulais voir l'océan parce que j'avais l'impression qu’il me soignerait de la mort. Peut-être que j'aurais dû te répondre Je viens d'un endroit où l'on brasse du houblon dans de l'eau, un endroit imprégné d'eau qui sent parfois l'amer, le clou de girofle et les produits d'entretien. Je travaillais pour un homme que j'aimais comme un père et qui est mort tôt un matin pendant que je dansais dans la pièce d'à côté en écoutant The Clash. J'ai ses cendres dans mon sac, chez Arden. Je ne sais pas quoi en faire, je me suis dit que l'océan ça lui plairait. Mais en fait je ne sais pas trop.»
    Une confidence en entraînant une autre, Jeff va lui raconter comment il a rencontré Arden et combien elle a souffert, victime d'un frère-bourreau.
    En parcourant la contrée, en cherchant à sauver des castors ou un renard, les deux femmes vont se rapprocher, se reconnaître, s'aimer. «Faire l'amour avec elle, c'est comme grimper un séquoia géant à mains nues, une fois arrivé à la cime on regarde en bas avec le vertige, surtout ne pas tomber mais surtout ne pas redescendre non plus, lâcher le cœur qui sursaute comme un animal.»
    Mais est-il besoin de rappeler que les histoires d'amour finissent mal? Lune Vuillemin va en apporter une nouvelle preuve avec une écriture pleine de sensualité et de poésie. En situant la rencontre entre la narratrice et Jeff et Arden au début du printemps, elle fait communier la fin de la période de deuil et le renouveau de la nature, elle fait renaître l'espoir, sans pour autant masquer les périls qui la menace.
    Ajoutant une dimension onirique à sa quête, elle réussit un roman qui s'ouvre aux grands espaces.
    On pense bien sûr à Thoreau et à ses disciples américains, mais aussi aux francophones Sylvain Tesson et sa Panthère des neiges ou encore à André Bucher avec La Montagne de la dernière chance. Deux noms auxquels il conviendra désormais d'ajouter celui de Lune Vuillemin.
    NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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