Rendez-vous le mercredi 16 octobre à 19h sur le site « Un endroit où aller »
.Il y a un petit côté fable dans cette histoire entre deux personnages que tout sépare. Ils me rappellent le rat des villes et le rat des champs, chacun profitant de sa vie
« - C’est quoi pour toi une belle salade ?
- Tu sais bien ce que c’est. C’est quand elle est pommée, blanche au cœur, tendre. Bonne à manger, quoi.
- Eh bien, mon dessin c’est pareil ! »
Leur vie est diamétralement opposée, l’un est un citadin cultivé et artiste, l’autre un cheminot qui a quitté l’école très tôt, et a les deux pieds sur la terre qu’il cultive. L’un est un dilettante, l’autre un travailleur. Pourtant, en vertu de leur ancienne complicité du temps de l’école primaire, ils renouent une amitié faite de curiosité, de respect et de générosité. Le jardinier cultive le potager du citadin qui vient passer ses vacances à la campagne et l’équilibre est trouvé.
On ne sait pas grand-chose de l’un et de l’autre et l’histoire, entièrement dialoguée, va nous les faire connaitre à travers leurs échanges pudiques, curieux, sensibles et d’une grande tolérance.
Il y a beaucoup de simplicité et de sincérité dans ces va-et-vient qui nous font entrer dans la vie de chacun des protagonistes. La grande complicité qui les lie gomme les différences sociales. Ainsi l’un parle de sa peinture tandis que l’autre raconte sa vie toute simple avec candeur.
« La glace, c’est quand on veut faire le beau, quand on veut s’arrêter de travailler. Pour travailler, on n’a pas besoin de se regarder. A la campagne, c’était riche d’avoir une armoire à glace On la mettait dans la chambre des parents. »
C’est à la fois drôle et t’attendrissant et c’est un bon moment de lecture.
Un dialogue qui voit la déchéance progressive liée au cours de la vie.
J'ai lu ce livre bien avant le film grâce à une lecture publique majestueuse de Jacques GAMBLIN.
Ce dialogue est émouvant, poétique.
Un moment hors du temps.
Le narrateur revient sur sa jeunesse corrézienne au moment de la guerre. Trop jeune pour y participer en héros, assez grand pour la suivre, l'observer. Il nous fait partager sa vision des protagonistes, du conflit, des adultes, des allemands, des communistes, des juifs... Comme dans de nombreuses familles, le conflit révèle les différences : Pétain, le Communisme, les réfugiés espagnols, que de divisions, de points de vue et d'engagements ! Mais le ton reste jeune, joueur, d'humeur agréable, et nous partageons les préoccupations d'un ado en temps de guerre qui continue de vivre malgré tout ! Et surtout, le jeune (et le vieil !) homme n'a rien perdu de son humanité : rejet des vengeances aveugles et de la haine, des jugements définitifs, détestation de la guerre et des guerres. Une chronique plaisante qui oscille entre larmes et sourires.
Pour moi, le postulat de départ était une chronique des années de guerre comme je viens de l'écrire plus haut. Or, là, je me trouve essentiellement dans une chronique d'un vieil homme se souvenant avec une grande nostalgie de la découverte de son corps et de celui des filles changeants à l'adolescence. Rien de particulièrement choquant, certes, mais un peu répétitif et une espèce de libidinerie permanente, compréhensible à cet âge-là mais un tantinet agaçante pour le lecteur quarantenaire que je suis. Peut-être suis-je traumatisé par ma propre adolescence, Freud pourrait sans doute nous en dire plus, mais j'ai perdu son numéro pour la consultation ? Peut-être suis-je devenu cul-pincé avec l'âge (je ne vous cache pas que cette option n'a pas ma faveur) ? Ou peut-être ne suis-je pas adepte de ceux qui ne parlent que de "ça" (ouh la Yves, ce diminutif entre guillemets est bien la preuve de ton cul-pincé !), tout simplement ?
Et puis, et puis, il y a la formidable idée qu'a eue l'auteur d'écrire en en-tête de ses chapitres, des textes, plus ou moins longs sur sa vie actuelle, sur ses amis, ses petits-enfants, ses voisins, la vie de son village et parfois des souvenirs de cette guerre. Alors là, je dis bravo. Je dis même mieux, je dis qu'il eût mieux valu mettre ces textes en valeur pour l'accroche du bouquin, parce qu'ils sont excellents, comme de toutes petites nouvelles à suivre ou pas. Une écriture simple, directe, poétique parfois. En fait, pour moi, ils sauvent le bouquin d'un ennui menaçant. Pour être moins négatif (que voulez-vous, je suis un éternel optimiste, on ne se refait pas), je dirais même que ce sont ces passages et l'écriture générale de Henri Cueco qui sauvent ce roman. Ses phrases sont triturées, très ponctuées, elles alternent du vocabulaire simple, parfois un peu plus élaboré, voire inventé, des néologismes quoi avec des mots grossiers, des "gros mots" comme on disait, petits.
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