Dans la tête d'une femme trahie...
« Je m'appelle Orane de Lavallière, j'ai 58 ans. J'ai sacrifié tous mes diplômes pour me dévouer à ma famille et à la réussite de mon mari, Xavier. Ma mission de mère au foyer accomplie, ce salopard m'a quittée pour une jeunette. Une histoire banale. Il m'a prise pour une conne, et il n'avait pas tort. Endormie par mon confort de vie et aveuglée par mes certitudes de petite bourgeoise naïve et coincée, je n'ai rien vu venir. Xavier m'a détruite. Je me suis relevée. Pourtant son souvenir m'obsède, son existence me ronge. Je me sens impuissante. À moins que... » Grand Prix du Polar 2023 de Forges-Les-Eaux, Prenez-moi pour une conne... est un roman qui brise les codes du genre. Avec un humour corrosif et une plume acérée, Guillaume Clicquot se glisse dans la peau d'une femme meurtrie qui découvre peu à peu que l'image qu'elle renvoie d'elle-même est un atout fabuleux pour éliminer son mari.
Scénariste original des films « Papa ou maman » et « Joyeuse retraite », véritables succès au box-office, Guillaume Clicquot fait de de cette histoire machiavélique, un récit jubilatoire.
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"Le fantasme criminel était-il le remède aux frustrations des femmes, une méthode pour exorciser ses aigreurs, un moyen virtuel de passer à l'acte et d'apaiser son âme ?" (p.101). Voici une belle phrase, bien masculine, pour parler de la douleur d'être trahie par son conjoint. Mais qui a dit que les femmes ne s'en tenaient qu'aux fantasmes : la réalité, bien évidemment. Et pourtant, que ce passerait-il si elles passaient à l'acte ? Tout l'enjeu du livre est là et c'est à la fois drôle et acide.
Il y a aussi une réflexion sur le couple, pourquoi on reste, qu'est-ce qui nous anime, et sur la société en général mais avec l'air de ne pas y toucher. C'est aussi beaucoup de solitude finalement et la satyre sur les enfants d'Orane et de Xavier est jouissive.
En parallèle, c'est un polar où on espère bien savoir comment commettre un meurtre parfait même si parfois on se surprend à chercher une faille (p.300 peut-être).
Mais on suit surtout le parcours d'Orane, la femme parfaite sur tous les points mais qui ne sert plus une fois les enfants élevés. Je retrouve les mêmes propos que dans le livre "Sarah, Suzanne et l'écrivain" où l'auteur fait dire à Sarah : "Mon devoir est terminée, les enfants sont élevés avec brio alors dehors maman, dehors l'épouse, pas un merci. Limogée sans le moindre égard".
Guillaume Clicquot va dans le même sens avec Orane par l'intermédiaire d'une psy-amie :"Vous me disiez vous sentir comme son employée. [...]. Vous savez, dans ma carrière [de psy], j'ai souvent soigné des personnes virées de leur boîte après des années de bons et loyaux services. Toutes ont reçu des courriers comme le vôtre, brutalement, sans entretien préalable. Officiellement ce ne sont pas des lettres de licenciement, mais des messages soi-disant amicaux pour prévenir de la mise en place de la procédure. [...] user de la surprise pour paralyser la cible. Pour la forme, c'est identique aussi à la vôtre : tout est présenté comme un cas de force majeure où le patron se désole de ne pouvoir faire autrement. Fausse humilité de bourreau, flagorneries pour la victime, la sournoiserie consiste à ce que la responsabilité de la rupture soit endossée par celui qui la reçoit" (p. 156). C'est d'ailleurs une très belle description de la méthode de psychologisation (qui détruit l'autre en lui faisant croire que tout est de sa faute et que l'organisation n'a pas de choix).
L'écriture est fluide, précise, les expressions sont vives, imagées sans aucune lourdeur. c'est mordant, c'est triste, c'est drôle, c'est satyrique, c'est actuel et c'est... non conventionnel !
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"Il faut beaucoup de patiente, d'abnégation et d'intelligence pour passer pour une conne" (p. 104)
"Pour séduire les hommes, il faut du mystère et, avec toutes ces publicités de produits pour fuites urinaires, les bouffées de chaleur, les mycoses,les sécheresses vaginales et la constipation, il n'y a plus rien de glamour chez la femme de plus de 50 ans" (p.119)
Tout d'abord je remercie les éditions Fayard et le site Netgalley pour m'avoir permis de lire ce roman.
Premier point : c'est un énorme coup de cœur. Ce roman est écrit à la première personne où Orane s'adresse à son mari. On multiplie les retours dans le passé pour mieux comprendre. Orane a été pris pour une conne par son mari qui n'a pas hésité à la plaquer une fois tous leurs enfants mariés. Que faire alors? Vivre? Mourir? Se venger? Continuer de passer pour une conne. Ce roman est vraiment jubilatoire. Je ne peux que le conseiller!
Je suis moi aussi mère au foyer après avoir fait des études d'Histoire. Je me suis sentie très proche d'Orane. C'est rare que je trouve une telle alchimie avec un personnage. Même si, contrairement à elle, tout le monde connait ma passion pour les thrillers, romans d'horreur et séries policière. Je me suis totalement pris au jeu de cette histoire que j'ai commencé en attendant d'aller au cinéma. Je n'avais presque plus envie de voir le film. Je voulais continuer à lire. Cela faisait longtemps que je ne n'avais pas eu une telle addiction pour un roman. Et pourtant dès le début nous savons ce qui se passe. On est comme dans un épisode de Columbo. On sait tout mais on veut savoir si elle va se faire prendre.
Je ne connaissais pas cet auteur mais je suis vraiment curieuse de découvrir ses autres romans. Ils ont été adapté au cinéma et j'espère qu'il en sera de même pour celui ci.
Pour conclure,
J'ai lu ce roman presque d'une traite. Je l'ai adoré. C'est un réel coup de cœur. Je ne peux que vous dire de foncer le lire!
http://l-entre-deux-mondes.e-monsite.com/pages/dark-fantasy/prenez-moi-pour-une-conne.html
Orane de Lavallière, 58 ans, mariée depuis 33 ans à Xavier, a tout sacrifié à son mari et sa famille. le jour du mariage de leur fille, la plus jeune de leurs trois enfants, Xavier quitte Orane en lui laissant une lettre pathétique de lâcheté et rejoint sa maîtresse, 23 ans plus jeune. Après une période d'hyperactivité, Orane s'effondre et fait une dépression dont elle se remet en décidant de supprimer son salopard de mari. Va-t-elle passer à l'acte? Comment? Va-t-elle être accusée?
J'ai été attirée par le titre surprenant et assez improbable. "Prenez-moi pour une conne" est assez vulgaire mais surtout c'est une injonction inhabituelle; en général, la majorité d'entre nous ne veut surtout pas être pris pour un(e) con(ne). On comprend ce titre au fil des pages lorsque Orane se sert de l'image qu'elle renvoie de nunuche, naïve, conne comme d'une arme très efficace.
Ce roman a pour thème central la trahison et comment on peut guérir cette blessure profonde. le remède choisi est un tantinet extrême mais semble efficace du moins pour Orane. L'auteur décrit bien les phases successives face à la trahison : la sidération, la tentative d'oubli en ne laissant aucune minute aux pensées noires, l'effondrement et la reconstruction ainsi que le maelstrom de sentiments qui agite la personne trahie : la douleur, la honte d'avoir été trompée, l'abattement, la colère, l'injustice, l'envie de vengeance...
Ce roman est un polar très original: il est construit un peu comme un Columbo; on connaît le coupable et la façon dont il a tué et on suit l'enquête du célèbre inspecteur à l'imperméable informe qui va dénicher le détail qui trahit le meurtrier. La police française va-t-elle faire aussi bien? Là réside tout le suspense du livre et il est parfaitement entretenu.
Ce livre est jubilatoire et devrait plaire à toutes les femmes trahies !!! Attention, messieurs, en toute femme trahie, trompée, jetée comme un rebut, peut sommeiller une meurtrière potentielle.
Ce roman a reçu le Grand Prix du Polar 2023 de Forges-les-Eaux.
#Prenezmoipouruneconne #NetGalleyFrance
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