Avec "Harvey", l'autrice américaine raconte un lent et vertigineux naufrage intérieur
Avec "Harvey", l'autrice américaine raconte un lent et vertigineux naufrage intérieur
La revue de presse livres vous dit tout ce qu’il faut savoir — et emporter — avant l’été !
Alex, jeune femme de 22 ans erre de maison en maison à la recherche d’une âme bienveillante qui voudra bien lui fournir le gîte et le couvert et même un peu plus ! Elle semble fuir un passé, dans lequel , kleptomanie, drogue et drague semblent être des standards de comportement qui l’accompagnent. On suit avec sympathie et surprise ses pérégrinations et les quelques indices qu’elle sème comme les cailloux du petit poucet pour retrouver son chemin, mais lequel ?
C'est avec soulagement qu'Alex a quitté New York pour Long Island abandonnant ses petits boulots épisodiques d'escorte et les dettes accumulées dont un certain Dom ne manque pas de lui rappeler l'existence en la harcelant au téléphone.
Arrivée dans l'île, repaire de méga-riches qui pratiquent l'entre-soi, Alex vit chez Simon, un quinquagénaire portant encore beau. Leur arrangement tacite consiste, pour elle à profiter de la magnifique propriété de son hôte agrémentée d'une piscine, de la proximité de l'océan et du stock d'antalgiques dans lequel elle puise allégrement, pour lui de jouir d'une jeune fille plutôt jolie et peu pudibonde.
Après un dérapage, Simon congédie sa compagne avec une morgue si caractéristique de sa condition.
Il est impossible pour celle-ci de retourner en ville. Elle se fixe alors un objectif : patienter jusqu'à la fête pour le Labor Day que Simon doit organiser dans une semaine. À cette occasion, elle prévoit de faire son retour et de se faire pardonner par son amant. Le compte à rebours peut commencer.
En attendant, elle doit trouver un toit et tous les moyens sont bons pour y parvenir...
Kleptomane, mythomane, manipulatrice, duplice, dénuée de sentiments, Alex n'est pas un personnage très sympathique mais elle incarne à merveille l'archétype de la fille pauvre, paresseuse et un peu paumée dotée d'un culot et d'un instinct de survie à toute épreuve.
En tirant avantage des riches, cette parasite qui n'hésite pas à s'incruster quelles que soient les humiliations qui ne semblent pas l'atteindre ne fait que reproduire, en l'inversant, le schéma d'exploitation de ceux qui n'ont pas de capital par les nantis.
Les amateurs de récits d'aventure seront forcément déçus par « L'Invitée », roman qui vaut surtout pour l'atmosphère nébuleuse, menaçante et toxique qu'il instille ainsi que pour le sentiment de désolation qu'il dégage.
Ce livre, qui confirme le talent de l'autrice de « The Girls », a tout pour être adapté au cinéma avec Sofia Coppola derrière la caméra.
EXTRAITS
Ce jeu qui consistait à convaincre les gens de la valeur d'une chose – à cet égard, Simon et elle n'étaient pas si différents.
Comme elle avait été idiote de penser qu'elle pouvait se détendre.
Alex représentait une sorte de meuble social inerte.
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-linvitee-emma-cline-la-table-ronde/
Alex n’est pas sereine. Les textos qu’elle reçoit l’agacent plus qu’ils ne l’étonnent. Cela fait longtemps qu’elle fuit devant les erreurs qu’elles a commises. Si on y ajoute une addiction qui la conduit à visiter systématiquement les salles de bain des maisons qu’elle fréquente, et le manque d’argent, qui la transforme en kleptomane, on a une idée de l’errance de la jeune fille.
C’est une partie de cet itinéraire fait de rencontre de hasard et facilité par les attraits de sa jeunesse que l’on va découvrir en sa compagnie.
Avec l’art de se mettre dans des galères qui malgré ses talents de mythomane la mettent en danger imminent, le voyage est angoissant : même si le décor mondain met un voile pudique sur les actes, il y est quand même question de drogue et de prostitution. Malgré tout certaines rencontres sont l’occasion de beaux moments de partage.
Personnage attachant, autant par sa force que par ses fragilités, Alex m’a emportée avec elle dans sa dérive, ce qui pourrait donner l’impression d’une narration plate finit par une ambiance de thriller !
Une belle découverte.
320 pages La table ronde 18 mai 2023
Traduction Jean Esch
Mi-escorte girl, mi-aventurière, Alex a 22 ans.
Elle vient de se faire larguer par son dernier amant en date et squatte où elle peut, de préférence dans de riches demeures où elle s'incruste sans états d'âme.
Elle est paumée cette fille, et on ne peut que compatir à ses déboires.
Mais elle n'inspire pas vraiment la sympathie non plus.
Une drôle de fille !
C'est bien écrit, mais c'est carrément un peu trop long.
C'est une bonne analyse des milieux aisés américains.
Mais surtout, cette fin qui n'en est pas une est décevante.
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