Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
L'armée du Salut aux éditions du Seuil est un récit autobiographique intime en trois parties. L'enfance, à Salé avec ses parents à l'histoire d'amour complexe, ses frères et ses soeurs. L'adolescence au Maroc, les premiers émois, les premières émotions, et l'augmentation du désir pour son frère ainé qui devient un modèle. Sa vie de jeune adulte, son arrivée en Europe rempli d'espoirs et de rêves afin d'intégrer l'université de Genève pour poursuivre ses études de Lettres. Cette arrivée commence à l'Armée du Salut. Dans les pissotières Suisses, il découvre ces hommes qui se matent, se désirent, se touchent…
Ce livre m'a beaucoup touché et bouleversé. Il permet de comprendre certains éléments des récits plus récents. L'écriture est franche, délicate, touchante, pudique. de nombreuses questions se posent. L'une d'entre elles transpercent cet ouvrage : Que signifie être libre ?
Coup de coeur pour ce livre émouvant et poétique , une fiction écrite à partir d'éléments biographiques . Malika est la voix de la mère de l'auteur, Ahmed le fils homosexuel de Malika est le double de l'auteur.L'image plurielle de la mère et l'homosexualité dans sa diversité charpentent le texte.
le récit étrange, souvent déconcertant, mêle réel,rêve, sorcellerie, délire, bien et mal ;il déroule des fragments de la vie de Malika , marocaine,à trois moments de sa vie. Personnage complexe, capable d'une émancipation qui force l'admiration ,Malika devenue mère se révèle féroce, étouffante, impitoyable. Poursuit-elle un besoin de revanche depuis que la guerre d'Indochine lui a enlevé son premier mari Allal ? Ou lui est-il impossible d'échapper au carcan des coutumes et des valeurs de la société marocaine?Le poids de la colonisation traverse le récit à travers par exemple le personnage de Monique qui interroge sur la légitimité de se revendiquer d'un pays.
Le livre dit aussi la situation de la jeunesse au Maroc, la misère des homosexuels dans la société et les prisons.
Et le début du récit?
Malika raconte sa rencontre au souk avec Allal , un jeune homme pauvre.Elle sait qu'Allal et Merzougue s'aiment mais Malika est amoureuse et accepte cette situation. le mariage met fin à la maltraitance exercée sur Malika par la seconde épouse de son père .Elle évoque les souvenirs heureux aux chutes d'Ouzoud.Mais Allal veut gagner de l'argent pour ses parents et pour lui,pour une vie meilleure. Allal décide donc de s'engager au côté de la France dans la guerre d'Indochine d'où il rapportera une solde conséquente.Mais Allal se fait tuer en Indochine et Malika est veuve à 20 ans.
On retrouve Malika une vingtaine d'années plus tard à Rabat, mariée à Mohammed,mère de nombreux enfants.Malika a des rêves pour sa fille de 16 ans Khadija mais Monique une bourgeoise française veut en faire sa domestique avec l'assentiment de Mohammed.Malika tente tout pour convaincre Monique de renoncer à ce projet.
La dernière partie déroule la confrontation violente entre Jaafar, un homosexuel fraîchement libéré de prison et Malika maintenant sexagénaire et veuve.Malika n'a pas protégé son fils Ahmed ...
Vivre à ta lumière - Abdellah Taïa
L’auteur a souhaité à partir de la fragilité de Malika développer les trois grandes parties d’une histoire qui se passe au Maroc de 1954 à 1999.
Son premier mari Allal est envoyé par les Français combattre en Indochine et y est mort.
A Rabat avec son second mari et ses sept enfants, elle se bat pour empêcher sa fille Khadija de devenir la bonne de Monique, riche française. Or, elle ignore que Monique est d’origine marocaine et qu’elle partage une part de son histoire.
Enfin, vers la fin de sa vie, un jeune voleur homosexuel, Jaâfar, voudra la tuer.
L’auteur place la femme au centre d’une culture marocaine et rétrograde l’homme comme pour conjurer le malheur d’une femme qui doit toujours se taire. Mais le coup de force du roman réside dans le lien conté sur l’homosexualité.
Ecrit avec sérénité dans une douleur sourde, le calme respire le récit. Un roman qui se lit d’une traite et qui tient bien en main. Une douceur dans les phrases nous invite à parcourir des lignes récitées d’un chagrin de femme où la résilience musulmane se confond dans un quotidien bouleversant.
« Personne ne viendra, maman.
Tu le sais, maman. C’est trop tard. Ou bien trop tôt. Ils ne viennent plus ici, les hommes. Tu le sais. Tu le sais. N’est-ce pas que tu le sais ? N’insiste pas. Je ne veux plus. Je ne veux plus de ce rituel ».
Jallal veille sur sa mère, prostituée marocaine. Il ne la juge pas, l’entoure de son amour, la protège, ils forment une entité d’amour silencieuse où chacun est enfermé. Abdellah Taïa fait alterner les chapitres de la mère et du fils pour mieux le souligner.
Attention, à la base, Slima n’est pas une prostituée. Elle est Introductrice, comme sa mère adoptive avant elle. Elle est présente au soir de la noce pour aider les époux. « Tu feras du bien ma fille. Ils te donneront de l’argent et te souriront, et, dès que tu seras partie, ils te maudiront ». Oui, mais voilà, ce métier n’existe plus alors, elle est une simple prostituée.
Un peu de bonheur arrive par le soldat déserteur qui, à chaque visite apporte son soleil, avec, entre autre, Marilyn Monroe et sa chanson, La rivière sans retour. Cette relation vaudra des années d’emprisonnement à Slima avec tous les sévices qu’un tortionnaire peut faire à une prostituée.
Jallal, dans sa chambre, devant la télé, écoute les bruits dans la chambre de sa mère, mais pour lui, ce n’est pas sale, c’est le métier de sa mère. « Je suis devant la télévision. Je dévore les images de ce film. Ma mère Slima travaille. Je l’entends dans la chambre d’à côté. »
La mère et le fils sont côte-à-côte, mais sont-ils ensemble, traversés par leurs solitudes, leurs silences ?
« J’ai l’âge d’homme. Je sais parler. Négocier. Trafiquer. Les embobiner. Les charmer. Détourner leur attention. Les voler. Les sucer, peut-être. Leur donner mon derrière parfois s’il le faut. Cacher ma pureté, mon Dieu. Taire notre lien secret. Qui tu es. Qui je suis. Notre chemin dans l’ombre. Notre projet. Le voyage nocturne. » Quelle phrase dure sortie de la bouche d’un gamin de dix ans
Le livre est scindée en quatre chapitres principaux qui permet de suivre le chemin de la mère et du fils ; chemin qui les mène à un islam différent. Elle découvre la paix, pratique l’ascèse, jusqu’à en perdre la vie à La Mecque et le fils, pour l’amour d’un garçon radicalisé, va vers l’impensable.
Un livre transgressif, fort, est un cri muet, fort à s’en boucher les oreilles. La mère et le fils ont une vie semée de violences. Leur parcours est bien une rivière sans retour où se jettent la méchanceté des hommes. Abdellah Taïa parle de la condition des femmes au Maroc, la prostitution, la religion musulmane et de la vie au Maroc. J’ai aimé l’écriture à la fois crue et poétique de l’auteur.
Une belle découverte.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
Avec la collection "La BD en classe", le Syndicat national de l’édition propose des supports pédagogiques autour de thématiques précises
Découvrez les auteurs, autrices et libraires qui accompagneront le président du jury Jean-Christophe Rufin !
Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société